Accueil > Traductions > Latin > Horace > Odes > Odes IV > Horace, Odes IV 1 | Mais pourquoi, ah ! Ligurinus

Horace, Odes IV 1 | Mais pourquoi, ah ! Ligurinus

jeudi 27 novembre 2014, par Danielle Carlès

Suspendues, Vénus, depuis si longtemps,
 
tu reprends les hostilités ? Épargne-moi, je t’en supplie, je t’en supplie !
 
Je ne suis plus celui que j’étais quand, aimable,
 
régnait sur moi Cinara. Cesse, de la douceur
 
mère implacable des Désirs,5
 
dans mon dixième lustre, de vouloir me plier à ton suave
 
empire, je suis rebelle à présent. Va-t’en
 
là où te réclament les flatteuses prières des hommes jeunes.
 
Avec plus de chance dans la maison
 
de Paulus, à toutes ailes, par la pourpre des cygnes10
 
tu te laisseras guider, la maison de Maximus,
 
si tu cherches à brûler un cœur capable de servir.
 
car il est noble et il a belle allure,
 
et ne reste jamais sans voix pour défendre un accusé angoissé,
 
et jeune, avec d’innombrables talents,15
 
loin il portera tes enseignes en guerroyant pour toi,
 
et quand, un jour, devenu plus puissant
 
que toutes les largesses d’un rival princier, il se rira de lui,
 
auprès des lacs albains il te
 
déposera, toute de marbre, sous des solives de thuya.20
 
Là, en abondance vers tes narines
 
tu feras monter de l’encens. De la lyre et de la flûte bérécynthienne
 
tu te délecteras,
 
du mélange des chants, et aussi la syrinx.
 
Là, deux fois par jour, des garçons,25
 
accompagnés de toutes jeunes filles, à ta divinité
 
adressant des louanges, de leur pied innocent,
 
à la manière des Saliens, par trois fois taperont le sol.
 
Moi, ni d’une femme, ni d’un garçon,
 
aujourd’hui, et ni de l’espoir naïf d’un amour partagé,30
 
ni de rivaliser à la boisson, je n’ai plus goût,
 
ni couronner mes tempes de fleurs fraîches.
 
Mais pourquoi, ah ! Ligurinus, pourquoi
 
coule par instant cette larme sur mes joues ?
 
pourquoi, avec tant de faconde, sans honneur35
 
entre deux mots tombe ma langue dans le silence ?
 
C’est que la nuit, moi, dans mes rêves,
 
déjà je t’ai pris, je te tiens, déjà tu voles et je te suis
 
parmi l’herbe du champ
 
de Mars, je te suis, ô rebelle, parmi l’eau volubile.40

Lecture avec le texte latin

Suspendues, Vénus, depuis si longtemps,

[4,01,1] Intermissa, Venus, diu

tu reprends les hostilités ? Épargne-moi, je t’en supplie, je t’en supplie !

rursus bella moues ? Parce precor, precor.

Je ne suis plus celui que j’étais quand, aimable,

Non sum qualis eram bonae

régnait sur moi Cinara. Cesse, de la douceur

sub regno Cinarae. Desine, dulcium

mère implacable des Désirs,5

[4,01,5] mater saeua Cupidinum,

dans mon dixième lustre, de vouloir me plier à ton suave

circa lustra decem flectere mollibus

empire, je suis rebelle à présent. Va-t’en

iam durum imperiis : abi,

là où te réclament les flatteuses prières des hommes jeunes.

quo blandae iuuenum te reuocant preces.

Avec plus de chance dans la maison

Tempestiuius in domum

de Paulus, à toutes ailes, par la pourpre des cygnes10

[4,01,10] Pauli purpureis ales oloribus

tu te laisseras guider, la maison de Maximus,

comissabere Maximi

si tu cherches à brûler un cœur capable de servir.

si torrere iecur quaeris idoneum ;

car il est noble et il a belle allure,

namque et nobilis et decens

et ne reste jamais sans voix pour défendre un accusé angoissé,

et pro sollicitis non tacitus reis

et jeune, avec d’innombrables talents,15

[4,01,15] et centum puer artium

loin il portera tes enseignes en guerroyant pour toi,

late signa feret militiae tuae,

et quand, un jour, devenu plus puissant

et, quandoque potentior

que toutes les largesses d’un rival princier, il se rira de lui,

largi muneribus riserit aemuli,

auprès des lacs albains il te

Albanos prope te lacus

déposera, toute de marbre, sous des solives de thuya.20

[4,01,20] ponet marmoream sub trabe citrea.

Là, en abondance vers tes narines

Illic plurima naribus

tu feras monter de l’encens. De la lyre et de la flûte bérécynthienne

duces tura, lyraque et Berecyntia

tu te délecteras,

delectabere tibia

du mélange des chants, et aussi la syrinx.

mixtis carminibus non sine fistula ;

Là, deux fois par jour, des garçons,25

[4,01,25] illic bis pueri die

accompagnés de toutes jeunes filles, à ta divinité

numen cum teneris uirginibus tuum

adressant des louanges, de leur pied innocent,

laudantes pede candido

à la manière des Saliens, par trois fois taperont le sol.

in morem Salium ter quatient humum.

Moi, ni d’une femme, ni d’un garçon,

Me nec femina nec puer

aujourd’hui, et ni de l’espoir naïf d’un amour partagé,30

[4,01,30] iam nec spes animi credula mutui

ni de rivaliser à la boisson, je n’ai plus goût,

nec certare iuuat mero

ni couronner mes tempes de fleurs fraîches.

nec uincire nouis tempora floribus.

Mais pourquoi, ah ! Ligurinus, pourquoi

Sed cur heu, Ligurine, cur

coule par instant cette larme sur mes joues ?

manat rara meas lacrima per genas ?

pourquoi, avec tant de faconde, sans honneur35

[4,01,35] Cur facunda parum decoro

entre deux mots tombe ma langue dans le silence ?

inter uerba cadit lingua silentio ?

C’est que la nuit, moi, dans mes rêves,

Nocturnis ego somniis

déjà je t’ai pris, je te tiens, déjà tu voles et je te suis,

iam captum teneo, iam uolucrem sequor

parmi l’herbe du champ

te per gramina Martii

de Mars, je te suis, ô rebelle, parmi l’eau volubile.40

[4,01,40] campi, te per aquas, dure, uolubilis.

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.