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Horace, Odes I 15 | La prophétie de Nérée
mercredi 9 mai 2012, par
Le berger traversait la mer sur ses vaisseaux de l’
Ida avec Hélène son hôtesse, enlevée par traîtrise.
Nérée fit tomber un calme intempestif sur les vents
impétueux, pour prophétiser l’
implacable destin : « Funestes auspices, tu conduis
chez toi une épouse que viendra rechercher la Grèce
avec une grande armée, liguée pour rompre tes noces
et l’antique royaume de Priam.
Hélas, hélas, tant de sueur sur les chevaux sur les
hommes ! Tant de morts pour les enfants de Dardanus
à cause de toi ! Déjà Pallas apprête son casque, l’
égide et son char, et sa rage.
En vain, avec l’air farouche d’un protégé de Vénus,
tu peigneras tes belles boucles et tu égrèneras des
chants au goût des femmes sur la cithare pacifique.
En vain dans l’alcôve nuptiale
tu croiras éviter les lourds javelots, la pointe d’
une flèche de Cnossos, le vacarme et la promptitude
d’Ajax, mais enfin, hélas, bien tard ! la poussière
salira tes cheveux d’adultère.
Retourne-toi ! Ne vois-tu pas le fils de Laërte, la
fin de ton peuple, ne vois-tu pas Nestor de Pylos ?
Ils sont sur tes pas, les braves sans peur : Teucer
de Salamine, Sthénélus, le bon
guerrier, capable au besoin de diriger les chevaux,
aurige vaillant, Mérion aussi, tu le reconnaîtras !
Et là, animé du désir furieux de te retrouver, plus
fort que son père, terrifiant,
le fils de Tydée ! Tu le fuiras, comme le cerf fuit
le loup vu de l’autre côté du vallon oublieux de sa
pâture les jambes molles le souffle court. Cela, tu
ne l’as pas promis à ta belle.
La colère d’Achille, de sa flotte, retardera un peu
le dernier jour d’Ilion et des matrones de Phrygie.
Mais après le nombre fixé des hivers, le feu achéen
brûlera les palais de Troie. »
Lecture avec le texte latin
Le berger [1] traversait la mer sur ses vaisseaux de l’
Pastor cum traheret per freta nauibus
Ida avec Hélène son hôtesse, enlevée par traîtrise.
Idæis Helenen perfidus hospitam,
Nérée fit tomber un calme intempestif sur les vents
ingrato celeris obruit otio
impétueux, pour prophétiser l’
uentos ut caneret fera
implacable destin : « Funestes auspices, tu conduis
Nereus fata : "Mala ducis aui domum 5
chez toi une épouse que viendra rechercher la Grèce
quam multo repetet Græcia milite,
avec une grande armée, liguée pour rompre tes noces
coniurata tuas rumpere nuptias
et l’antique royaume de Priam.
et regnum Priami uetus.
Hélas, hélas, tant de sueur sur les chevaux sur les
Heu, heu, quantus equis quantus adest uiris
hommes ! Tant de morts pour les enfants de Dardanus
sudor ! quanta moues funera Dardanæ 10
à cause de toi ! Déjà Pallas apprête son casque, l’
genti ! Iam galeam Pallas et ægida
égide et son char, et sa rage.
currusque et rabiem parat.
En vain, avec l’air farouche d’un protégé de Vénus,
Nequicquam Veneris præsidio ferox
tu peigneras tes belles boucles et tu égrèneras des
pectes cæsariem grataque feminis
chants au goût des femmes sur la cithare pacifique.
inbelli cithara carmina diuides, 15
En vain dans l’alcôve nuptiale
nequicquam thalamo grauis
tu croiras éviter les lourds javelots, la pointe d’
hastas et calami spicula Cnosii
une flèche de Cnossos, le vacarme et la promptitude
uitabis strepitumque et celerem sequi
d’Ajax, mais enfin, hélas, bien tard ! la poussière
Aiacem, tamen, heu serus ! adulteros
salira tes cheveux d’adultère.
crines puluere collines. 20
Retourne-toi ! Ne vois-tu pas le fils de Laërte, la
Non Laertiaden, exitium tuæ
fin de ton peuple, ne vois-tu pas Nestor de Pylos ?
gentis, non Pylium Nestora respicis ?
Ils sont sur tes pas, les braves sans peur : Teucer
Vrgent inpauidi te Salaminius
de Salamine, Sthénélus, le bon
Teucer, te Sthenelus sciens
guerrier, capable au besoin de diriger les chevaux,
pugnæ, siue opus est imperitare equis 25
aurige vaillant, Mérion aussi, tu le reconnaîtras !
non auriga piger, Merionem quoque
Et là, animé du désir furieux de te retrouver, plus
nosces. Ecce furit te reperire atrox
fort que son père, terrifiant,
Tydides melior patre
le fils de Tydée ! Tu le fuiras, comme le cerf fuit
quem tu ceruus uti uallis in altera
le loup vu de l’autre côté du vallon oublieux de sa
uisum parte lupum graminis inmemor 30
pâture les jambes molles le souffle court. Cela, tu
sublimi fugies mollis anhelitu.
ne l’as pas promis à ta belle.
Non hoc pollicitus tuæ.
La colère d’Achille, de sa flotte, retardera un peu
Iracunda diem proferet Ilio
le dernier jour d’Ilion et des matrones de Phrygie.
matronisque Phrygum classis Achillei,
Mais après le nombre fixé des hivers, le feu achéen
post certas hiemes uret Achaicus 35
brûlera les palais de Troie. »
ignis Iliacas domos."
Strophe asclépiade A,
transposée en 3 x 51 + 30 caractères espaces comprises.
[1] Pâris