Accueil > Traductions > Latin > Horace > Odes > Odes I > Horace, Odes I 18 | Visages de Bacchus
Horace, Odes I 18 | Visages de Bacchus
mardi 15 mai 2012, par
Varus, tu ne planteras aucun arbre de préférence à la vigne sacréecar le dieu l’a annoncé, tout pèse à qui pratique l’abstinence, etil n’est pas d’autre moyen pour dissiper les mordantes inquiétudes.Qui s’épanche, après le vin, sur la dureté de la vie militaire ou de la pauvreté ?Mais Liber a de la mesure, et qu’il ne faut pas abuser de ses dons,quand il n’y a plus du bien au mal que la mince frontière des désirsdans l’avidité brute. Et moi, radieux Bassaréus,je ne te brandirai pas contre ton gré. Ce qui se cache sous des feuillages bigarrésje ne l’exposerai pas au grand jour. Retiens les sauvages tambourinset le cor bérécyntien qui entraînent à leur suite l’aveugle amour de soi,la vanité redressant jusqu’à l’excès sa tête pleine d’illusion,et une foi prodigue du secret, plus transparente que le verre.
Lecture avec le texte latin
Varus [1], tu ne planteras aucun arbre de préférence à la vigne sacrée
Nullam, Vare, sacra uite prius seueris arborem
sur le sol de l’aimable région de Tibur, à l’entour des remparts de Catilus,
circa mite solum Tiburis et mœnia Catili,
car le dieu l’a annoncé, tout pèse à qui pratique l’abstinence, et
siccis omnia nam dura deus proposuit neque
il n’est pas d’autre moyen pour dissiper les mordantes inquiétudes.
mordaces aliter diffugiunt sollicitudines.
Qui s’épanche, après le vin, sur la dureté de la vie militaire ou de la pauvreté ?
Quis post uina grauem militiam aut pauperiem crepat ? 5
Qui ne préfère t’évoquer, Bacchus, ô père, ou toi, gracieuse Vénus ?
Quis non te potius, Bacche pater, teque, decens Venus ?
Mais Liber a de la mesure, et qu’il ne faut pas abuser de ses dons,
Ac ne quis modici transiliat munera Liberi
la dispute des Centaures et des Lapithes nous le rappelle, leur combat mortel
Centaurea monet cum Lapithis rixa super mero
par dessus le vin. Nous le rappelle Évius sans indulgence pour les Sithoniens,
debellata, monet Sithoniis non leuis Euhius,
quand il n’y a plus du bien au mal que la mince frontière des désirs
cum fas et nefas exiguo fine libidinum 10
dans l’avidité brute. Et moi, radieux Bassaréus,
discernunt auidi. Non ego te, candide Bassareu,
je ne te brandirai pas contre ton gré. Ce qui se cache sous des feuillages bigarrés
inuitum quatiam nec uariis obsita frondibus
je ne l’exposerai pas au grand jour. Retiens les sauvages tambourins
sub diuum rapiam. Sæua tene cum Berecyntio
et le cor bérécyntien qui entraînent à leur suite l’aveugle amour de soi,
cornu tympana, quæ subsequitur cæcus amor sui,
la vanité redressant jusqu’à l’excès sa tête pleine d’illusion,
et tollens uacuum plus nimio gloria uerticem 15
et une foi prodigue du secret, plus transparente que le verre.
arcanique fides prodiga perlucidior uitro.
Vers asclépiade majeur.
[1] On admet que ce Varus est Quintilius Varus, le poète ami de Virgile (voir Ode I, 24). Ce premier vers est une traduction exacte d’Alcée (fragm. 44 Bergk).