Accueil > Traductions > Latin > Horace > Odes > Odes IV > Horace, Odes IV 13 | Où Vénus a-t-elle fui ?
Horace, Odes IV 13 | Où Vénus a-t-elle fui ?
lundi 2 mars 2015, par
Ils ont exaucé mes vœux, Lycé, les dieux, oui, les dieuxles ont exaucés, Lycé : tu te fais vieille et pourtanttu veux croire que tu es belleet tu badines et tu bois sans mesureet tu chantes en trémolos, ivre, harcelant Cupidon5qui reste indifférent, car la verte jeunesse et leluth virtuose de Chial’ont fait se poser sur ses belles joues,car, oui, sans ménagement, son vol néglige les chênessecs, et il t’évite, toi, à cause du jaune de10tes dents, toi, à cause des rides,laide à faire peur, et la neige au crâne.Non, la pourpre de Cos ne fait pas revenir pour toi,ni les pierres précieuses, ces temps une seule foispassés qu’en des fastes notoires15a consigné le jour dans son élan.Où Vénus a-t-elle fui, hélas, où son teint, sa bellecontenance, où ? Qu’as-tu encore d’elle, de cellequi inspirait tous les amours,qui m’avait si fort ravi à moi-même,20heureuse après Cinara, emblème et illustrationde toutes les grâces ? Mais à Cinara de trop courtesannées le destin a offert,tandis qu’il gardera longtemps, jusqu’àégaler l’âge d’une vieille corneille Lycé,25pour que les bouillants jeunes gens puissent voir le spectacle,avec beaucoup de moqueries,de ce flambeau qui se réduit en cendres.
Lecture avec le texte latin
Ils ont exaucé mes vœux, Lycé, les dieux, oui, les dieux
Audiuere, Lyce, di mea uota, di
les ont exaucés, Lycé : tu te fais vieille et pourtant
audiuere, Lyce : fis anus, et tamen
tu veux croire que tu es belle
uis formosa uideri
et tu badines et tu bois sans mesure
ludisque et bibis impudens
et tu chantes en trémolos, ivre, harcelant Cupidon5
et cantu tremulo pota Cupidinem
qui reste indifférent, car la verte jeunesse et le
lentum sollicitas. Ille uirentis et
luth virtuose de Chia
doctae psallere Chiae
l’ont fait se poser sur ses belles joues,
pulchris excubat in genis.
car, oui, sans ménagement, son vol néglige les chênes
Importunus enim transuolat aridas
secs, et il t’évite, toi, à cause du jaune de10
quercus et refugit te quia luridi
tes dents, toi, à cause des rides,
dentes, te quia rugae
laide à faire peur, et la neige au crâne.
turpant et capitis niues.
Non, la pourpre de Cos ne fait pas revenir pour toi,
Nec Coae referunt iam tibi purpurae
ni les pierres précieuses, ces temps une seule fois
nec cari lapides tempora, quae semel
passés qu’en des fastes notoires15
notis condita fastis
a consigné le jour dans son élan.
inclusit uolucris dies.
Où Vénus a-t-elle fui, hélas, où son teint, sa belle
Quo fugit Venus, heu, quoue color, decens
contenance, où ? Qu’as-tu encore d’elle, de celle
quo motus ? Quid habes illius, illius,
qui inspirait tous les amours,
quae spirabat amores,
qui m’avait si fort ravi à moi-même,20
quae me surpuerat mihi,
heureuse après Cinara, emblème et illustration
felix post Cinaram notaque et artium
de toutes les grâces ? Mais à Cinara de trop courtes
gratarum facies ? Sed Cinarae breuis
années le destin a offert,
annos fata dederunt,
tandis qu’il gardera longtemps, jusqu’à
seruatura diu parem
égaler l’âge d’une vieille corneille Lycé,25
cornicis uetulae temporibus Lycen,
pour que les bouillants jeunes gens puissent voir le spectacle,
possent ut iuuenes uisere feruidi
avec beaucoup de moqueries,
multo non sine risu
de ce flambeau qui se réduit en cendres.
dilapsam in cineres facem.