Accueil > Traductions > Latin > Virgile > Enéide > Énéide Livre V > Virgile, Énéide V, 641-663 | Les femmes d’Ilion
Virgile, Énéide V, 641-663 | Les femmes d’Ilion
mercredi 7 septembre 2022, par
Et en disant cela, la première, avec violence elle attrape un brandon et le pointe,
le lève haut dans sa main, de toutes ses forces le brandit
et le lance. Déconcertées et stupéfaites
sont les femmes d’Ilion. À ce moment l’une d’elles, la plus âgée de toutes,
Pyrgo, nourrice royale de tant de fils de Priam :645
"Ce n’est pas Béroé devant vous, ce n’est pas la Rhétéenne, mères !
ce n’est pas la femme de Doryclus ! Voyez les signes d’une beauté divine,
les yeux brûlants, cette assurance qu’elle a,
ce visage, le son de la voix, la façon de se déplacer !
Moi qui vous parle, je viens à l’instant de quitter Béroé,650
malade et fâchée d’être la seule à manquer
un tel événement, empêchée de rendre à Anchise l’hommage qu’il mérite."
Voilà ce qu’elle dit.
Mais les mères, d’abord hésitantes, les yeux remplis de haine,
regardaient les bateaux, partagées entre leur impuissant amour655
de cette terre offerte et le royaume où les appelait le destin,
quand la déesse sur ses deux ailes s’éleva à travers le ciel,
découpant dans sa fuite au-dessous des nuages un arc immense.
Alors, sous le choc des prodiges et poussées par la fureur,
criant toutes ensemble, elles pillent le feu sur les foyers sacrés,660
d’autres dépouillent les autels des feuilles, des branches et des torches
et les lancent. Vulcain à toute bride se déchaîne
parmi les bancs, les rames et le sapin des poupes historiées.