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Horace, Odes II 3 | Puisque tu dois mourir
mardi 15 janvier 2013, par
Retiens qu’il faut dans les moments difficiles conserverta sérénité, ne pas faire autrement dans les bonset rester modéré, sans insolentejoie, Dellius, puisque tu dois mourir,[5] que tu aies vécu triste chaque instant de ta vieou bien couché dans l’herbe à l’écart, de jour de fêteen jour de fête, heureuxà profiter de ta meilleure réserve de Falerne.Un pin immense et un blanc peuplier quel plaisir[10] prennent-ils à unir l’ombre hospitalière de leursrameaux ? De quoi souffre dans les biais duruisseau l’eau fuyarde en son cours trépidant ?Ici fais-nous apporter du vin, des parfumset les trop brèves fleurs de la rose charmante,[15] tant que la vie, notre âge et le filnoir des trois Sœurs le permettent.Tu quitteras ces pâturages que tu as achetés, ta maisonet la villa que baigne le Tibre jaune,tu les quitteras et tes richesses entassées[20] jusqu’au ciel, c’est ton héritier qui en jouira.Que tu sois riche et descendant de l’antique Inachus,ou pauvre et d’une humble famille, qu’importe !Né sous le ciel, tu mourras,victime d’Orcus insensible à toute compassion.[25] Tous en un même lieu on nous rassemble, tousnous avons un numéro agité dans l’urne. Tôt ou tardil sortira et nous fera monterdans la barque qui mène à l’éternel exil.
Lecture avec le texte latin
Retiens qu’il faut dans les moments difficiles conserver
[2,03,1] Aequam memento rebus in arduis
sa sérénité, ne pas faire autrement dans les bons
seruare mentem, non secus in bonis
et rester modéré, sans insolente
ab insolenti temperatam
joie, Dellius, puisque tu dois mourir,
laetitia, moriture Delli,
que tu aies vécu triste chaque instant de ta vie
[2,03,5] seu maestus omni tempore uixeris
ou bien couché dans l’herbe à l’écart, de jour de fête
seu te in remoto gramine per dies
en jour de fête, heureux
festos reclinatum bearis
de profiter de ta meilleure réserve de Falerne.
interiore nota Falerni.
Un pin immense et un blanc peuplier quel plaisir
Quo pinus ingens albaque populus
[10] prennent-ils à unir l’ombre hospitalière de leurs
[2,03,10] umbram hospitalem consociare amant
rameaux ? De quoi souffre dans les biais du
ramis ? Quid obliquo laborat
ruisseau l’eau fuyarde en son cours trépidant ?
lympha fugax trepidare riuo ?
Ici fais-nous apporter du vin, des parfums
Huc uina et unguenta et nimium breuis
et les trop brèves fleurs de la rose charmante,
flores amoenae ferre iube rosae,
[15] tant que la vie, notre âge et le fil
[2,03,15] dum res et aetas et Sororum
noir des trois Sœurs le permettent.
fila trium patiuntur atra.
Tu quitteras ces pâturages que tu as achetés, ta maison
Cedes coemptis saltibus et domo
et la villa que baigne le Tibre jaune,
uillaque, flauus quam Tiberis lauit,
tu les quitteras et tes richesses entassées
cedes, et exstructis in altum
[20] jusqu’au ciel, c’est ton héritier qui en jouira.
[2,03,20] diuitiis potietur heres.
Que tu sois riche et descendant de l’antique Inachus,
Diuesne prisco natus ab Inacho
ou pauvre et d’une humble famille, qu’importe !
nil interest an pauper et infima
Né sous le ciel, tu mourras,
de gente sub diuo moreris,
victime d’Orcus insensible à toute compassion.
uictima nil miserantis Orci ;
[25] Tous en un même lieu on nous rassemble, tous
[2,03,25] omnes eodem cogimur, omnium
nous avons un numéro agité dans l’urne. Tôt ou tard
uersatur urna serius ocius
il sortira et nous fera monter
sors exitura et nos in aeternum
dans la barque qui mène à l’éternel exil.
exilium impositura cumbae.
Composé en strophes alcaïques.