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Horace, Odes I 17 | Des chèvres et des loups

dimanche 13 mai 2012, par Danielle Carlès


Preste, Faunus souvent va et vient de mon aimable
Lucrétile au mont Lycée et sans relâche il défend
des étés trop brûlants mes petites
chèvres, les défend des vents pluvieux.

Sans danger s’en vont tranquilles, dans les bois,
chercher l’arbouse bien cachée et le thym hors du
chemin, les épouses du mari puant,
et n’ont pas peur des vertes couleuvres

ni des bêtes martiales, mes chevrettes, n’ont pas
peur des loups, dès que sonne, Tyndaris, la douce
flûte de roseau par les vallons et
les rochers lisses des pentes d’Ustica.

Les dieux veillent sur moi, aux dieux sont chères
ma piété et ma muse. Ici Abondance répandra de sa
corne généreuse pour toi à satiété
toute l’opulente beauté de la campagne.

Ici au creux de la vallée tu éviteras les fièvres
de la canicule, et tu diras, sur la lyre de Téos,
les chagrins pour le même homme de
Pénélope et de Circé au teint de nacre.

Ici, tu boiras un innocent vin de Lesbos, sous l’
ombrage. Le fils de Sémélé n’engagera pas combat,
le fils de Thyoné, avec Mars et tu
n’auras pas peur de Cyrus, sa violence,

peur de ses soupçons, qu’il lève la main sur toi,
duel honteusement inégal, et perde tout contrôle,
t’arrache la couronne mise sur tes
cheveux et ta robe, sans aucune raison.

Lecture avec le texte latin

Preste, Faunus souvent va et vient de mon aimable

Velox amœnum sæpe Lucretilem

Lucrétile au mont Lycée et sans relâche il défend

mutat Lycæo Faunus et igneam

des étés trop brûlants mes petites

defendit æstatem capellis

chèvres, les défend des vents pluvieux.

usque meis pluuiosque uentos.

Sans danger s’en vont tranquilles, dans les bois,

Inpune tutum per nemus arbutos 5

chercher l’arbouse bien cachée et le thym hors du

quærunt latentis et thyma deuiæ

chemin, les épouses du mari puant,

olentis uxores mariti

et n’ont pas peur des vertes couleuvres

nec uiridis metuunt colubras

ni des bêtes Martiales, mes chevrettes, n’ont pas

nec Martialis hædiliæ lupos,

peur des loups, dès que sonne, Tyndaris, la douce

utcumque dulci, Tyndari, fistula 10

flûte de roseau [1] par les vallons et

ualles et Vsticæ cubantis

les rochers lisses des pentes d’Ustica.

leuia personuere saxa.

Les dieux veillent sur moi, aux dieux sont chères

Di me tuentur, dis pietas mea

ma piété et ma muse. Ici Abondance répandra de sa

et musa cordi est. Hic tibi copia

corne généreuse pour toi à satiété

manabit ad plenum benigno 15

toute l’opulente beauté de la campagne.

ruris honorum opulenta cornu.

Ici au creux de la vallée tu éviteras les fièvres

Hic in reducta ualle Caniculæ

de la canicule, et tu diras, sur la lyre de Téos,

uitabis æstus et fide Teia

les chagrins pour le même homme de

dices laborantis in uno

Pénélope et de Circé au teint de nacre [2].

Penelopen uitreamque Circen. 20

Ici, tu boiras un innocent vin de Lesbos, sous l’

Hic innocentis pocula Lesbii

ombrage. Le fils de Sémélé n’engagera pas combat,

duces sub umbra nec Semelius

le fils de Thyoné, avec Mars et tu

cum Marte confundet Thyoneus

n’auras pas peur de Cyrus, sa violence,

prœlia nec metues proteruum

peur de ses soupçons, qu’il lève la main sur toi,

suspecta Cyrum, ne male dispari 25

duel honteusement inégal, et perde tout contrôle,

incontinentis iniciat manus

t’arrache la couronne mise sur tes

et scindat hærentem coronam

cheveux et ta robe, sans aucune raison.

crinibus inmeritamque uestem.


Strophes alcaïques,
transposées en vers justifiés 2 x 49 + 34 + 39 caractères espaces compris.


[1La flûte de roseau fistula est la flûte de Pan, la syrinx.

[2Dans le texte latin Circé est dite uitream, littéralement "de verre", que l’on commente soit dans le sens de "brillante" (cristalline) soit de "marine" (vitreuse / glauque / vert d’eau). J’ai tourné autour de l’idée de "nacre" qui évoque la mer et la lumière, et modifié mon texte plusieurs fois : "éclairée de nacre", puis "lumière de nacre", puis "teint de nacre", pas satisfaite, m’efforçant de ne pas aller à une expression excessive par rapport à sa place dans le texte.
Maryse Hache est venue cueillir "lumière de nacre", plus belle dans son texte que dans le mien, je crois.

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