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Horace, Odes III 1 | Odieux m’est le profane vulgaire
vendredi 12 avril 2013, par
odieux m’est le profane vulgaire et je l’écarte
recueillez-vous je chante des chants auparavant
inouïs prêtre du culte des Muses
pour les jeunes vierges les jeunes garçons
le pouvoir terrible des rois s’exerce sur leurs
propres troupeaux sur les rois celui de Jupiter
illustre triomphateur des Géants
donnant d’un sourcil le branle à l’univers
un tel peut aligner ses plants dans des sillons
plus larges qu’un tel un candidat mieux né peut
descendre au Champ de Mars et un
autre plus honnête mieux réputé se trouver
en lice un troisième l’emporter par la foule de
ses clients sous l’égale loi de la nécessité on
tire au sort grands comme petits
l’urne est de taille à mélanger chaque nom
pour qui est sous la menace d’une épée pendue à
l’aplomb de sa tête impie les festins siciliens
perdent tout leur goût délicieux
les chants des oiseaux ou de la cithare ne
lui rendront pas le sommeil le paisible sommeil
que ne repousse pas la petitesse des maisons de
la campagne et une rive ombragée
ni l’agitation des Zéphyrs au val de Tempé
si l’on borne ses désirs à ce qui est suffisant
le tumulte de la mer n’inquiète pas ni l’assaut
furieux au couchant de l’Arcture
ou celui que provoque le lever du Chevreau
ni les vignes frappées par la grêle les espoirs
mensongers du sol l’arbre qui incrimine le trop
d’eau puis les astres desséchant
les terres puis les hivers sans indulgence
les poissons s’aperçoivent que la mer a rétréci
avec les masses jetées au large on s’y bouscule
l’entrepreneur coule les déblais
avec ses aides et le maître est pris de l’
ennui de la terre mais peur et menaces grimpent
sur le même bateau que le maître et ne quittent
pas la trirème armée d’airain et
monte derrière le cavalier le sombre souci
mais si dans la souffrance ne sert le marbre de
Phrygie ni l’usage de la pourpre plus brillante
qu’un astre pour l’apaiser ni un
vignoble à Falerne ni le costus achéménien
pourquoi avec des portes à exciter l’envie dans
le style grandiose du jour fortifier mon atrium
pourquoi remplacer mon val sabin
par des richesses plus coûteuses de peines
Lecture avec le texte latin
odieux m’est le profane vulgaire et je l’écarte
[3,01,1] Odi profanum uolgus et arceo.
recueillez-vous [1] je chante des chants auparavant
Fauete linguis : carmina non prius
inouïs prêtre du culte des Muses
audita Musarum sacerdos
pour les jeunes vierges les jeunes garçons
uirginibus puerisque canto.
le pouvoir terrible des rois s’exerce sur leurs
[3,01,5] Regum timendorum in proprios greges,
propres troupeaux sur les rois celui de Jupiter
reges in ipsos imperium est Iouis,
illustre triomphateur des Géants
clari Giganteo triumpho,
donnant d’un sourcil le branle à l’univers
cuncta supercilio mouentis.
un tel peut aligner ses plants dans des sillons
Est ut uiro uir latius ordinet
plus larges qu’un tel un candidat mieux né peut
[3,01,10] arbusta sulcis, hic generosior
descendre au Champ de Mars et un
descendat in campum petitor,
autre plus honnête mieux réputé se trouver
moribus hic meliorque fama
en lice un troisième l’emporter par la foule de
contendat, illi turba clientium
ses clients sous l’égale loi de la nécessité on
sit maior : aequa lege Necessitas
tire au sort grands comme petits
[3,01,15] sortitur insignis et imos,
l’urne est de taille à mélanger chaque nom
omne capax mouet urna nomen.
pour qui est sous la menace d’une épée pendue à
Destrictus ensis cui super impia
l’aplomb de sa tête impie les festins siciliens
ceruice pendet, non Siculae dapes
perdent tout leur goût délicieux
dulcem elaboratum saporem,
les chants des oiseaux ou de la cithare ne
[3,01,20] non auium citharaeque cantus
lui rendront pas le sommeil le paisible sommeil
Somnum reducent : somnus agrestium
que ne repousse pas la petitesse des maisons de
lenis uirorum non humilis domos
la campagne et une rive ombragée
fastidit umbrosamque ripam,
ni l’agitation des Zéphyrs au val de Tempé
non Zephyris agitata tempe.
si l’on borne ses désirs à ce qui est suffisant
[3,01,25] Desiderantem quod satis est neque
le tumulte de la mer n’inquiète pas ni l’assaut
tumultuosum sollicitat mare,
furieux au couchant de l’Arcture
nec saeuus Arcturi cadentis
ou celui que provoque le lever du Chevreau
impetus aut orientis Haedi,
ni les vignes frappées par la grêle les espoirs
non uerberatae grandine uineae
mensongers du sol l’arbre qui incrimine le trop
[3,01,30] fundusque mendax, arbore nunc aquas
d’eau puis les astres desséchant
culpante, nunc torrentia agros
les terres puis les hivers sans indulgence
sidera, nunc hiemes iniquas.
les poissons s’aperçoivent que la mer a rétréci
Contracta pisces aequora sentiunt
avec les masses jetées au large on s’y bouscule
iactis in altum molibus : huc frequens
l’entrepreneur coule les déblais
[3,01,35] caementa demittit redemptor
avec ses aides et le maître est pris de l’
cum famulis dominusque terrae
ennui de la terre mais peur et menaces grimpent
fastidiosus : sed Timor et Minae
sur le même bateau que le maître et ne quittent
scandunt eodem quo dominus, neque
pas la trirème armée d’airain et
decedit aerata triremi et
monte derrière le cavalier le sombre souci
[3,01,40] post equitem sedet atra Cura.
mais si dans la souffrance ne sert le marbre de
Quod si dolentem nec Phrygius lapis
Phrygie ni l’usage de la pourpre plus brillante
nec purpurarum sidere clarior
qu’un astre pour l’apaiser ni un
delenit usus nec Falerna
vignoble à Falerne ni le costus achéménien
uitis Achaemeniumque costum,
pourquoi avec des portes à exciter l’envie dans
[3,01,45] cur inuidendis postibus et nouo
le style grandiose du jour fortifier mon atrium
sublime ritu moliar atrium ?
pourquoi remplacer mon val sabin
Cur ualle permutem Sabina
par des richesses plus coûteuses de peines
diuitias operosiores ?
Strophes alcaïques transposées en vers justifiés 47 x 2 + 32 + 42.
[1] favete linguis : mot à mot « favorisez (mon chant) par vos langues » soit « taisez-vous, gardez le silence ». J’ai renoncé à la traduction « tenez vos langues », qui fait « maître d’école » et je ne crois pas que le mot « langue » soit la chose importante. Plutôt selon moi l’idée d’un « silence religieux, recueilli » et de l’expression je garde le verbe. Voir Horace, Odes II 13 v. 29.