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Horace, Odes II 1 | à Pollion

dimanche 9 décembre 2012, par Danielle Carlès

Les désordres politiques qui ont suivi le consulat de Métellus,
les causes de la guerre, ses crimes, les formes qu’elle a prises,
le jeu de la Fortune et, lourdes
de conséquences, les amitiés des grands, et les armes

[5] couvertes d’un sang encore non expié :
c’est un sujet rempli de risques et de dangers
que tu traites et tu marches sur des feux
recouverts d’une cendre trompeuse.

Puisse la Muse de la sévère tragédie n’être qu’un court moment
[10] absente du théâtre ! Bientôt, quand tu auras fini d’ordonner
le récit des faits politiques, à ton œuvre sublime
tu retourneras, chaussé du cothurne de Cécrops,

éminent soutien des accusés dans l’affiction
et des conseils de la Curie, Pollion,
[15] pour qui le laurier du triomphe
dalmate a engendré des honneurs éternels.

Et déjà tu fais venir à nos oreilles le bourdonnement
menaçant des cors, déja sonnent les trompettes,
déjà l’éclat des armes jette l’épouvante sur
[20] les chevaux en fuite et le visage des cavaliers.

Déjà je crois entendre les grands capitaines,
sales d’une poussière qui ne les souille pas
et voir la terre entière soumise,
à l’exception de l’âme inflexible de Caton.

[25] Junon, avec tous les dieux un peu amis
des Africains, avait quitté impuissante cette terre
invengée. Elle est revenue offrir les petits-fils
des vainqueurs aux Mânes de Jugurtha.

Quelle plaine engraissée de sang latin
[30] ne témoigne par ses tombeaux de nos combats impies
et du bruit, entendu par les Mèdes,
de la ruine de l’Hespérie ?

Quels gouffres, quels fleuves sont restés ignorants de
cette guerre funeste ? Quelle est la mer dont le massacre
[35] de la Daunie n’a pas changé la couleur des eaux ?
Quel rivage n’est pas sanglant de notre sang versé ?

Mais non, ma Muse trop hardie, ne délaisse pas tes jeux
pour reprendre dans ton chant une nénie de Céos,
avec moi sous la grotte dionéenne
[40] viens rechercher des rythmes pour un plectre plus léger.

Lecture avec le texte latin

Les désordres politiques qui ont suivi le consulat de Métellus,

Motum ex Metello consule ciuicum

les causes de la guerre, ses crimes, les formes qu’elle a prises,

bellique causas et uitia et modos

le jeu de la Fortune et, lourdes

ludumque Fortunae grauisque

de conséquences, les amitiés des grands, et les armes

principium amicitias et arma

[5] couvertes d’un sang encore non expié :

nondum expiatis uncta cruoribus,

c’est un sujet rempli de risques et de dangers

periculosae plenum opus aleae,

que tu traites et tu marches sur des feux

tractas et incedis per ignis

couverts d’une cendre trompeuse.

suppositos cineri doloso.

Puisse la Muse de la sévère tragédie n’être qu’un court moment

Paulum seuerae Musa tragoediae

[10] absente du théâtre ! Bientôt, quand tu auras fini d’ordonner

desit theatris ; mox, ubi publicas

le récit des faits politiques, à ton œuvre sublime

res ordinaris, grande munus

tu retourneras, chaussé du cothurne de Cécrops,

Cecropio repetes coturno,

éminent soutien des accusés dans l’affiction

insigne maestis praesidium reis

et des conseils de la Curie, Pollion,

et consulenti, Pollio, curiae,

[15] pour qui le laurier du triomphe

cui laurus aeternos honores

dalmate a engendré des honneurs éternels.

Delmatico peperit triumpho.

Et déjà tu nous fais venir aux oreilles le bourdonnement

Iam nunc minaci murmure cornuum

menaçant des cors, déja sonnent les trompettes,

perstringis auris, iam litui strepunt,

déjà l’éclat des armes jette l’épouvante sur

iam fulgor armorum fugacis

[20] les chevaux en fuite et le visage des cavaliers.

terret equos equitumque uoltus.

Déjà je crois entendre les grands capitaines,

Audire magnos iam uideor duces

sales d’une poussière qui ne les souille pas

non indecoro puluere sordidos

et voir la terre entière soumise,

et cuncta terrarum subacta

à l’exception de l’âme inflexible de Caton.

praeter atrocem animum Catonis.

[25] Junon, avec tous les dieux un peu amis

Iuno et deorum quisquis amicior

des Africains, avait quitté impuissante cette terre

Afris inulta cesserat impotens

invengée. Elle est revenue offrir les petits-fils

tellure, uictorum nepotes

des vainqueurs aux mânes de Jugurtha.

rettulit inferias Iugurthae.

Quelle plaine engraissée de sang Latin

Quis non Latino sanguine pinguior

[30] ne témoigne par ses tombeaux de nos combats impies

campus sepulcris impia proelia

et du bruit, entendu par les Mèdes,

testatur auditumque Medis

de la ruine de l’Hespérie ?

Hesperiae sonitum ruinae ?

Quels gouffres, quels fleuves sont restés ignorants de

Qui gurges aut quae flumina lugubris

cette guerre funeste ? Quelle est la mer dont le massacre

ignara belli ? Quod mare Dauniae

[35] de la Daunie n’a pas changé la couleur des eaux ?

non decolorauere caedes ?

Quel rivage n’est pas sanglant de notre sang versé ?

Quae caret ora cruore nostro ?

Mais non, ma Muse trop hardie, ne délaisse pas tes jeux

Sed ne relictis, Musa procax, iocis

pour reprendre dans ton chant une nénie de Céos,

Ceae retractes munera Neniae,

avec moi sous la grotte dionéenne

mecum Dionaeo sub antro

[40] viens rechercher des rythmes pour un plectre plus léger.

quaere modos leuiore plectro.


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