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Horace, Odes I 4 | C’est maintenant, c’est le moment
lundi 23 avril 2012, par
L'âpre hiver s'alanguit dans la grâce retrouvée du printemps et du Favonius
Des machines tirent au sec les carènes des bateaux
Le bétail ne se plaît plus dans les étables, ni le laboureur au coin du feu
Les prés ne blanchissent plus du givre scintillant
Voici la Cythéréenne, Vénus mène la ronde des chœurs sous la lune suspendue
Et les Grâces avec les Nymphes réunies pudiquement
Frappent la terre et d'un pied et de l'autre, pendant que chez les Cyclopes
Vulcain l'ardent embrase le feu des forges géantes
C'est maintenant c'est le moment d'enserrer sa tête brillante du myrte vert
Ou des fleurs que poussent les terres à délivrance
C'est maintenant c'est le moment d'immoler à Faunus dans un bosquet ombreux
S'il le veut une agnelle, s'il préfère un chevreau
La pâle mort frappe et frappe danse d'un même pied dans la masure des gueux
Et dans le château des rois, ô bienheureux Sestius
La somme brève de la vie nous interdit de mettre longue durée à nos espoirs
Voici la nuit déjà sur toi et les Manes fabuleuses
Le lieu de Pluton monde sans corps quand tu seras passé que tu seras là-bas
Tu ne joueras plus aux dés à qui est le roi du vin
Tu ne verras plus émerveillé le tendre Lycidas pour qui brûlent aujourd'hui
Les garçons, et bientôt s'enfièvreront les vierges
Lecture avec le texte latin
L’âpre hiver s’alanguit dans la grâce retrouvée du printemps et du Favonius
Soluitur acris hiems grata uice ueris et Fauoni
Des machines tirent au sec les carènes des bateaux
trahuntque siccas machinæ carinas
Le bétail ne se plaît plus dans les étables, ni le laboureur au coin du feu
ac neque iam stabulis gaudet pecus aut arator igni
Les prés ne blanchissent plus du givre scintillant
nec prata canis albicant puinis.
Voici la Cythéréenne, Vénus mène la ronde des chœurs sous la lune suspendue
Iam Cytherea choros ducit Venus imminente luna
Et les Grâces avec les Nymphes réunies pudiquement
iunctæ Nymphis Gratiæ decentes
Frappent la terre et d’un pied et de l’autre, pendant que chez les Cyclopes
alterno terram quatiunt pede, dum grauis Cyclopum
Vulcain l’ardent embrase le feu des forges géantes
Volcanus ardens urit officinas.
C’est maintenant c’est le moment d’enserrer sa tête brillante du myrte vert
Nunc decet aut uiridi nitidum caput impedire myrto
Ou des fleurs que poussent les terres à délivrance
aut flore terræ quem ferunt solutæ.
C’est maintenant c’est le moment d’immoler à Faunus dans un bosquet ombreux
Nunc et in umbrosis Fauno decet immolare lucis
S’il le veut une agnelle, s’il préfère un chevreau
seu poscat agna siue malit hædo.
La pâle mort frappe et frappe danse d’un même pied dans la masure des gueux
Pallida mors æquo pulsat pede pauperum tabernas
Et dans le château des rois, ô bienheureux Sestius
regumque turris, o beate Sesti
La somme brève de la vie nous interdit de mettre longue durée à nos espoirs
uitæ summa breuis spem nos uetat inchoare longam.
Voici la nuit déjà sur toi et les Manes fabuleuses
Iam te premet nox fabulæque Manes
Le lieu de Pluton monde sans corps quand tu seras passé que tu seras là-bas
et domus exilis Plutonia, quo simul mearis
Tu ne joueras plus aux dés à qui est le roi du vin
nec regna uini sortiere talis
Tu ne verras plus émerveillé le tendre Lycidas pour qui brûlent aujourd’hui
nec tenerum Lycidam mirabere quo calet iuuentus
Les garçons, et bientôt s’enfièvreront les vierges
nunc omnis et mox uirgines tepebunt.
Le poème latin est le seul exemple du recueil des odes en distiques composés d’un archiloquien et d’un sénaire iambique catalectique. La traduction utilise une alternance de deux vers dont le nombre de caractères espaces comprises est fixe (75 et 50).