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Horace, Épodes 15 | C’était la nuit et la lune brillait
mardi 16 octobre 2012, par
C’était la nuit et la lune brillait dans un ciel sans nuagesparmi les astres plus petits.Toi, prête à offenser la puissance des grands dieux,tu me jurais avec mes propres mots,5 m’enlaçant plus étroitement que le lierre tient un grand chêneserré dans ses bras souples :aussi longtemps que le loup serait hostile au bétail et Orion aux marins,bouleversant la mer hivernale,et que la brise agiterait les longs cheveux d’Apollon,10 notre amour serait réciproque,ô Néère, prête à souffrir beaucoup par mon courage !car s’il y a quelque chose d’un homme dans Flaccus,il ne supportera pas que tu donnes toutes tes nuits à un autre préféréet sa colère le poussera à rechercher une qui lui ressemble,15 et pas une fois sa fermeté ne cèdera devant ton odieuse beauté,dès lors qu’une vraie douleur l’aura transpercé.Et toi, qui que tu sois, plus heureux que moi, et qui vas maintenantte glorifiant de mon malheur,tu pourras bien être riche à foison de troupeaux et de terres20 et le Pactole couler pour toi,avoir percé les mystères de Pythagore réincarnéet éclipser la beauté de Nirée,las, las, tu pleureras tes amours en allées vers un autre,mais moi, à mon tour, je rirai.
Lecture avec le texte latin
C’était la nuit et la lune brillait dans un ciel sans nuages
Nox erat et caelo fulgebat Luna sereno
parmi les astres plus petits.
inter minora sidera,
Toi, prête à offenser la puissance des grands dieux,
cum tu, magnorum numen laesura deorum,
tu me jurais avec mes propres mots,
in uerba iurabas mea,
m’enlaçant plus étroitement que le lierre tient un grand chêne
5 artius atque hedera procera adstringitur ilex
serré dans ses bras souples :
lentis adhaerens bracchiis ;
aussi longtemps que le loup serait hostile au bétail et Orion aux marins,
dum pecori lupus et nautis infestus Orion
bouleversant la mer hivernale,
turbaret hibernum mare,
et que la brise agiterait les longs cheveux d’Apollon,
intonsosque agitaret Apollinis aura capillos,
notre amour serait réciproque,
10 fore hunc amorem mutuom,
ô Néère, prête à souffrir beaucoup par mon courage !
o dolitura mea multum uirtute Neaera :
car s’il y a quelque chose d’un homme dans Flaccus,
nam siquid in Flacco uiri est,
il ne supportera pas que tu donnes toutes tes nuits à un autre préféré
non feret adsiduas potiori te dare noctes
et sa colère le poussera à rechercher une qui lui ressemble,
et quaeret iratus parem
et pas une fois sa fermeté ne cèdera devant ton odieuse beauté,
15 nec semel offensae [1] cedet constantia formae,
dès lors qu’une vraie douleur l’aura transpercé.
si certus intrarit dolor.
Et toi, qui que tu sois, plus heureux que moi, et qui vas maintenant
et tu, quicumque es felicior atque meo nunc
te glorifiant de mon malheur,
superbus incedis malo,
tu pourras bien être riche à foison de troupeaux et de terres
sis pecore et multa diues tellure licebit
et le Pactole couler pour toi,
20 tibique Pactolus fluat
avoir percé les mystères de Pythagore réincarné
nec te Pythagorae fallant arcana renati
et éclipser la beauté de Nirée,
formaque uincas Nirea,
las, las, tu pleureras tes amours en allées vers un autre,
heu heu, translatos alio maerebis amores,
mais moi, à mon tour, je rirai.
ast ego uicissim risero.
Un hexamètre dactylique suivi d’un quaternaire ïambique.
[1] Je retiens avec F. Villeneuve (C.U.F.) la leçon offensae des manuscrits contre la correction "offensi".