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Horace, Odes III 1 | Odieux m’est le profane vulgaire

vendredi 12 avril 2013, par Danielle Carlès

odieux m’est le profane vulgaire et je l’écarte
recueillez-vous je chante des chants auparavant
inouïs prêtre du culte des Muses
pour les jeunes vierges les jeunes garçons

le pouvoir terrible des rois s’exerce sur leurs
propres troupeaux sur les rois celui de Jupiter
illustre triomphateur des Géants
donnant d’un sourcil le branle à l’univers

un tel peut aligner ses plants dans des sillons
plus larges qu’un tel un candidat mieux né peut
descendre au Champ de Mars et un
autre plus honnête mieux réputé se trouver

en lice un troisième l’emporter par la foule de
ses clients sous l’égale loi de la nécessité on
tire au sort grands comme petits
l’urne est de taille à mélanger chaque nom

pour qui est sous la menace d’une épée pendue à
l’aplomb de sa tête impie les festins siciliens
perdent tout leur goût délicieux
les chants des oiseaux ou de la cithare ne

lui rendront pas le sommeil le paisible sommeil
que ne repousse pas la petitesse des maisons de
la campagne et une rive ombragée
ni l’agitation des Zéphyrs au val de Tempé

si l’on borne ses désirs à ce qui est suffisant
le tumulte de la mer n’inquiète pas ni l’assaut
furieux au couchant de l’Arcture
ou celui que provoque le lever du Chevreau

ni les vignes frappées par la grêle les espoirs
mensongers du sol l’arbre qui incrimine le trop
d’eau puis les astres desséchant
les terres puis les hivers sans indulgence

les poissons s’aperçoivent que la mer a rétréci
avec les masses jetées au large on s’y bouscule
l’entrepreneur coule les déblais
avec ses aides et le maître est pris de l’

ennui de la terre mais peur et menaces grimpent
sur le même bateau que le maître et ne quittent
pas la trirème armée d’airain et
monte derrière le cavalier le sombre souci

mais si dans la souffrance ne sert le marbre de
Phrygie ni l’usage de la pourpre plus brillante
qu’un astre pour l’apaiser ni un
vignoble à Falerne ni le costus achéménien

pourquoi avec des portes à exciter l’envie dans
le style grandiose du jour fortifier mon atrium
pourquoi remplacer mon val sabin
par des richesses plus coûteuses de peines

Lecture avec le texte latin

odieux m’est le profane vulgaire et je l’écarte

[3,01,1] Odi profanum uolgus et arceo.

recueillez-vous [1] je chante des chants auparavant

Fauete linguis : carmina non prius

inouïs prêtre du culte des Muses

audita Musarum sacerdos

pour les jeunes vierges les jeunes garçons

uirginibus puerisque canto.

le pouvoir terrible des rois s’exerce sur leurs

[3,01,5] Regum timendorum in proprios greges,

propres troupeaux sur les rois celui de Jupiter

reges in ipsos imperium est Iouis,

illustre triomphateur des Géants

clari Giganteo triumpho,

donnant d’un sourcil le branle à l’univers

cuncta supercilio mouentis.

un tel peut aligner ses plants dans des sillons

Est ut uiro uir latius ordinet

plus larges qu’un tel un candidat mieux né peut

[3,01,10] arbusta sulcis, hic generosior

descendre au Champ de Mars et un

descendat in campum petitor,

autre plus honnête mieux réputé se trouver

moribus hic meliorque fama

en lice un troisième l’emporter par la foule de

contendat, illi turba clientium

ses clients sous l’égale loi de la nécessité on

sit maior : aequa lege Necessitas

tire au sort grands comme petits

[3,01,15] sortitur insignis et imos,

l’urne est de taille à mélanger chaque nom

omne capax mouet urna nomen.

pour qui est sous la menace d’une épée pendue à

Destrictus ensis cui super impia

l’aplomb de sa tête impie les festins siciliens

ceruice pendet, non Siculae dapes

perdent tout leur goût délicieux

dulcem elaboratum saporem,

les chants des oiseaux ou de la cithare ne

[3,01,20] non auium citharaeque cantus

lui rendront pas le sommeil le paisible sommeil

Somnum reducent : somnus agrestium

que ne repousse pas la petitesse des maisons de

lenis uirorum non humilis domos

la campagne et une rive ombragée

fastidit umbrosamque ripam,

ni l’agitation des Zéphyrs au val de Tempé

non Zephyris agitata tempe.

si l’on borne ses désirs à ce qui est suffisant

[3,01,25] Desiderantem quod satis est neque

le tumulte de la mer n’inquiète pas ni l’assaut

tumultuosum sollicitat mare,

furieux au couchant de l’Arcture

nec saeuus Arcturi cadentis

ou celui que provoque le lever du Chevreau

impetus aut orientis Haedi,

ni les vignes frappées par la grêle les espoirs

non uerberatae grandine uineae

mensongers du sol l’arbre qui incrimine le trop

[3,01,30] fundusque mendax, arbore nunc aquas

d’eau puis les astres desséchant

culpante, nunc torrentia agros

les terres puis les hivers sans indulgence

sidera, nunc hiemes iniquas.

les poissons s’aperçoivent que la mer a rétréci

Contracta pisces aequora sentiunt

avec les masses jetées au large on s’y bouscule

iactis in altum molibus : huc frequens

l’entrepreneur coule les déblais

[3,01,35] caementa demittit redemptor

avec ses aides et le maître est pris de l’

cum famulis dominusque terrae

ennui de la terre mais peur et menaces grimpent

fastidiosus : sed Timor et Minae

sur le même bateau que le maître et ne quittent

scandunt eodem quo dominus, neque

pas la trirème armée d’airain et

decedit aerata triremi et

monte derrière le cavalier le sombre souci

[3,01,40] post equitem sedet atra Cura.

mais si dans la souffrance ne sert le marbre de

Quod si dolentem nec Phrygius lapis

Phrygie ni l’usage de la pourpre plus brillante

nec purpurarum sidere clarior

qu’un astre pour l’apaiser ni un

delenit usus nec Falerna

vignoble à Falerne ni le costus achéménien

uitis Achaemeniumque costum,

pourquoi avec des portes à exciter l’envie dans

[3,01,45] cur inuidendis postibus et nouo

le style grandiose du jour fortifier mon atrium

sublime ritu moliar atrium ?

pourquoi remplacer mon val sabin

Cur ualle permutem Sabina

par des richesses plus coûteuses de peines

diuitias operosiores ?


Strophes alcaïques transposées en vers justifiés 47 x 2 + 32 + 42.


[1favete linguis : mot à mot « favorisez (mon chant) par vos langues » soit « taisez-vous, gardez le silence ». J’ai renoncé à la traduction « tenez vos langues », qui fait « maître d’école » et je ne crois pas que le mot « langue » soit la chose importante. Plutôt selon moi l’idée d’un « silence religieux, recueilli » et de l’expression je garde le verbe. Voir Horace, Odes II 13 v. 29.

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