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avec Brigitte Célérier

Mieux vaut Horace

vendredi 3 mai 2013, par Brigitte Célérier

photo de Brigitte Célérier


"le paisible sommeil que ne repousse pas la petitesse des maisons de la campagne et une rive ombragée.."

sans respect pour les vers, oubliant l’ode (Horace III 1) qui parle de bien plus, elle est restée sur ces mots

elle a dérivé vers de vieux murs, l’humilité, la chaleur

elle a reposé les yeux sur l’ode, la traduction, elle se sentait un peu coupable, vaguement, et admirative surtout

mais, pour soi.... mettre en vers la maison dans l’herbe, l’herbe qui dégringole vers le ruisseau, quelques ajoncs, un saule, un soleil qui se meurt, la quiétude qui descend dans les membres.

(somnum reducent ;) somnus agrestium

lenis uirorum non humilis domos

fastidit umbrosamque ripam,

"le paisible sommeil que ne repousse pas la petitesse des maisons de la campagne et une rive ombragée.."

elle se replonge dans le cours de latin, et puis elle prend ses mots français et familiers, elle compte les voyelles, elle prononce, elle pense scansion, pieds purs, elle cherche les longues et les brèves, elle butte sur l’accent de son sud,

elle se grise des mots, des dactyles, des spondées, des trochées, des hexamètres dactyles, des pentamètres, des sénaires iambiques, des coupes penthémimères ou trihémimères, elle aime les diérèses, les synérèses, plus encore les hiatus –

elle découvre que son instinct est en défaut, elle s’entête un peu, elle se résigne à sa futilité.

Et pourtant umbrosamque ripam...

elle rêve poètes, elle dérive vers les coblas, les tornadas d’oc, elle glisse sur la translatio, sourit aux chansons de toile, s’arrête au virelai

Amis, suis dans le rêve d’une maison,

Amis, je la veux humble pour ma chanson,

Dans l’herbe, au bord de l’eau..

La veux pleine de miel, de joie, sans raison,

Douceur de se nicher en une humble maison

Dans l’herbe, au bord de l’eau..

Amis, sera simple et petiote chanson,

Je n’ai science ni raison – rêve maison

Dans l’herbe au bord de l’eau...

Elle rit, elle se dit qu’Horace et sa passeuse sont loin, elle se dit que les troubadours ne le sont pas moins, elle se dit que son mirliton est un peu trop longuement poussé, que n’a ni sens, ni rythme, ni chanson, que pauvret ne connaît pas la musique, que nigaud n’a rien à dire, que perdus se sont les herbes, la rive, les saules, les cailloux dans l’eau verte

Elle lit Horace qui parle, bien, de toute autre chose. Elle reprend, savoure les autres odes, épodes, satires... du moins ses préférées, et constate que ce sont presque toutes.


Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… "Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre."

Aujourd’hui avec Brigitte Célérier, brigetoun sur twitter, nous échangeons nos lieux, elle brode ici sur une rive ombragée chère à Horace, je tricote là-bas avec les mots choisis dans Paumée.Travaux de dames.

Et c’est toujours Brigitte qui vous permet de retrouver chaque mois la liste de tous les participants aux vases communicants.

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