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Depuis des années j’offre ici en lecture mes traductions originales de textes d’Horace et de Virgile. On trouvera aussi un peu de grec ancien, Pindare, grâce à mon invitée. [Traductions – Textes]. L’œuvre complète d’Horace a fait l’objet d’une publication en deux volumes chez Publie.net [Publications], dans encore d’autres traductions que celles que vous pouvez lire ici. C’est maintenant l’Énéide qui est chantier. Le besoin de mettre ma longue pratique en perspective s’est accru ces dernières années [Traduire]. La rubrique est nouvelle. Elle va s’enrichir peu à peu. Il y a aussi de belles surprises, des échanges contemporains et des haïku en latin sous le titre austère des [Archives]. Danielle Carlès

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Virgile, Énéide VI, 724-751 | Le cycle des âmes

vendredi 28 octobre 2022, par Danielle Carlès

« Pour commencer, le ciel et les terres, les plaines liquides,

le globe lumineux de la lune, les astres titaniens,725

en eux est un souffle qui les alimente. Répandue dans le moindre membre

une intelligence anime la totalité de la matière et se mélange avec ce grand corps.

De là viennent les espèces des hommes et des bêtes, les vies des êtres qui volent

et les monstres que porte la mer sous sa surface marmoréennes.

Tous possèdent le feu vital et sont d’extraction céleste730

du fait de leur origine pour autant que leur corps avec ses vices ne les gêne pas,

que ne les abrutissent pas leur terrestre carcasse, leur part mortelle.

D’où vient que les âmes connaissent la peur et le désir, la souffrance et la joie

et ne prennent plus garde au ciel, enfermées dans les ténèbres d’une aveugle prison.

Et même, une fois qu’au jour suprême la vie les a abandonnées,735

ceci pourtant n’entraîne pas pour ces malheureuses que tout le mal, tous les fléaux

liés au corps les quittent directement : il est inévitable qu’agrégés à elles si profondément,

en si grand nombre et depuis si longtemps, ils finissent par s’y enraciner d’une façon extraordinaire.

C’est pourquoi on les soumet à des châtiments et de leurs années de péché

elles purgent la peine : les unes planent dans le vide,740

exposées aux vents, tandis que pour d’autres au fond d’un vaste gouffre

le crime qui les infecte est lavé dans l’eau ou brûlé par le feu.

Chacun de nous subit ses propres mânes. Puis dans tout l’espace

de l’Élysée on nous laisse aller. Pour quelques-uns, nous restons à demeure dans ces champs heureux,

jusqu’à ce qu’une longue journée, l’orbe du temps accompli,745

fasse disparaître toute souillure agrégée et laisse dans sa pureté

l’intelligence éthérée, le feu du souffle primitif.

Mais toutes celles que tu vois ici, lorsque pendant mille ans leur roue a tourné,

un dieu les convoque auprès du fleuve Léthé en grandes légions,

pour qu’elles retournent, bien entendu sans mémoire, voir la voûte d’en haut,750

pour que renaisse leur désir de s’unir à un corps. »

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