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Horace, Odes I 32 | Le luth de Lesbos

jeudi 7 juin 2012, par Danielle Carlès

On me réclame. S’il m’est arrivé de badiner avec toi
sans contraintes sous l’ombrage, dis maintenant un poème
qui vive l’année entière et même de plus nombreuses, allons, dis
un poème latin, luth,

toi qui as vibré la première fois pour un citoyen de Lesbos
et un soldat intrépide, mais, au milieu des armes,
ou quand il avait amarré son navire chahuté
sur un rivage humide,

il chantait Liber et les Muses, et Vénus et
l’enfant qui toujours la suit étroitement,
et Lycus, beau de ses yeux noirs et
de ses cheveux noirs.

Ô parure de Phébus, lyre bienvenue aux banquets
du très haut Jupiter, ô douce consolation des peines,
de ma part tel que je puisse être mais t’invoquant
en bonne forme, salut !

Lecture avec le texte latin

On me réclame [1]. S’il m’est arrivé de badiner avec toi

Poscimur. Si quid uacui sub umbra

sans contraintes sous l’ombrage, dis maintenant un poème

lusimus tecum, quod et hunc in annum

qui vive l’année entière et même de plus nombreuses, allons, dis

uiuat et pluris, age, dic Latinum

un poème latin, luth,

barbite, carmen,

toi qui as vibré la première fois pour un citoyen de Lesbos

Lesbio primum modulate ciui

et un soldat intrépide, mais, au milieu des armes,

qui, ferox bello, tamen inter arma,

ou quand il avait amarré [2] son navire chahuté

siue iactatam religarat udo

sur un rivage humide [3],

litore nauem,

il chantait Liber et les Muses, et Vénus et

Liberum et Musæ Veneremque et illi

l’enfant qui toujours la suit étroitement,

semper hærentem puerum canebat

et Lycus, beau de ses yeux noirs et

et Lycum nigris oculis nigroque

de ses cheveux noirs.

crine decorum.

Ô parure de Phébus, lyre bienvenue aux banquets

O decus Phœbi et dapibus supremi

du très haut Jupiter, ô douce consolation des peines,

grata testudo Iouis, o laborum

de ma part tel que je puisse être [4] mais t’invoquant

dulce lenimen, mihi cumque salue

en bonne forme, salut [5] !

rite uocanti !


Le poème est composé en strophe sapphiques.


[1La première personne du pluriel de poscimur et lusimus est rendue par une première personne du singulier, en y voyant la référence au seul Horace (emploi habituel du nous "d’auteur"), et non Horace et le luth. Et je lis aussi poscimur, non poscimus comme le proposent certaines leçons.

[2J’entends que religarat signifie ici "attacher" et non "détacher", avec plutôt un argument de sens que de grammaire : on imagine mal le poète écrivant des vers dans l’action même de la guerre, plutôt entre deux batailles ou quand le navire est à l’ancre (ce qui est un exploit suffisant, par contraste avec le uacui du premier vers).

[3Je construis l’ablatif udo litore plutôt par référence à religarat que comme complément de iactatam.

[4Je lie mihi et cumque et non pas cumque... uocanti et donc lis mihicumque et non pas medicumque.

[5mihi... salue, c’est-à-dire "adresse ton salut à moi" si on le lit en latin (mais la tournure n’est pas habituelle), mais s’il s’agit d’un calque de la formule grecque χαῖρέ μοι (comme le suggère F. Villeneuve, CUF, suggestion qui me semble pertinente) cela devient "salutation (de moi) à toi, lyre".

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