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Horace, Odes I 22 | Rencontre avec un loup (2)
mercredi 23 mai 2012, par
L’homme à la vie sans faille, pur de tout crime
n’a pas besoin des javelots des Maures, ni d’un
arc ni de flèches empoisonnées qui pèsent lourd
plein son carquois, Fuscus,
que son chemin le conduise à passer par le pays
des Syrtes embrasées, ou à traverser le Caucase
inhospitalier, et même dans ces régions léchées
par l’Hydaspe des légendes.
Car moi, j’étais dans la forêt Sabine, un loup,
je chantais ma Lalagué sans but et en promenade
au-delà des bornes du domaine, libre du moindre
souci, désarmé, il m’a fui.
Un monstre pareil, la terre de Daunus, terre de
guerriers, dans ses vastes chênaies, n’en élève
pas et la terre de Juba n’en produit pas, aride
mère nourricière des lions.
Dépose-moi sur les plaines engourdies où pas un
seul arbre ne renaît au souffle de l’été, en ce
côté du monde écrasé sous la brume, soumis à la
mauvaise humeur de Jupiter,
dépose-moi au-dessous du soleil, en ce point où
son char vient trop proche de la terre, refusée
aux habitations, j’aimerai ma Lalagué, son doux
rire et son doux babillage.
Lecture avec le texte latin
L’homme à la vie sans faille, pur de tout crime
Integer uitæ scelerisque purus
n’a pas besoin des javelots des Maures, ni d’un
non eget Mauris iaculis neque arcu
arc ni de flèches empoisonnées qui pèsent lourd
nec uenenatis grauida sagittis,
plein son carquois, Fuscus,
Fusce, pharetra,
que son chemin le conduise à passer par le pays
siue per Syrtis iter æstuosas 5
des Syrtes embrasées, ou à traverser le Caucase
siue facturus per inhospitalem
inhospitalier, et même dans ces régions léchées
Caucasum uel quæ loca fabulosus
par l’Hydaspe des légendes.
lambit Hydaspes.
Car moi, j’étais dans la forêt Sabine, un loup,
Namque me silua lupus in Sabina,
je chantais ma Lalagué sans but et en promenade
dum meam canto Lalagen et ultra 10
au-delà des bornes du domaine, libre du moindre
terminum curis uagor expeditis,
souci, désarmé, il m’a fui.
fugit inermem.
Un monstre pareil, la terre de Daunus, terre de
Quale portentum neque militaris
guerriers, dans ses vastes chênaies, n’en élève
Daunias latis alit æsculetis
pas et la terre de Juba n’en produit pas, aride
nec Iubæ tellus generat, leonum 15
mère nourricière des lions.
arida nutrix.
Dépose-moi sur les plaines engourdies où pas un
Pone me pigris ubi nulla campis
seul arbre ne renaît au souffle de l’été, en ce
arbor æstiua recreatur aura,
côté du monde écrasé sous la brume, soumis à la
quod latus mundi nebulæ malusque
mauvaise humeur de Jupiter,
Iuppiter urget, 20
dépose-moi au-dessous du soleil, en ce point où
pone sub curru nimium propinqui
son char vient trop proche de la terre, refusée
solis in terra domibus negata,
aux habitations, j’aimerai ma Lalagué, son doux
dulce ridentem Lalagen amabo,
rire et son doux babillage.
dulce loquentem.
Strophes sapphiques :
trois sapphiques de onze syllabes et un adonique,
transposées en 3 x 47 + 27 caractères espaces comprises.