Accueil > Traductions > Latin > Horace > Odes > Odes II > Horace, Odes II 5 | Le raisin trop vert
Horace, Odes II 5 | Le raisin trop vert
mercredi 23 janvier 2013, par
Il est trop tôt pour soumettre sa nuque au joug, elle ne peutpas encore le supporter, ni égaler à la tâcheson compagnon, ni soutenirle poids du taureau se ruant à la saillie.Elle n’a en tête que les vertes prairies,ta génisse : tantôt se rafraîchir à la rivièrede la chaleur pesante, tantôt dansla saulaie humide jouer avec les veaux,voilà tout ce qu’elle désire. Renonce à la tentationdu raisin trop vert. Déjà pour toi l’automnechamarré nuance le bleudes grappes d’une teinte de pourpre.Bientôt elle va te suivre, car fougueusement vala course du temps et les années qu’il t’aura enlevéesà elle il les ajoutera. Bientôt Lalaguéd’un air espiègle réclamera un mari,chérie comme jamais ne fut l’insaisissable Pholoé,ni la belle Chloris au bras si blanc qu’on diraitun clair de lune dans la nuitmiroitant sur la mer, ni Gygès de Cnidecapable, si on le mêlait à une ronde de filles,de tromper merveilleusement des hôtes vigilants,tant il cache sa différence,cheveux dénoués et visage ambigu.
Lecture avec le texte latin
Il est trop tôt pour soumettre sa nuque au joug, elle ne peut
[2,05,1] Nondum subacta ferre iugum ualet
pas encore le supporter, ni égaler à la tâche
ceruice, nondum munia comparis
son compagnon, ni soutenir
aequare nec tauri ruentis
le poids du taureau se ruant à la saillie.
in uenerem tolerare pondus.
Elle n’a en tête que les vertes prairies,
[2,05,5] Circa uirentis est animus tuae
ta génisse : tantôt se rafraîchir à la rivière
campos iuuencae, nunc fluuiis grauem
de la chaleur pesante, tantôt dans
solantis aestum, nunc in udo
la saulaie humide jouer avec les veaux,
ludere cum uitulis salicto
voilà tout ce qu’elle désire. Renonce à la tentation
praegestientis. Tolle cupidinem
du raisin trop vert. Déjà pour toi l’automne
[2,05,10] immitis uuae : iam tibi liuidos
chamarré nuance le bleu
distinguet autumnus racemos
des grappes d’une teinte de pourpre.
purpureo uarius colore ;
Bientôt elle va te suivre, car fougueusement va
iam te sequetur ; currit enim ferox
la course du temps et les années qu’il t’aura enlevées
aetas et illi quos tibi dempserit
à elle il les ajoutera. Bientôt Lalagué
[2,05,15] adponet annos ; iam proterua
d’un air espiègle réclamera un mari,
fronte petet Lalage maritum,
chérie comme jamais ne fut l’insaisissable Pholoé,
dilecta, quantum non Pholoe fugax,
ni la belle Chloris au bras si blanc qu’on dirait
non Chloris albo sic umero nitens
un clair de lune dans la nuit
ut pura nocturno renidet
miroitant sur la mer, ni Gygès de Cnide
[2,05,20] luna mari Cnidiusue Gyges,
capable, si on le mêlait à une ronde de filles,
quem si puellarum insereres choro,
de tromper merveilleusement des hôtes vigilants,
mire sagacis falleret hospites
tant il cache sa différence,
discrimen obscurum solutis
cheveux dénoués et visage ambigu. [1]
crinibus ambiguoque uoltu.
L’ode est composée en strophes alcaïques.
[1] Le dernier quatrain (les hôtes vigilants) évoque Achille caché par sa mère Thétis parmi les filles de Lycomède et reconnu par Ulysse.