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Depuis des années j’offre ici en lecture mes traductions originales de textes d’Horace et de Virgile. On trouvera aussi un peu de grec ancien, Pindare, grâce à mon invitée. [Traductions – Textes]. L’œuvre complète d’Horace a fait l’objet d’une publication en deux volumes chez Publie.net [Publications], dans encore d’autres traductions que celles que vous pouvez lire ici. C’est maintenant l’Énéide qui est chantier. Le besoin de mettre ma longue pratique en perspective s’est accru ces dernières années [Traduire]. La rubrique est nouvelle. Elle va s’enrichir peu à peu. Il y a aussi de belles surprises, des échanges contemporains et des haïku en latin sous le titre austère des [Archives]. Danielle Carlès

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Virgile, Énéide VI, 42-76 | La prière d’Énée

mardi 20 septembre 2022, par Danielle Carlès

Le flanc de la roche eubéenne est creusé en une grotte immense

où mènent cent larges accès, cent portes

d’où jaillissent autant de voix, les oracles de la Sibylle.

On était arrivé sur le seuil, quand la vierge : « C’est le moment45

d’interroger le destin, dit-elle, le dieu, voici le dieu ! » Et en prononçant ces mots

devant l’entrée soudain ni son visage ni son teint

ni l’arrangement de sa chevelure elle ne conserva, mais sa poitrine haletante

et son cœur sauvage se gonflent de rage, elle semble plus grande

et n’a plus une voix de mortelle, quand l’inspire la puissance50

maintenant toute proche du dieu. « Tu tardes à offrir tes vœux et tes prières,

Troyen Énée, dit-elle ? Tu tardes ? Sache qu’avant cela ne s’ouvriront pas

les grandes bouches de la demeure possédée. » Et sur ces mots

elle se tut. Glacé jusqu’aux os durs des Teucriens courut

un tremblement, et le roi épancha cette prière du fond de son cœur :55

« Phébus, toujours compatissant aux graves souffrances de Troie,

toi qui as dirigé les traits dardaniens de Pâris et sa main

pour atteindre le corps de l’Éacide, sur tant de mers bordant de grandes terres

je suis allé sous ta conduite, jusqu’à la nation profondément reculée

des Massyles, jusqu’aux territoires qui s’étendent devant les Syrtes,60

mais voici enfin que nous atteignons les bords de l’Italie qui nous fuyait,

puisse la fortune de Troie nous avoir suivis seulement jusque-là !

À vous aussi il est permis maintenant de faire grâce au peuple de Pergame,

dieux et déesses, vous tous pour qui Ilion fut un obstacle ainsi que l’immense

gloire dardanienne. Et toi, ô très sainte prophétesse,65

qui a prescience de l’avenir, dit-nous – je ne réclame aucun royaume

sur lequel mon destin n’aurait pas de droit – que les Teucriens vont s’établir au Latium

avec leurs dieux errants et les divinités tourmentées de Troie.

Alors à Phébus et à Trivia un temple de marbre massif

j’élèverai, avec des jours de fêtes en l’honneur de Phébus.70

Toi aussi un grand sanctuaire t’attend dans notre royaume.

J’y déposerai tes oracles et le secret destin

annoncé à mon peuple et j’y consacrerai des hommes choisis,

ô mère. Seulement ne confie pas tes prophéties à des feuilles ,

de peur qu’elles ne volent et se mélangent, jouets des vents rapides.75

Chante-les toi-même, je t’en prie. » Sur ces mots de sa bouche il s’arrêta de parler.

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