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Virgile, Énéide VI, 703-723 | Le fleuve Léthé
jeudi 27 octobre 2022, par
Cependant Énée voit dans la vallée à l’écart
un bois isolé, un bruissant enchevêtrement d’arbustes
et le fleuve Léthé qui coule le long de ces lieux paisibles.705
Autour de celui-ci volaient d’innombrables nations, des peuples entiers,
et, de même que dans les près lorsque les abeilles aux beaux jours de l’été
se posent sur les fleurs colorées et tout autour des lis blancs
se dispersent, toute la plaine bourdonne de leur mumure.
À ce spectacle imprévu l’effroi le saisit et il s’interroge sur sa raison,710
car lui, Énée, l’ignore totalement : quel est ce fleuve là-bas,
que sont ces hommes qui remplissent ses rives en si grande foule ?
Alors Anchise Père : « Les âmes auxquelles le destin
assigne un nouveau corps viennent aux bords du fleuve du Léthé
boire l’eau de la quiétude, celle des longs oublis.715
Et celles-ci que tu vois, je veux justement t’en parler et te les montrer face à face
depuis un bon moment, cette lignée des miens, je veux pour toi en faire la revue,
afin qu’avec moi tu te réjouisses d’autant plus d’avoir retrouvé l’Italie. »
« Ô père, faut-il croire qu’il y a des âmes qui remontent d’ici
vers le ciel, qui retournent à nouveau à la pesanteur720
des corps ? Quel est pour ces malheureux un tel sinistre désir de la lumière du jour ? »
« Je vais te le dire, je ne te laisserai pas dans l’incertitude, mon fils. »
reprend Anchise et il expose chaque point dans l’ordre.