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Horace, Odes I 18 | Visages de Bacchus

mardi 15 mai 2012, par Danielle Carlès

Varus, tu ne planteras aucun arbre de préférence à la vigne sacrée
sur le sol de la fertile région de Tibur, à l’entour des remparts de Catilus,
car le dieu l’a annoncé, tout pèse à qui pratique l’abstinence, et
il n’est pas d’autre moyen pour dissiper les mordantes inquiétudes.
Qui s’épanche, après le vin, sur la dureté de la vie militaire ou de la pauvreté ?
Qui ne préfère t’évoquer, Bacchus, ô père, ou toi, gracieuse Vénus ?
Mais Liber a de la mesure, et qu’il ne faut pas abuser de ses dons,
la dispute des Centaures et des Lapithes nous le rappelle, leur combat mortel
par dessus le vin. Nous le rappelle Évius sans indulgence pour les Sithoniens,
quand il n’y a plus du bien au mal que la mince frontière des désirs
dans l’avidité brute. Et moi, radieux Bassaréus,
je ne te brandirai pas contre ton gré. Ce qui se cache sous des feuillages bigarrés
je ne l’exposerai pas au grand jour. Retiens les sauvages tambourins
et le cor bérécyntien qui entraînent à leur suite l’aveugle amour de soi,
la vanité redressant jusqu’à l’excès sa tête pleine d’illusion,
et une foi prodigue du secret, plus transparente que le verre.

Lecture avec le texte latin

Varus [1], tu ne planteras aucun arbre de préférence à la vigne sacrée

Nullam, Vare, sacra uite prius seueris arborem

sur le sol de l’aimable région de Tibur, à l’entour des remparts de Catilus,

circa mite solum Tiburis et mœnia Catili,

car le dieu l’a annoncé, tout pèse à qui pratique l’abstinence, et

siccis omnia nam dura deus proposuit neque

il n’est pas d’autre moyen pour dissiper les mordantes inquiétudes.

mordaces aliter diffugiunt sollicitudines.

Qui s’épanche, après le vin, sur la dureté de la vie militaire ou de la pauvreté ?

Quis post uina grauem militiam aut pauperiem crepat ? 5

Qui ne préfère t’évoquer, Bacchus, ô père, ou toi, gracieuse Vénus ?

Quis non te potius, Bacche pater, teque, decens Venus ?

Mais Liber a de la mesure, et qu’il ne faut pas abuser de ses dons,

Ac ne quis modici transiliat munera Liberi

la dispute des Centaures et des Lapithes nous le rappelle, leur combat mortel

Centaurea monet cum Lapithis rixa super mero

par dessus le vin. Nous le rappelle Évius sans indulgence pour les Sithoniens,

debellata, monet Sithoniis non leuis Euhius,

quand il n’y a plus du bien au mal que la mince frontière des désirs

cum fas et nefas exiguo fine libidinum 10

dans l’avidité brute. Et moi, radieux Bassaréus,

discernunt auidi. Non ego te, candide Bassareu,

je ne te brandirai pas contre ton gré. Ce qui se cache sous des feuillages bigarrés

inuitum quatiam nec uariis obsita frondibus

je ne l’exposerai pas au grand jour. Retiens les sauvages tambourins

sub diuum rapiam. Sæua tene cum Berecyntio

et le cor bérécyntien qui entraînent à leur suite l’aveugle amour de soi,

cornu tympana, quæ subsequitur cæcus amor sui,

la vanité redressant jusqu’à l’excès sa tête pleine d’illusion,

et tollens uacuum plus nimio gloria uerticem 15

et une foi prodigue du secret, plus transparente que le verre.

arcanique fides prodiga perlucidior uitro.


Vers asclépiade majeur.


[1On admet que ce Varus est Quintilius Varus, le poète ami de Virgile (voir Ode I, 24). Ce premier vers est une traduction exacte d’Alcée (fragm. 44 Bergk).

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