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Virgile, Énéide IV v. 219-258 | Mercure
lundi 8 septembre 2014, par
Tels étaient les mots avec lesquels il priait,sa main tenant l’autel,
et l’entendit le Tout-puissant, et il tourna ses yeux vers les remparts220
royaux et l’oubli de la bonne renomméeoù étaient les amants.
Alors à Mercure il s’adresseet lui confie cette mission :
“Va, allons, va, mon fils, appelle les Zéphyrset glisse avec tes ailes.
Au chef dardanien qui dans la tyrienneCarthage maintenant
attend et ne regarde plus les villes dévolues par le destin,225
va parler, porte-lui d’en haut mes ordres,empruntant des brises rapides.
Non, en lui, sa mère la Très-belle, ce n’estpas un tel homme qu’elle nous
a promis, ce n’est pas dans ce but que deux foiselle le soustrait aux armes des Grecs,
mais il devait être celuiqui, lourde d’empires et bruissante de la guerre,
l’Italie guiderait, la descendance dunoble sang de Teucer230
propagerait et sous ses loisrangerait la totalité du monde.
Si ne parvient à l’enflammerla gloire de si grandes choses
et que l’honneur de sa propre personnene le détermine pas à l’action,
Ascagne, est-ce que son pèrelui refusera les citadelles romaines ?
Qu’imagine-t-il ou qu’espère-t-il en s’attardant chez un peuple ennemi,235
au lieu de regarder vers les enfants de l’Ausonie et le pays de Lavinium ?
Qu’il prenne la mer, c’est tout ! Et maintenant soisle messager de notre volonté.”
Il avait fini de parler.L’autre, aux ordres du Père très grand, s’équipait
pour sa mission, et d’abord à ses piedsil attache les talonnières
d’or qui dans l’air grâce aux ailes, au-dessus des eaux,240
au-dessus de la terre, rapidecomme un souffle, le portent,
puis il prend sa baguette : avec elle il convoqueles âmes chez Orcus,
pâles figures, envoie les autressous le triste Tartare,
donne le sommeil ou l’enlève,et délivre les regards du sceau de la mort.
Fort d’elle, il active les vents,et nage à travers la tourmente245
nuageuse. Et déjà en volant il distinguela cime et les flancs escarpés
d’Atlas dur à la peine, quile ciel de sa pointe soutient,
Atlas, perpétuellementceint de nuages noirs
à sa tête plantée de pins,battue du vent et de la pluie.
La neige qui tombe recouvre ses épaules,des fleuves coulent du menton,250
se précipitent hors de l’ancêtreet de glace se fige sa barbe hérissée.
C’est là en premier lieu que l’enfant du Cyllènese raidissant également sur ses deux ailes,
se posa. Puis, la tête la première,de tout son corps en direction des flots
il s’élança, comme fait un oiseauqui autour du rivage, autour
des récifs poissonneux vole bas près de l’eau,255
ce n’est pas autrementqu’entre terre et ciel il volait
vers le rivage sablonneuxde Libye, qu’il fendait le vent,
venant d’auprès son aïeul maternel,le petit-fils né sur le mont Cyllène.
Lecture avec le texte latin
Tels étaient les mots avec lesquels il priait,sa main tenant l’autel.
Talibus orantem dictis arasque tenentem
L’entendit le Tout-puissant, et vers les rempars il détourna son regard220
220 audiit omnipotens, oculosque ad moenia torsit
royal, et vers l’oubli de leur réputationoù étaient les amants
regia et oblitos famae melioris amantes.
Alors à Mercure il s’adresseet lui confie cette mission :
Tum sic Mercurium adloquitur ac talia mandat :
« Va, allons, va, mon fils, appelle les Zéphyrset glisse avec tes ailes.
”Vade age, nate, uoca Zephyros et labere pennis,
Au chef dardanien qui dans la tyrienneCarthage maintenant
Dardaniumque ducem, Tyria Karthagine qui nunc
attend et ne regarde plus les villes dévolues par le destin,225
225 exspectat, fatisque datas non respicit urbes,
va parler, porte-lui d’en haut mes ordres,empruntant des brises rapides.
adloquere, et celeris defer mea dicta per auras.
Non, en lui, sa mère la Très-belle, ce n’estpas un tel homme qu’elle nous
Non illum nobis genetrix pulcherrima talem
a promis, ce n’est pas dans ce but que deux foiselle le soustrait aux armes des Grecs,
promisit, Graiumque ideo bis uindicat armis ;
mais il devait être celuiqui, lourde d’empires et bruissante de la guerre,
sed fore, qui grauidam imperiis belloque frementem
l’Italie guiderait, la descendance dunoble sang de Teucer230
230 Italiam regeret, genus alto a sanguine Teucri
propagerait et sous ses loisrangerait la totalité du monde.
proderet, ac totum sub leges mitteret orbem.
Si ne parvient à l’enflammerla gloire de si grandes choses
Si nulla accendit tantarum gloria rerum,
et que l’honneur de sa propre personnene le détermine pas à l’action,
nec super ipse sua molitur laude laborem,
Ascagne, est-ce que son pèrelui refusera les citadelles romaines ?
Ascanione pater Romanas inuidet arces ?
Qu’imagine-t-il ou qu’espère-t-il en s’attardant chez un peuple ennemi,235
235 Quid struit, aut qua spe inimica in gente moratur,
au lieu de regarder vers les enfants de l’Ausonie et le pays de Lavinium ?
nec prolem Ausoniam et Lauinia respicit arua ?
Qu’il prenne la mer, c’est tout ! Et maintenant soisle messager de notre volonté. »
Nauiget : haec summa est ; hic nostri nuntius esto.”
Il avait fini de parler.L’autre, aux ordres du Père très grand, s’équipait
Dixerat. Ille patris magni parere parabat
pour sa mission, et d’abord à ses piedsil attache les talonnières
imperio ; et primum pedibus talaria nectit
d’or qui dans l’air grâce aux ailes, au-dessus des eaux,240
240 aurea, quae sublimem alis siue aequora supra
au-dessus de la terre, rapidecomme un souffle, le portent,
seu terram rapido pariter cum flamine portant ;
puis il prend sa baguette : avec elle il convoqueles âmes chez Orcus,
tum uirgam capit : hac animas ille euocat Orco
pâles figures, envoie les autressous le triste Tartare,
pallentis, alias sub Tartara tristia mittit,
donne le sommeil ou l’enlève,et délivre les regards du sceau de la mort.
dat somnos adimitque, et lumina morte resignat.
Fort d’elle, il active les vents,et nage à travers la tourmente245
245 Illa fretus agit uentos, et turbida tranat
nuageuse. Et déjà en volant il distinguela cime et les flancs escarpés
nubila ; iamque uolans apicem et latera ardua cernit
d’Atlas dur à la peine, quile ciel de sa pointe soutient,
Atlantis duri, caelum qui uertice fulcit,
Atlas, perpétuellementceint de nuages noirs
Atlantis, cinctum adsidue cui nubibus atris
à sa tête plantée de pins,battue du vent et de la pluie.
piniferum caput et uento pulsatur et imbri ;
La neige qui tombe recouvre ses épaules,des fleuves coulent du menton,250
250 nix umeros infusa tegit ; tum flumina mento
se précipitent hors de l’ancêtreet de glace se fige sa barbe hérissée.
praecipitant senis, et glacie riget horrida barba.
C’est là en premier lieu que l’enfant du Cyllènese raidissant également sur ses deux ailes,
Hic primum paribus nitens Cyllenius alis
se posa. Puis, la tête la première,de tout son corps en direction des flots
constitit ; hinc toto praeceps se corpore ad undas
il s’élança, comme fait un oiseauqui autour du rivage, autour
misit, aui similis, quae circum litora, circum
des récifs poissonneux vole bas près de l’eau,255
255 piscosos scopulos humilis uolat aequora iuxta,
ce n’est pas autrementqu’entre terre et ciel il volait
Haud aliter terras inter caelumque uolabat,
vers le rivage sablonneuxde Libye, qu’il fendait le vent,
litus harenosum ad Libyae uentosque secabat
venant d’auprès son aïeul maternel,le petit-fils né sur le mont Cyllène.
materno ueniens ab auo Cyllenia proles.
Voir en ligne : Virgile, Énéide IV v. 219-295 : Une autre présentation