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Virgile, Énéide VI, 183-211 | Les colombes de Vénus
dimanche 25 septembre 2022, par
Énée aussi, le premier dans toutes ces tâches,
exhorte ses compagnons et se munit des mêmes outils.
Et il déroule aussi les derniers événements en son cœur plein de tristesse,185
fouillant des yeux l’immense forêt, et se prend à prier ainsi :
« Si maintenant le rameau d’or sur son arbre
se montrait à nous dans un si grand bois ! puisque tout est vrai,
eheu ! trop vrai, dans ce que la prophétesse, Misène, a dit à ton sujet. »
À peine avait-il dit cela que par hasard deux colombes190
juste sous les yeux du héros vinrent du ciel en volant
et se posèrent sur le sol verdoyant. Alors le grand héros
reconnut les oiseaux de sa mère et avec joie il les prie :
« Soyez mes guides, oh ! s’il existe une voie, à travers les airs
prenez la direction du bois où le riche rameau projette son ombre195
sur le sol fécond. Et toi, oh ! ne me laisse pas seul en ces incertitudes,
mère divine ! » Sur ces mots, il avança pas à pas,
observant quels indices elles lui donneraient, quelle était leur destination.
Picorant, elles ne s’éloignaient en volant
que juste assez pour rester visibles aux yeux de ceux qui les suivaient.200
Puis, quand elles parvinrent aux gorges méphitiques de l’Averne,
elles s’élèvent, rapides, et, glissant dans l’air pur,
se posent à l’endroit voulu sur l’arbre géminé,
d’où brilla à travers les branches le halo coloré de l’or.
De même que l’on voit, dans le froid hivernal des forêts, le gui205
verdir d’un feuillage nouveau, lui que n’engendre pas l’arbre qui le porte,
et de son rejeton safrané entourer les troncs lisses,
telle était l’apparence du feuillage d’or dans l’ombre
de l’yeuse, ainsi crépitait le mince métal dans la douceur du vent.
Immédiatement Énée le saisit, son désir coupe court210
à toute hésitation, et il l’emporte sous le toit de la Sibylle prophétique.