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Virgile, Énéide VI, 212-235 | Rite funèbre
jeudi 29 septembre 2022, par
Entretemps sur le rivage les Teucriens ne laissaient pas de pleurer Misène
et rendaient les derniers honneurs à sa cendre indifférente.
Tout d’abord, nourri de pin et de rouvre fendu,
ils érigèrent un colossal bûcher. Avec du feuillage sombre215
ils en tapissent les côtés et dressent devant des cyprès lugubres
puis le décorent par-dessus d’armes étincelantes.
Les uns préparent de l’eau chaude, ils mettent les chaudrons à bouillir sur les flammes,
ils lavent et frictionnent de parfums le corps glacé.
Ce ne sont que gémissements. Alors ils déposent le cadavre arrosé de pleurs sur un lit220
et jettent par-dessus des draps de pourpre, les couvertures que l’on sait.
Les autres se placèrent sous l’immense brancard,
funèbre ministère, et selon la tradition des anciens ils tinrent au-dessous
les torches en se détournant. L’amoncèlement des offrandes est brûlé,
l’encens, les viandes des sacrifices, les cratères d’huile répandus.225
Après que tout se fut affaissé en cendre et la flamme calmée,
dans le vin ils lavèrent les restes et la poussière assoiffée,
puis Corynée recueillit les os et les renferma dans une urne de bronze.
Il fit aussi trois fois le tour des compagnons, les aspergeant d’eau pure
avec un brin de romarin et un rameau fertile d’olivier.230
Il purifia les hommes et dit les dernières paroles.
De son côté Énée le pieux fait ériger un tombeau monumental
pour le héros avec ses armes, sa rame et sa trompe
au pied d’un mont aérien, qui porte désormais d’après lui le nom de Misène
et le conserve éternellement à travers les siècles.235