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Depuis des années j’offre ici en lecture mes traductions originales de textes d’Horace et de Virgile. On trouvera aussi un peu de grec ancien, Pindare, grâce à mon invitée. [Traductions – Textes]. L’œuvre complète d’Horace a fait l’objet d’une publication en deux volumes chez Publie.net [Publications], dans encore d’autres traductions que celles que vous pouvez lire ici. C’est maintenant l’Énéide qui est chantier. Le besoin de mettre ma longue pratique en perspective s’est accru ces dernières années [Traduire]. La rubrique est nouvelle. Elle va s’enrichir peu à peu. Il y a aussi de belles surprises, des échanges contemporains et des haïku en latin sous le titre austère des [Archives]. Danielle Carlès

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Virgile, Énéide VI, 580-607 | Dans le tréfonds du gouffre

mardi 18 octobre 2022, par Danielle Carlès

Ici l’antique engeance de la Terre, les jeunes forces des Titans,580

précipités par la foudre, roulent dans le tréfonds du gouffre.

Ici j’ai vu aussi les jumeaux Aloïdes, leurs gigantesques

corps, eux qui de leurs mains en vinrent à forcer le passage vers le grand ciel,

à vouloir chasser Jupiter du royaume d’en haut.

Et j’ai vu Salmonée purgeant une cruelle peine.585

Singeant les flammes de Jupiter et le tonnerre de l’Olympe,

cet homme porté par quatre chevaux agitait un flambeau

et parmi les peuples de la Grèce et dans sa ville du centre de l’Élide

il allait en triomphe et réclamait pour lui les honneurs dus aux dieux,

un fou ! qui croyait imiter les nuages et la foudre inimitable590

par le martèlement de l’airain et de la corne aux pieds des chevaux.

Mais le Père tout-puissant au sein des épaisses nuées

fit tournoyer son trait – et lui, ce n’était pas une torche ni la fumeuse

lumière d’un brandon – et le précipita vers l’abîme dans un prodigieux tourbillon.

Et il y avait aussi Tityos, nourrisson de la Terre mère de toutes choses,595

qu’on pouvait voir : son corps sur neuf jugères entiers

s’étend en longueur et de son bec crochu un énorme vautour

dévorant son foie immortel et, prolifiques de supplices,

ses entrailles, le fouille pour s’en nourrir et niche sous sa profonde

poitrine, sans jamais aucun répit car les tissus se régénèrent.600

Vais-je parler des Lapithes, d’Ixion et de Pirithoüs ?

Au-dessus de leurs têtes un noir silex sur le point de glisser, déjà en train de tomber,

dirait-on, les menace. Brillent sur les hauts lits de fête

les dorures des bois, des mets devant eux sont servis

dans un luxe royal. L’aînée des Furies tout contre eux605

s’allonge et empêche leurs mains d’atteindre les tables,

puis elle se lève, dressant sa torche, et gronde d’une bouche de tonnerre.

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