Accueil > Traductions > Latin > Virgile > Enéide > Énéide Livre VI > Virgile, Énéide VI, 628-655 | La porte au bout du passage voûté
Virgile, Énéide VI, 628-655 | La porte au bout du passage voûté
vendredi 21 octobre 2022, par
Lorsqu’eut fini ce discours la prêtresse de Phébus aux longues années :
« Mais maintenant, allons, reprend ta route et achève ta mission.
Hâtons-nous, dit-elle. Voici les remparts sortis des forges des Cyclopes630
que j’aperçois et devant nous au bout du passage voûté la porte
où nous avons reçu l’ordre de déposer l’offrande que tu sais. »
Sur ces mot, ils s’enfoncent ensemble dans l’obscurité du chemin,
franchissent rapidement la distance et s’approchent de la porte.
Énée se hâte d’entrer : il asperge son corps635
d’eau fraîche et fixe le rameau sur le seuil devant lui.
Dès que ceci fut fait, quand fut accomplie la tâche dictée par la déesse,
les voici qui parvinrent aux riants paysages, à la charmante verdure
des bois fortunés, au séjour des bienheureux.
Ici l’éther est abondant et revêt les champs d’une lumière640
pourpre. Ils connaissent leur propre soleil, leurs propres astres.
Les uns sur le gazon s’entraînent à la palestre,
ils se mesurent par jeu et luttent sur le sable jaune.
Les autres frappent du pied les danses en chœur et chantent des poèmes.
Et le prêtre de Thrace avec sa robe longue645
accompagne les rythmes des sept notes de la gamme,
et tantôt les fait vibrer sous les doigts, tantôt sous le plectre d’ivoire.
Voici l’antique descendance de Teucer, la noble lignée,
les héros au grand cœur nés en de meilleurs temps,
Ilus, Assaracus et Dardanus, le fondateur de Troie.650
Plus loin il admire les armes et les chars vides des héros,
les lances restent là, fichées dans la terre, et un peu partout les chevaux dételés
paissent dans la plaine. Mais l’amour des chars
et des armes qu’ils avaient, vivants, le soin qu’ils mettaient à entretenir
la beauté de leurs chevaux, les suivent inchangés une fois déposés en terre.655