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Horace, Odes II 17 | L’autre moitié de mon âme
vendredi 15 mars 2013, par
Pourquoi ces plaintes qui me coupent le souffle ?Ni les dieux, ni moi n’aimons que le premiertu puisses partir, Mécène,sublime gloire et colonne de ma fortune.Ah toi, la moitié de mon âme, si t’emporte trop tôtun coup du sort, comment rester là, moi l’autre moitié,et survivre, moins précieux etestropié ? Ce jour-là de tous les deuxsignera la perte. Ce n’est pas un serment en l’airque je viens de prononcer : je m’en irai, oui, je m’en irai,quoi qu’il en soit, si tu me précèdes,je suis prêt à t’accompagner dans le dernier voyage.Ni le souffle de la Chimère incandescente,ni, s’il revenait à la vie, le géant aux cent bras,ne m’arrachera jamais à toi : ainsil’ont voulu la puissante Justice et les Parques.Que me regarde la Balance ou le Scorpionredoutable, signe dominantà mon heure natale, ou, maîtretyrannique de la mer d’Hespérie, le Capricorne,nos astres à tous les deux d’une incroyablemanière s’accordent. Toi, Jupiter à l’impieSaturne, en sa garde resplendissante,t’a soustrait et ralenti dans leur vol les oiseauxdu Destin, ce jour où le peuple venu en fouleau théâtre trois fois a fait crépiter un joyeux bruit de vivat.Moi, un tronc me tombait sur la têteet me tuait, si Faunus n’avait paré le coupde sa main droite, protecteur des hommes favorisde Mercure. N’oublie pas d’offrir en retourles victimes dues et un temple votif,moi je sacrifierai une modeste brebis.
Lecture avec le texte latin
Pourquoi ces plaintes qui me coupent le souffle [1] ?
[2,17,1] Cur me querellis exanimas tuis ?
Ni les dieux, ni moi n’aimons que le premier
Nec dis amicum est nec mihi te prius
tu puisses partir, Mécène,
obire, Maecenas, mearum
sublime gloire et colonne de ma fortune.
grande decus columenque rerum.
Ah toi, la moitié de mon âme, si t’emporte trop tôt
[2,17,5] A ! te meae si partem animae rapit
un coup du sort, comment rester là, moi l’autre moitié,
maturior uis, quid moror altera,
et survivre, moins précieux et
nec carus aeque nec superstes
estropié ? Ce jour-là de tous les deux
integer ? Ille dies utramque
signera la perte. Ce n’est pas un serment en l’air
ducet ruinam. Non ego perfidum
que je viens de prononcer : je m’en irai, oui, je m’en irai,
[2,17,10] dixit sacramentum : ibimus, ibimus,
quoi qu’il en soit, si tu me précèdes,
utcumque praecedes, supremum
je suis prêt à t’accompagner dans le dernier voyage [2].
carpere iter comites parati.
Ni le souffle de la Chimère incandescente,
Me nec Chimaerae spiritus igneae
ni, s’il revenait à la vie, le géant aux cent bras,
nec, si resurgat centimanus gigas,
ne m’arrachera jamais à toi : ainsi
[2,17,15] diuellet umquam : sic potenti
l’ont voulu la puissante Justice et les Parques.
Iustitiae placitumque Parcis.
Que me regarde la Balance ou le Scorpion
Seu Libra seu me Scorpios aspicit
redoutable, un signe dominant
formidolosus, pars uiolentior
à mon heure natale, ou, maître
natalis horae, seu tyrannus
tyrannique de la mer d’Hespérie, le Capricorne,
[2,17,20] Hesperiae Capricornus undae,
nos astres [3] à tous les deux d’une incroyable
utrumque nostrum incredibili modo
manière s’accordent. Toi, Jupiter à l’impie
consentit astrum ; te Iouis impio
Saturne, en sa garde resplendissante,
tutela Saturno refulgens
t’a soustrait et ralenti dans leur vol les oiseaux
eripuit uolucrisque Fati
du Destin, ce jour où le peuple venu en foule
[2,17,25] tardauit alas, cum populus frequens
au théâtre trois fois a fait crépiter un joyeux bruit de vivat.
laetum theatris ter crepuit sonum ;
Moi, un tronc me tombait sur la tête
me truncus inlapsus cerebro
et me tuait, si Faunus n’avait paré le coup
sustulerat, nisi Faunus ictum
de sa main droite, protecteur des hommes favoris
dextra leuasset, Mercurialium
de Mercure. N’oublie pas d’offrir en retour
[2,17,30] custos uirorum. Reddere uictimas
les victimes dues et un temple votif,
aedemque uotiuam memento ;
moi je sacrifierai une modeste brebis.
nos humilem feriemus agnam.
Strophes alcaïques.
[1] Mécène était de santé fragile et craignait de mourir, d’où les plaintes du premier vers.
[2] Cette ode prend une dimension prémonitoire quand on sait qu’Horace a en effet survécu peu de temps à Mécène (morts l’un et l’autre en 8 av. J.-C.).
[3] Horace ne s’intéresse pas à l’astrologie, voir Ode I, 11 (Carpe diem), à la différence, dit-on, de Mécène et d’Auguste.
Messages
1. Horace, Odes II 17 | L’autre moitié de mon âme, 29 septembre 2020, 14:19, par Duval-Somveille
quel bonheur de retrouver mes cheres etudes...ce vers etait reste dans mq memoire..
J avais 14 ou 15 ans...