Accueil > Traductions - Textes > Latin > Horace > Odes > Odes III > Horace, Odes III 11 | La gloire de mentir
Horace, Odes III 11 | La gloire de mentir
dimanche 31 août 2014, par
Mercure, car ton élève obéissant, maître,fit mouvoir, Amphion, des pierres avec son chant,et toi, carapace, à faire sonner les septcordes exercée,muette jadis et sans prestige, mais aujourd’huiaux tables des riches agréée ainsi que dans les temples,dites les airs auxquels Lydé prêterait attentiveses oreilles têtues,elle qui, semblable à la pouliche dans l’espace des plaines,joue bondissante et craint d’être approchée,vierge de toutes noces et froide encoreau désir d’un mâle.Toi, tu peux des tigres et des forêts en cortègete faire suivre et arrêter le cours rapide des rivières.Il céda, inhumain, à la douceur de tes caresses,le gardien à la porte,des serpents garnissent sa tête et malgrél’haleine ignoble et le pus qui se répandde sa gueule à triple langue.un sourire malgré eux, l’urne un instant est restéesèche, tandis que tu charmais les filles de Danaüsau bercement de ton chant.Que Lydé écoute le crime et l’exemplairechâtiment de ces jeunes filles : vide d’eauest la jarre, car elle coule et disparaît par le fond,à retardement vient le sortréservé aux crimes, jusque chez Orcus.Les impies – oui, qu’auraient-elles pu faire de pire ?les impies de leurs époux avaient pu d’un insensiblefer supprimer la vie.Une entre toutes, du flambeau nuptialseule digne, s’opposa à son père parjure,avec gloire menteuse et jeune filleillustre en tout temps.« Lève-toi, dit celle-ci au jeune homme, son mari,lève-toi, pour éviter qu’un long sommeil, venant d’où tu n’asnulle crainte, on ne t’inflige. À ton beau-père, à de scélératessœurs échappe,car elles sont comme des lionnes tombant sur des veaux,chacune, hélas, déchire le sien. Mais moi, plus qu’ellessensible, je ne te frapperai pas, ni derrièreles verrous ne te retiendrai.Que mon père cruellement me charge de chaînesparce que mon mari, clémente, le malheureux, j’ai épargné,qu’au fin fond des terres des Numides,par navire il me bannisse,va, là où tes pieds t’entraînent et les vents,à la faveur de la nuit et de Vénus, va, sous un heureuxprésage, et en mémoire de moi sur le tombeaufais graver des vers tristes. »
Lecture avec le texte latin
Mercure, car ton élève obéissant, maître,
Mercuri, nam te docilis magistro
fit mouvoir, Amphion, des pierres avec son chant,
mouit Amphion lapides canendo,
et toi, carapace, à faire sonner les sept
tuque testudo resonare septem
cordes exercée,
callida neruis,
muette jadis et sans prestige, mais aujourd’hui
nec loquax olim neque grata, nunc et
5
aux tables des riches agréée ainsi que dans les temples,
diuitum mensis et amica templis,
dites les airs auxquels Lydé prêterait attentive
dic modos, Lyde quibus obstinatas
ses oreilles têtues,
applicet auris,
elle qui, semblable à la pouliche dans l’espace des plaines,
quae uelut latis equa trima campis
joue bondissante et craint d’être approchée,
ludit exultim metuitque tangi,
10
vierge de toutes noces et froide encore
nuptiarum expers et adhuc proteruo
au désir d’un mâle.
cruda marito.
Toi, tu peux des tigres et des forêts en cortège
Tu potes tigris comitesque siluas
te faire suivre et arrêter le cours rapide des rivières.
ducere et riuos celeres morari ;
Il céda, inhumain, à la douceur de tes caresses,
cessit inmanis tibi blandienti
15
le gardien à la porte,
ianitor aulae
Cerbère, bien qu’à l’instar des Furies par centaine
Cerberus, quamuis furiale centum
des serpents garnissent sa tête et malgré
muniant angues caput eius atque
l’haleine ignoble et le pus qui se répand
spiritus taeter saniesque manet
de sa gueule à triple langue.
ore trilingui.
20
Bien plus, même Ixion, même Tityos ont affiché
Quin et Ixion Tityosque uoltu
un sourire malgré eux, l’urne un instant est restée
risit inuito, stetit urna paulum
sèche, tandis que tu charmais les filles de Danaüs
sicca, dum grato Danai puellas
au bercement de ton chant.
carmine mulces.
Que Lydé écoute le crime et l’exemplaire
Audiat Lyde scelus atque notas
25
châtiment de ces jeunes filles : vide d’eau
uirginum poenas et inane lymphae
est la jarre, car elle coule et disparaît par le fond,
dolium fundo pereuntis imo
à retardement vient le sort
seraque fata,
réservé aux crimes, jusque chez Orcus.
quae manent culpas etiam sub Orco.
Les impies – oui, qu’auraient-elles pu faire de pire ?
Impiae (nam quid potuere maius ?)
30
les impies de leurs époux avaient pu d’un insensible
impiae sponsos potuere duro
fer supprimer la vie.
perdere ferro.
Une entre toutes, du flambeau nuptial
Vna de multis face nuptiali
seule digne, s’opposa à son père parjure,
digna periurum fuit in parentem
splendide mendax et in omne uirgo35
avec gloire menteuse et jeune fille
illustre en tout temps.
nobilis aeuom,
« Lève-toi, dit celle-ci au jeune homme, son mari,
’Surge’, quae dixit iuueni marito,
lève-toi, pour éviter qu’un long sommeil, venant d’où
’surge, ne longus tibi somnus, unde
tu n’as nulle crainte, on ne t’inflige. À ton beau-père, à de scélérates
non times, detur ; socerum et scelestas
sœurs échappe,
falle sorores,
40
car elles sont comme des lionnes tombant sur des veaux,
quae uelut nactae uitulos leaenae
chacune, hélas, déchire le sien. Mais moi, plus qu’elles
singulos eheu lacerant. Ego illis
sensible, je ne te frapperai pas, ni derrière
mollior nec te feriam neque intra
les verrous ne te retiendrai.
claustra tenebo.
Que mon père cruellement me charge de chaînes45
Me pater saeuis oneret catenis,
parce que mon mari, clémente, le malheureux, j’ai épargné,
quod uiro clemens misero peperci,
qu’au fin fond des terres des Numides,
me uel extremos Numidarum in agros
par navire il me bannisse,
classe releget.
va, là où tes pieds t’entraînent et les vents,
I, pedes quo te rapiunt et aurae,
à la faveur de la nuit et de Vénus, va, sous un heureux
dum fauet Nox et Venus, i secundo
50
présage, et en mémoire de moi sur le tombeau
omine et nostri memorem sepulcro
fais graver des vers tristes. »
scalpe querellam.’
Voir en ligne : Une lecture de Horace, Ode III 11 | La gloire de mentir