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Horace, Épodes 13 | Tant que nous sommes jeunes
samedi 15 septembre 2012, par
Une âpre tempête resserre le ciel. Il tombe des averses de pluie
et de neige en cortège à Jupiter. La mer, les forêts tour à tour
résonnent du grondement de l’Aquilon de Thrace. Ravissons, amis,
l’occasion au jour, et, tant que nos genoux sont verts, tant qu’
il nous sied, que prenne congé la vieillesse au front assombri !
Toi, fais monter un vin pressé l’année de Torquatus, mon consul,
laisse de côté tout le reste, n’en parle pas : un dieu peut-être
rétablira la situation par un tour favorable du sort. Maintenant
place au plaisir de s’arroser de nard achéménien et, sur la lyre
du Cyllène, le plaisir de soulager les cœurs des funestes soucis
comme le prophétisa l’illustre centaure à son élève déja grand :
« Invincible enfant mortel né d’une déesse, fils de Thétis, elle
t’attend, la terre d’Assaracus, que les courants glacés du petit
Scamandre sillonnent, et le Simoïs aux méandres fuyants. Mais le
retour de là-bas pour toi les Parques dans leur trame définitive
l’ont rompu et ta mère céruléenne ne te remportera pas chez toi.
Là-bas souviens-toi d’alléger tous les maux par le vin et par le
chant, douces consolations apportées au chagrin, à sa laideur. »
Lecture avec le texte latin
Une âpre tempête resserre le ciel. Il tombe des averses de pluie
Horrida tempestas caelum contraxit et imbres
et de neige en cortège à Jupiter [1]. La mer, les forêts tour à tour
niuesque deducunt Iouem ; nunc mare, nunc siluae
résonnent du grondement de l’Aquilon de Thrace. Ravissons, amis,
Threicio Aquilone sonant. rapiamus, amici,
l’occasion au jour, et, tant que nos genoux sont verts, tant qu’
Occasionem de die dumque uirent genua
il nous sied, que prenne congé la vieillesse au front assombri !
5 et decet, obducta soluatur fronte senectus.
Toi, fais monter un vin pressé l’année de Torquatus, mon consul,
tu uina Torquato moue consule pressa meo.
laisse de côté tout le reste, n’en parle pas : un dieu peut-être
cetera mitte loqui : deus haec fortasse benigna
rétablira la situation par un tour favorable du sort. Maintenant
reducet in sedem uice. nunc et Achaemenio
place au plaisir de s’arroser de nard achéménien et, sur la lyre
perfundi nardo iuuat et fide Cyllenea
du Cyllène, le plaisir de soulager les cœurs des funestes soucis
10 leuare diris pectora Sollicitudinibus,
comme le prophétisa l’illustre centaure à son élève déja grand :
nobilis ut grandi cecinit Centaurus alumno :
« Invincible enfant mortel né d’une déesse, fils de Thétis, elle
’inuicte, mortalis dea nate puer Thetide,
t’attend, la terre d’Assaracus, que les courants glacés du petit
te manet Assaraci tellus, quam frigida parui
Scamandre sillonnent, et le Simoïs aux méandres fuyants. Mais le
findunt Scamandri flumina lubricus et Simois,
retour de là-bas pour toi les Parques dans leur trame définitive
15 unde tibi reditum certo subtemine Parcae
l’ont rompu et ta mère céruléenne ne te remportera pas chez toi.
rupere, nec mater domum caerula te reuehet.
Là-bas souviens-toi d’alléger tous les maux par le vin et par le
illic omne malum uino cantuque leuato,
chant, douces consolations apportées au chagrin, à sa laideur. »
deformis aegrimoniae dulcibus adloquiis.’
Cette épode emprunte une combinaison qu’elle est seule à illustrer : un hexamètre dactylique suivi d’un vers "iambélégiaque", c’est-à dire composé d’un quaternaire iambique suivi d’un ternaire dactylique incomplet (catalectique). Ceci est à comparer avec Horace, Épode 11 (Brûlures d’amour) (vers "élégiambique" vs vers "iambélégiaque").
La transposition est faite ici en vers justifiés d’égale longueur (64 caractères espaces comprises), présentés simplement avec un léger décalage, car je n’ai pas trouvé mieux pour rendre justice aux deux vers différents composant le distique.
[1] imbres / Niuesque deducunt Iouem mot à mot "la pluie et la neige font descendre / conduisent vers le bas Jupiter".
Messages
1. Horace, Épodes 13 | Tant que nous sommes jeunes, 20 octobre 2022, 17:41, par Politzer Michel
Je pense que UINO dans illic omne malum uino cantuque leuato, veut dire VIN n’est-ce pas VINO ?
J’écris une nouvelle dans laquelle je cite Horace et je dois donner la traduction
MERCI DE ME RENSEIGNER
2. Horace, Épodes 13 | Tant que nous sommes jeunes, 18 mars 2023, 16:38, par Danielle Carlès
En effet, uino ou vino, selon l’orthographe adoptée, il s’agit bien du vin. Veuillez m’excuser pour le retard mis à répondre. J’étais empêchée depuis ce temps.