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Horace, Odes III 16 | Ceux qui ne désirent rien
dimanche 7 septembre 2014, par
Enfermée, Danaé, une tour d’airain,les portes de chêne rouvre et la veille des chiens,sentinelles impitoyables, étaient de force à la protégercontre un amant de la nuit,si Acrisius toutefois, de la vierge dissimuléen’avaient berné : oui, un chemin sans danger s’ouvrirait audieu transformé en précieuse monnaie.L’or se fait un chemin au milieu de la gardeet transperce les murs de pierres, il aime ça, plus puissantqu’un coup de la foudre. S’effondra la maison du devind’Argos pour l’amour du lucre,plongée dans le désastre. Il fit voler en éclat les portesdes villes, le chef de Macédoine, et s’écrouler ses rivauxà la couronne par des cadeaux. Les cadeaux sur les naviresdes farouches capitaines jettent le grappin.Dans l’accroissement des biens, le souci accompagne l’argent,et la faim de toujours davantage. Avec raison j’ai craintde relever ma tête à une hauteur attirant le regard,Mécène, honneur des chevaliers.Plus on aura montré de refus à posséder,plus on obtiendra des dieux. De ceux qui ne désirent rien,nu, je gagne le camp et, transfuge, des richesje quitte le parti, avec exultation,de ma méprisable fortune maître plus magnifiqueque si, tout ce que laboure, infatigable, l’Apulien,on disait de moi que je le cache au fond de mes greniers,avec d’immenses biens manquant de tout.Un ruisseau d’eau pure, quelques arpents de forêt,un petit peu, et l’assurance de mes propres moissons,celui qui tire sa splendeur de l’empire sur la fertile Afriquese trompe, le sort m’a fait plus riche.Bien que des abeilles calabraises ne produisent pas mon miel,que mon Bacchus dans une amphore lestrygoniennene vieillisse pas, que pour moi sur des pâturages gauloisd’épaisses toisons ne poussent pas,je suis loin cependant d’une incommode pauvreté,et si je voulais plus, tu n’en refuserais pas le don.En resserrant mes désirs je parviendrai mieuxà étendre mes petites rentesque si je rallongeais par le royaume d’Alyattèsles plaines mygdoniennes. À qui demande beaucoup,il manque beaucoup. Heureux celui à qui un dieu a offert,d’une main mesurée, juste ce qui suffit.
Lecture avec le texte latin
Enfermée, Danaé, une tour d’airain,
Inclusam Danaen turris aenea
les portes de chêne rouvre et la veille des chiens,
robustaeque fores et uigilum canum
sentinelles impitoyables, étaient de force à la protéger
tristes excubiae munierant satis
contre un amant de la nuit,
nocturnis ab adulteris
si Acrisius toutefois, de la vierge dissimulée
si non Acrisium, uirginis abditae5
le geôlier rempli de peur, Jupiter et Vénus
custodem pauidum, Iuppiter et Venus
n’avaient berné : oui, un chemin sans danger s’ouvrirait au
risissent : fore enim tutum iter et patens
dieu transformé en précieuse monnaie.
conuerso in pretium deo.
L’or se fait un chemin au milieu de la garde
Aurum per medios ire satellites
et transperce les murs de pierres, il aime ça, plus puissant
et perrumpere amat saxa potentius10
ictu fulmineo ; concidit auguris
qu’un coup de la foudre. S’effondra la maison du devin
Argiui domus ob lucrum
d’Argos pour l’amour du lucre,
plongée dans le désastre. Il fit voler en éclat les portes
demersa exitio ; diffidit urbium
des villes, le chef de Macédoine, et s’écrouler ses rivaux
portas uir Macedo et subruit aemulos
à la couronne par des cadeaux. Les cadeaux sur les navires
reges muneribus ; munera nauium15
des farouches capitaines jettent le grappin.
saeuos inlaqueant duces.
Dans l’accroissement des biens, le souci accompagne l’argent
Crescentem sequitur cura pecuniam
et la faim de toujours davantage. Avec raison j’ai craint
maiorumque fames. Iure perhorrui
de relever ma tête à une hauteur attirant le regard,
late conspicuum tollere uerticem,
Mécène, honneur des chevaliers.
Maecenas, equitum decus.20
Plus on aura montré de refus à posséder,
Quanto quisque sibi plura negauerit,
plus on obtiendra des dieux. De ceux qui ne désirent rien,
ab dis plura feret ; nil cupientium
nu, je gagne le camp et, transfuge, des riches
nudus castra peto et transfuga diuitum
je quitte le parti, avec exultation,
partis linquere gestio,
de ma méprisable fortune maître plus magnifique
contemptae dominus splendidior rei,25
que si, tout ce que laboure, infatigable, l’Apulien,
quam si quicquid arat inpiger Apulus
on disait de moi que je le cache au fond de mes greniers,
occultare meis dicerer horreis,
avec d’immenses biens manquant de tout.
magnas inter opes inops.
Un ruisseau d’eau pure, quelques arpents de forêt,
Purae riuus aquae siluaque iugerum
un petit peu, et l’assurance de mes propres moissons,
paucorum et segetis certa fides meae30
celui qui tire sa splendeur de l’empire sur la fertile Afrique
fulgentem imperio fertilis Africae
se trompe, le sort m’a fait plus riche.
fallit sorte beatior.
Bien que des abeilles calabraises ne produisent pas mon miel,
Quamquam nec Calabrae mella ferunt apes
que mon Bacchus dans une amphore lestrygonienne
nec Laestrygonia Bacchus in amphora
ne vieillisse pas, que pour moi sur des pâturages gaulois
languescit mihi nec pinguia Gallicis35
d’épaisses toisons ne poussent pas,
crescunt uellera pascuis,
je suis loin cependant d’une incommode pauvreté,
inportuna tamen pauperies abest,
et si je voulais plus, tu n’en refuserais pas le don.
nec, si plura uelim, tu dare deneges.
En resserrant mes désirs je parviendrai mieux
Contracto melius parua cupidine
à étendre mes petites rentes
uectigalia porrigam40
que si je rallongeais par le royaume d’Alyattès
quam si Mygdoniis regnum Alyattei
les plaines mygdoniennes. À qui demande beaucoup,
campis continuem. Multa petentibus
il manque beaucoup. Heureux celui à qui un dieu a offert,
desunt multa ; bene est cui deus obtulit
d’une main mesurée, juste ce qui suffit.
parca quod satis est manu.