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Horace, Épodes 12 | La femme éléphant
mardi 11 septembre 2012, par
Que prétends-tu, femme bien faite pour les noirs éléphants ?Pourquoi m’envoies-tu des cadeaux, des messages,à moi, jeune homme sans vigueur, et qui n’a pas le nez bouché ?Oui, moi seul ai le flair si aiguisé que je sens la présence5 d’un polype ou le bouc atroce qui loge sous tes aisselles velues,mieux qu’un chien haletant détecte la cachette d’un pourceau.Quelle sueur se dégage de tous ses membres rancis etquelle mauvaise odeur, si le pénis se relâche,et qu’elle s’active pour apaiser sa rage inassouvie, quand son blanc10 détrempé ne tient plus, ni la couleur du fardà base de fiente de crocodile et que dans son rut bestialelle fait tomber le ciel de lit et les couvertures,ou encore quand elle s’attaque à mon dégoût avec des mots rageurs :« Avec Inachia tu n’es pas si mou qu’avec moi !15 Inachia, tu peux trois fois dans la nuit, pour moi toujoursau premier effort tu te ramollis. Que la male mort emporteLesbie, je cherchais un taureau et elle m’a conseillé un impuissant !Dire qu’Amyntas de Coos était tout à moi,et son membre plus fermement planté sur son aine infatigable20 qu’un jeune arbre sur la colline !Ces toisons de laine deux fois teintes à la pourpre de Tyrpour qui étaient-elles impatiemment préparées ? Pour toi bien sûr,pour qu’aucun autre convive de ton âge ne soitplus choyé par sa femme que toi.25 Oh que je suis malheureuse, tu me fuis comme la brebis s’effraiedes loups voraces et la chèvre des lions ! »
Lecture avec le texte latin
Que prétends-tu, femme bien faite pour les noirs éléphants ?
Quid tibi uis, mulier nigris dignissima barris ?
Pourquoi m’envoies-tu des cadeaux, des messages,
munera quid mihi quidue tabellas
à moi, jeune homme sans vigueur [1], et qui n’a pas le nez bouché ?
mittis nec firmo iuueni neque naris obesae ?
Oui, moi seul ai le flair si aiguisé que je sens la présence
namque sagacius unus odoror,
5 d’un polype ou le bouc atroce qui loge sous tes aisselles velues,
5 polypus an grauis hirsutis cubet hircus in alis
mieux qu’un chien haletant détecte la cachette d’un pourceau.
quam canis acer ubi lateat sus.
Quelle sueur se dégage de tous ses membres rancis et
qui sudor uietis et quam malus undique membris
quelle mauvaise odeur, si le pénis se relâche,
crescit odor, cum pene Soluto
et qu’elle s’active pour apaiser sa rage inassouvie, quand son blanc
indomitam properat rabiem sedare, neque illi
10 détrempé ne tient plus, ni la couleur du fard
10 iam manet umida creta colorque
à base de fiente de crocodile et que dans son rut bestial
stercore fucatus crocodili iamque subando
elle fait tomber le ciel de lit et les couvertures,
tenta cubilia tectaque rumpit.
ou encore quand elle s’attaque à mon dégoût avec des mots rageurs :
uel mea cum saeuis agitat fastidia uerbis :
« Avec Inachia tu n’es pas si mou qu’avec moi !
’Inachia langues minus ac me ;
15 Inachia, tu peux trois fois dans la nuit, pour moi toujours
15 Inachiam ter nocte potes, mihi Semper ad unum
au premier effort tu te ramollis. Que la male mort emporte
mollis opus. pereat male quae te
Lesbie, je cherchais un taureau et elle m’a conseillé un impuissant !
Lesbia quaerenti taurum monstrauit inertem.
Dire qu’Amyntas de Coos était tout à moi,
cum mihi Cous adesset Amyntas,
et son membre plus fermement planté sur son aine infatigable
cuius in indomito constantior inguine neruos
20 qu’un jeune arbre sur la colline !
20 quam noua collibus arbor inhaeret.
Ces toisons de laine deux fois plongée dans la pourpre de Tyr
muricibus Tyriis iteratae uellera lanae
pour qui étaient-elles impatiemment préparées ? Pour toi bien sûr,
cui properabantur ? tibi nempe,
pour qu’aucun autre convive de ton âge ne soit
ne foret aequalis inter conuiua, magis quem
plus choyé par sa femme que toi.
diligeret mulier sua quam te.
25 Oh que je suis malheureuse, tu me fuis comme la brebis s’effraie
25 o ego non felix, quam tu fugis, ut pauet acris
des loups voraces et la chèvre des lions ! »
agna lupos capreaeque leones !’
Le distique employé ici par Horace se compose d’un hexamètre dactylique suivi d’un quaternaire dactylique.
Il s’agit de la seule épode sur ce modèle, mais deux odes le sont également : Ode I, 7 (Conseils sibyllins à Plancus) et Ode I, 28 (Une seule fois sur le chemin de la mort).
[1] Lisant cette épode, n’oublions pas que le surnom d’Horace est Flaccus "le flasque" (cf. français "flaccide").