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Horace, Odes IV 2 | Émule de Pindare

vendredi 16 janvier 2015, par Danielle Carlès

De Pindare qui aspire à être l’émule,
Jullus, sur des ailes de cire avec l’aide de Dédale
s’appuie, finissant par donner à la vitreuse
mer son nom.
 
Comme un torrent dévalant la montagne, que les pluies5
ont grossi bien au-dessus des rives coutumières,
bouillonne et sans limites se précipite
Pindare, bouche profonde,
 
du laurier d’Apollon digne d’être gratifié,
soit qu’au long d’audacieux dithyrambes10
des mots inédits il roule et s’emporte en mesures
affranchies des lois,
 
soit qu’il chante les dieux et les rois, des dieux
le propre sang, par la main de qui tombèrent d’une juste
mort les Centaures, tomba de l’effroyable15
Chimère la flamme,
 
soit ceux que d’Élide ramène chez eux
la palme en dieux du ciel, pugiliste ou cheval,
et les chantant, mieux qu’avec cent statues,
de ce don les gratifie,20
 
soit qu’à la fiancée en larmes l’époux ravi
il pleure et que sa force, son âme, son caractère
d’or il élève aux étoiles tandis qu’au noir
Orcus il les soustraie.
 
Un souffle puissant soulève le cygne de Dircé25
chaque fois, Antoine, qu’il tend vers les hauts
espaces ennuagés. Moi, comme l’abeille du Matinus,
à sa manière, à sa mesure,
 
butinant le thym précieux à force d’un labeur
sans relâche, alentour du bois et des rives30
du frais Tibur, avec beaucoup de peine, modeste,
je forge mes vers.
 
Toi, tu chanteras, poète au plectre plus puissant,
César, ce jour où il traînera, farouches,
le long de la montée sacrée, dûment paré35
de feuillage, les Sygambres,
 
lui, le plus grand, le meilleur des dons qu’à la terre
le destin et les dieux bons aient jamais accordé
ni n’accorderont, quand même reviendraient à l’or
du premier âge les temps.40
 
Et tu chanteras les jours de réjouissance, et dans la ville
les jeux publics pour avoir obtenu
le retour du valeureux Auguste, et le forum
orphelin des procès.
 
Alors moi aussi, si ce que je dis mérite d’être entendu,45
ma voix s’ajoutera en bonne part, et : « Ô soleil
radieux, ô jour de louanges ! » je chanterai, puisque revient
César, de bonheur.
 
Et tandis qu’avance ton cortège, io Triomphe !
plus d’une fois nous le dirons, io Triomphe !50
nous, toute la cité, et nous offrirons aux dieux
bienfaisants de l’encens.
 
Toi, dix taureaux et autant de vaches,
moi, un jeune veau, nous acquitteront. Sevré
de sa mère, il grandit dans d’épais herbages,55
destiné à mes vœux,
 
son front imite le feu courbe
de la lune à son lever du troisième jour,
il y a développé une tache, blanc de neige à le voir,
pour tout le reste, fauve.60

Lecture avec le texte latin

De Pindare qui aspire à être l’émule,

Pindarum quisquis studet aemulari,

Jullus, sur des ailes de cire avec l’aide de Dédale

Iulle, ceratis ope Daedalea

s’appuie, finissant par donner à la vitreuse

nititur pinnis, uitreo daturus

mer son nom.

nomina ponto.

Comme un torrent dévalant la montagne, que les pluies5

Monte decurrens uelut amnis, imbres

ont grossi bien au-dessus des rives coutumières,

quem super notas aluere ripas,

bouillonne et sans limites se précipite

feruet inmensusque ruit profundo

Pindare, bouche profonde,

Pindarus ore,

du laurier d’Apollon digne d’être gratifié,

laurea donandus Apollinari,

soit qu’au long d’audacieux dithyrambes10

seu per audacis noua dithyrambos

des mots inédits il roule et s’emporte en mesures

uerba deuoluit numerisque fertur

affranchies des lois,

lege solutis,

soit qu’il chante les dieux et les rois, des dieux

seu deos regesque canit, deorum

le propre sang, par la main de qui tombèrent d’une juste

sanguinem, per quos cecidere iusta

mort les Centaures, tomba de l’effroyable15

morte Centauri, cecidit tremendae

Chimère la flamme,

flamma Chimaerae,

soit ceux que d’Élide ramène chez eux

siue quos Elea domum reducit

la palme en dieux du ciel, pugiliste ou cheval,

palma caelestis pugilemue equomue

et les chantant, mieux qu’avec cent statues,

dicit et centum potiore signis

de ce don les gratifie,20

munere donat,

soit qu’à la fiancée en larmes l’époux ravi

flebili sponsae iuuenemue raptum

il pleure et que sa force, son âme, son caractère

plorat et uiris animumque moresque

d’or il élève aux étoiles tandis qu’au noir

aureos educit in astra nigroque

Orcus il les soustraie.

inuidet Orco.

Un souffle puissant soulève le cygne de Dircé25

Multa Dircaeum leuat aura cycnum,

chaque fois, Antoine, qu’il tend vers les hauts

tendit, Antoni, quotiens in altos

espaces ennuagés. Moi, comme l’abeille du Matinus,

nubium tractus ; ego apis Matinae

à sa manière, à sa mesure,

more modoque

butinant le thym précieux à force d’un labeur

grata carpentis thyma per laborem

sans relâche, alentour du bois et des rives30

plurimum circa nemus uuidique

du frais Tibur, avec beaucoup de peine, modeste,

Tiburis ripas operosa paruus

je forge mes vers.

carmina fingo.

Toi, tu chanteras, poète au plectre plus puissant,

Concines maiore poeta plectro

César, ce jour où il traînera, farouches,

Caesarem, quandoque trahet ferocis

le long de la montée sacrée, dûment paré35

per sacrum cliuum merita decorus

de feuillage, les Sygambres,

fronde Sygambros ;

lui, le plus grand, le meilleur des dons qu’à la terre

quo nihil maius meliusue terris

le destin et les dieux bons aient jamais accordé

fata donauere bonique diui

ni n’accorderont, quand même reviendraient à l’or

nec dabunt, quamuis redeant in aurum

du premier âge les temps.40

tempora priscum.

Et tu chanteras les jours de réjouissance, et dans la ville

Concines laetosque dies et urbis

les jeux publics pour avoir obtenu

publicum ludum super impetrato

le retour du valeureux Auguste, et le forum

fortis Augusti reditu forumque

orphelin des procès.

litibus orbum.

Alors moi aussi, si ce que je dis mérite d’être entendu,45

Tum meae, si quid loquar audiendum,

ma voix s’ajoutera en bonne part, et : « Ô soleil

uocis accedet bona pars, et : ’O sol

radieux, ô jour de louanges ! » je chanterai, puisque revient

pulcher, o laudande !’ canam recepto

César, de bonheur.

Caesare felix ;

Et tandis qu’avance ton cortège, io Triomphe !

teque, dum procedis, io Triumphe !

plus d’une fois nous le dirons, io Triomphe !50

non semel dicemus, io Triumphe !

nous, toute la cité, et nous offrirons aux dieux

ciuitas omnis, dabimusque diuis

bienfaisants de l’encens.

tura benignis.

Toi, dix taureaux et autant de vaches,

Te decem tauri totidemque uaccae,

moi, un jeune veau, nous acquitteront. Sevré

me tener soluet uitulus, relicta

de sa mère, il grandit dans d’épais herbages,55

matre qui largis iuuenescit herbis

destiné à mes vœux,

in mea uota,

son front imite le feu courbe

fronte curuatos imitatus ignis

de la lune à son lever du troisième jour,

tertius lunae referentis ortum,

il y a développé une tache, blanc de neige à le voir,

qua notam duxit niueus uideri,

pour tout le reste, fauve.60

cetera fuluus.


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