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Horace, Odes I 17 | Des chèvres et des loups
dimanche 13 mai 2012, par
Preste, Faunus souvent va et vient de mon aimable
Lucrétile au mont Lycée et sans relâche il défend
des étés trop brûlants mes petites
chèvres, les défend des vents pluvieux.
Sans danger s’en vont tranquilles, dans les bois,
chercher l’arbouse bien cachée et le thym hors du
chemin, les épouses du mari puant,
et n’ont pas peur des vertes couleuvres
ni des bêtes martiales, mes chevrettes, n’ont pas
peur des loups, dès que sonne, Tyndaris, la douce
flûte de roseau par les vallons et
les rochers lisses des pentes d’Ustica.
Les dieux veillent sur moi, aux dieux sont chères
ma piété et ma muse. Ici Abondance répandra de sa
corne généreuse pour toi à satiété
toute l’opulente beauté de la campagne.
Ici au creux de la vallée tu éviteras les fièvres
de la canicule, et tu diras, sur la lyre de Téos,
les chagrins pour le même homme de
Pénélope et de Circé au teint de nacre.
Ici, tu boiras un innocent vin de Lesbos, sous l’
ombrage. Le fils de Sémélé n’engagera pas combat,
le fils de Thyoné, avec Mars et tu
n’auras pas peur de Cyrus, sa violence,
peur de ses soupçons, qu’il lève la main sur toi,
duel honteusement inégal, et perde tout contrôle,
t’arrache la couronne mise sur tes
cheveux et ta robe, sans aucune raison.
Lecture avec le texte latin
Preste, Faunus souvent va et vient de mon aimable
Velox amœnum sæpe Lucretilem
Lucrétile au mont Lycée et sans relâche il défend
mutat Lycæo Faunus et igneam
des étés trop brûlants mes petites
defendit æstatem capellis
chèvres, les défend des vents pluvieux.
usque meis pluuiosque uentos.
Sans danger s’en vont tranquilles, dans les bois,
Inpune tutum per nemus arbutos 5
chercher l’arbouse bien cachée et le thym hors du
quærunt latentis et thyma deuiæ
chemin, les épouses du mari puant,
olentis uxores mariti
et n’ont pas peur des vertes couleuvres
nec uiridis metuunt colubras
ni des bêtes Martiales, mes chevrettes, n’ont pas
nec Martialis hædiliæ lupos,
peur des loups, dès que sonne, Tyndaris, la douce
utcumque dulci, Tyndari, fistula 10
flûte de roseau [1] par les vallons et
ualles et Vsticæ cubantis
les rochers lisses des pentes d’Ustica.
leuia personuere saxa.
Les dieux veillent sur moi, aux dieux sont chères
Di me tuentur, dis pietas mea
ma piété et ma muse. Ici Abondance répandra de sa
et musa cordi est. Hic tibi copia
corne généreuse pour toi à satiété
manabit ad plenum benigno 15
toute l’opulente beauté de la campagne.
ruris honorum opulenta cornu.
Ici au creux de la vallée tu éviteras les fièvres
Hic in reducta ualle Caniculæ
de la canicule, et tu diras, sur la lyre de Téos,
uitabis æstus et fide Teia
les chagrins pour le même homme de
dices laborantis in uno
Pénélope et de Circé au teint de nacre [2].
Penelopen uitreamque Circen. 20
Ici, tu boiras un innocent vin de Lesbos, sous l’
Hic innocentis pocula Lesbii
ombrage. Le fils de Sémélé n’engagera pas combat,
duces sub umbra nec Semelius
le fils de Thyoné, avec Mars et tu
cum Marte confundet Thyoneus
n’auras pas peur de Cyrus, sa violence,
prœlia nec metues proteruum
peur de ses soupçons, qu’il lève la main sur toi,
suspecta Cyrum, ne male dispari 25
duel honteusement inégal, et perde tout contrôle,
incontinentis iniciat manus
t’arrache la couronne mise sur tes
et scindat hærentem coronam
cheveux et ta robe, sans aucune raison.
crinibus inmeritamque uestem.
Strophes alcaïques,
transposées en vers justifiés 2 x 49 + 34 + 39 caractères espaces compris.
[1] La flûte de roseau fistula est la flûte de Pan, la syrinx.
[2] Dans le texte latin Circé est dite uitream, littéralement "de verre", que l’on commente soit dans le sens de "brillante" (cristalline) soit de "marine" (vitreuse / glauque / vert d’eau). J’ai tourné autour de l’idée de "nacre" qui évoque la mer et la lumière, et modifié mon texte plusieurs fois : "éclairée de nacre", puis "lumière de nacre", puis "teint de nacre", pas satisfaite, m’efforçant de ne pas aller à une expression excessive par rapport à sa place dans le texte.
Maryse Hache est venue cueillir "lumière de nacre", plus belle dans son texte que dans le mien, je crois.