En ce moment

Depuis des années j’offre ici en lecture mes traductions originales de textes d’Horace et de Virgile. On trouvera aussi un peu de grec ancien, Pindare, grâce à mon invitée. [Traductions – Textes]. L’œuvre complète d’Horace a fait l’objet d’une publication en deux volumes chez Publie.net [Publications], dans encore d’autres traductions que celles que vous pouvez lire ici. C’est maintenant l’Énéide qui est chantier. Le besoin de mettre ma longue pratique en perspective s’est accru ces dernières années [Traduire]. La rubrique est nouvelle. Elle va s’enrichir peu à peu. Il y a aussi de belles surprises, des échanges contemporains et des haïku en latin sous le titre austère des [Archives]. Danielle Carlès

Accueil > Traductions - Textes > Latin > Virgile > Enéide > Énéide Livre VI > Virgile, Énéide VI, 295-316 | Charon

Virgile, Énéide VI, 295-316 | Charon

lundi 3 octobre 2022, par Danielle Carlès

De là part une voie qui mène aux eaux de l’Achéron du Tartare.295

C’est, ici, un gouffre vaseux qui bouillonne de fange en d’énormes remous.

Et il recrache dans le Cocyte toute cette boue.

Un passeur effroyable garde ces eaux et les fleuves,

Charon, d’une saleté repoussante. Sur son menton des touffes

de poils blancs broussailleux végètent, ses yeux de flamme restent fixes,300

un manteau malpropre attaché d’un nœud pend sur ses épaules.

Il pousse lui-même sa barque avec une perche et règle les voiles,

et dans son esquif couleur de fer [1] il transporte des corps,

vieux, oui, mais sa vieillesse sanguine et verte est celle d’un dieu.

Vers lui toute une foule répandue au bord des rives se ruait,305

des mères, des hommes, les corps, leur vie achevée,

de héros au grand cœur, des garçons, des filles encore vierges,

des jeunes gens mis au bûcher sous les yeux de leurs parents,

aussi nombreux que dans les forêts au premier froid de l’automne

les feuilles se détachent et tombent ou, touchant terre depuis la haute mer,310

aussi nombreux que les oiseaux se regroupent quand la saison froide

les chasse au-delà des mers et les invite à gagner les pays ensoleillés.

Ils se tenaient là, suppliant de monter les premiers pour traverser,

et ils tendaient leurs mains dans leur désir de l’autre rive.

Mais l’impitoyable batelier en accepte certains, tantôt ici, tantôt là,315

tandis qu’il écarte les autres et les repousse loin du bord.

← Vers précédents Virgile, Énéide VI, 282-294 | Illusions
Vers suivants → Virgile, Énéide VI, 317-332 | L’injustice du sort

[1J’avais d’abord traduit ferruginea "de rouille", mais en oubliant que plus loin, au vers 410, la poupe est dite caeruleam c’est-à-dire d’un bleu foncé. Je modifie en conséquence.

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.