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Virgile, Énéide IV v. 500-521 | Magie noire (suite)
jeudi 2 octobre 2014, par
Anna, cependant, que par cette étrange cérémonie la mort elle déguise,500
de sa sœur ne peut le penser, ni un tel excès de fureur
imaginer. Elle ne craint rien de pire qu’à la mort de Sychée.
Ainsi elle fait ce qu’on lui demande.
Or la Reine, quand le bûcher au cœur du palais sous le ciel
est élevé, en un énorme tas de pins et d’yeuses découpés,505
tend le lieu de guirlandes et le couronne de feuillage
de deuil. Au-dessus, les effets, l’épée qu’il a laissée,
et son portrait sur le lit elle dispose, n’ignorant rien de la suite.
Se dressent des autels autour, et, cheveux défaits, la prêtresse
trois fois d’une voix de tonnerre appelle les cent dieux, l’Érèbe, le Chaos,510
Hécate à la triple nature, les trois aspects de Diane vierge.
Elle avait aussi répandu de l’eau, symbolisant la source de l’Averne.
Par des serpes d’airain, aussi, moissonnées sous la lune, sont requises
des herbes velues laiteuses d’un noir poison. [1]
et requis aussi, arraché à la naissance sur le front d’un poulain515
soustrait à sa mère, un charme d’amour. [2]
Elle, farine sacrée, mains purifiées, touchant aux autels,
un pied nu sans lacet, la robe dénouée,
prend à témoin, près de mourir, les dieux et, complices du destin, les
astres. Puis, s’il est pour ceux qui aiment sans être payés de retour520
quelque attentive divinité douée de justice et de mémoire, elle la prie.
Lecture avec le texte latin
Anna, cependant, que par cette étrangecérémonie la mort elle déguise,500
500 Non tamen Anna nouis praetexere funera sacris
de sa sœur ne peut le penser,ni un tel excès de fureur
germanam credit, nec tantos mente furores
imaginer. Elle ne craintrien de pire qu’à la mort de Sychée.
concipit, aut grauiora timet, quam morte Sychaei :
Ainsi elle fait ce qu’on lui demande.
ergo iussa parat.
Or la Reine, quand le bûcherau cœur du palais sous le ciel
At regina, pyra penetrali in sede sub auras
est élevé, en un énorme tasde pins et d’yeuses découpés,505
505 erecta ingenti taedis atque ilice secta,
tend le lieu de guirlandeset le couronne de feuillage
intenditque locum sertis, et fronde coronat
de deuil. Au-dessus, les effets,l’épée qu’il a laissée,
funerea ; super exuuias ensemque relictum
et son portrait sur le lit elledispose, n’ignorant rien de la suite.
effigiemque toro locat, haud ignara futuri.
Se dressent des autels autour,et, cheveux défaits, la prêtresse
Stant arae circum, et crines effusa sacerdos
trois fois d’une voix de tonnerreappelle les cent dieux, l’Érèbe, le Chaos,510
510 ter centum tonat ore deos, Erebumque Chaosque,
Hécate à la triple nature,les trois aspects de Diane vierge.
tergeminamque Hecaten, tria uirginis ora Dianae.
Elle avait aussi répandu de l’eau,symbolisant la source de l’Averne.
Sparserat et latices simulatos fontis Auerni,
Par des serpes d’airain, aussi,moissonnées sous la lune, sont requises
falcibus et messae ad lunam quaeruntur aenis
des herbes velues laiteuses d’un noir poison.
pubentes herbae nigri cum lacte ueneni ;
et requis aussi, arraché à la naissancesur le front d’un poulain515
515 quaeritur et nascentis equi de fronte reuolsus
soustrait à sa mère, un charme d’amour.
et matri praereptus amor.
Elle, farine sacrée, mainspurifiées, touchant aux autels,
Ipsa mola manibusque piis altaria iuxta,
un pied nu sans lacet, la robe dénouée,
unum exuta pedem uinclis, in ueste recincta,
prend à témoin, près de mourir,les dieux et, complices du destin, les
testatur moritura deos et conscia fati
astres. Puis, s’il est pour ceux quiaiment sans être payés de retour520
520 sidera ; tum, si quod non aequo foedere amantes
quelque attentive divinité douée dejustice et de mémoire, elle la prie.
curae numen habet iustumque memorque, precatur.