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avec Maryse Hache

Aimer les roses

vendredi 7 septembre 2012, par Maryse Hache

de Maryse Hache ce poème en strophes sapphiques

sur les bancs de l’école il entra par le
bosquet de l’étymologie il y a
donc une langue dormante sous la langue
déterrer racines

chasse au trésor un jardin à fleur de mots
on l’entendit et le récita très tôt
introibo ad altare dei qui
laetificat

juventutem meam pater noster qui
est in coelis
(et aussi à la maison)
agnus dei qui tollis les peccata
ite missa est

vlan claquoir de la mèr’sup genouillez-vous
réceptacle fumant se balance au bout
d’une chaîne - ah encensoir ! - dona eis
requiem
parfum

puis ce fut puella de onze ans rosa
rosa
décliner (sicut umbram vita
fugit
) conjuguer amo amas amat
donc aimer les roses

les règles de grammaire petitmangin
devant si nisi ne num cum an ubi
ut quo quando
tout mot qui commence par
ali perd ali

(rien pour baba) carthago delenda est
— pourquoi - puis guerre des gaules - rien compris
à rien du tout (ni détails) suis pas stratège
docile je poursuis

c’est lhomond de viris illustribus de
senectute
ciceron m’enfonce dans
taillis gaffiot et cueille ce que je peux
bouquet insensé

et puis un jour elle entre incarnat aux lèvres
aux ongles brune aux yeux noirs et talons hauts
hodie nous étudierons horace ô
fons bandusiae

et soudain finies les conquêtes guerrières
même traduits les textes restaient obscurs
fini le fouillis des taillis du gaffiot
tout allait changer

et soudain finie l’enfance et son latin
en sacrements confiteor ostensoir
chasubles et tabernacle liturgie
s’efface la messe

et soudain un autre monde ouvre des ailes
sentiment d’un extérieur géographique
engouffré dans ces vers comme une fraîcheur
en rituel lumière

le latin devient langue de grands espaces
le latin devient sève et poésie source
de verts archaïsmes latin se déploie
rien n’est mort tout vit

à toi belle carlès venue éveiller
mon latin de rien ta fons splendidior
vitro
et ses eaux bondissantes sautoir
grâces et louanges


Ce que sont les vases communicants, vous l’aurez compris, je crois, même si vous ne les connaissiez pas avant :

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… "Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre."

Maryse Hache, dont vous venez de lire le texte, fait un merveilleux travail de poète sur son blog Semenoir. Chez elle entrez, ouvrez les portes, voyez la baleine et les clowns.

Maryse a adapté ici en français la strophe sapphique, empruntée à Horace qui l’emprunta aux lyriques grecs : trois vers de onze syllabes et un quatrième de cinq syllabes.

Je suis honorée et touchée de son invitation, au-dela des mots. Ma contribution se trouve ici.

Grâce à la généreuse attention de Brigitte Célerier vous pouvez retrouver ici la liste de tous les vases communicants de septembre.

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