Accueil > Traductions - Textes > Latin > Virgile > Enéide > Enéide Livre I > Virgile, Énéide I v. 723-756 | Et elle buvait un amour sans fin
Virgile, Énéide I v. 723-756 | Et elle buvait un amour sans fin
lundi 4 mars 2013, par
Après la première pause du banquet, quand les tables sont desservies,
On installe de grands cratères et on couronne le vin.
[725] Le palais se remplit de bruit, les voix roulent à travers les vastes
Salles. Les lampes suspendues aux plafonds à caissons dorés
Sont allumées, et les flammes des torches l’emportent sur la nuit.
À ce moment la reine réclama une coupe en or chargée de pierres précieuses
Et la remplit de vin pur – c’était la coupe ordinaire de Bélus et de tous ceux
[730] Après Bélus. À l’instant le silence se fit dans le palais :
« Jupiter – car c’est toi, dit-on, qui dictes les lois de l’hospitalité –
Veuille que ce jour soit heureux pour les Tyriens et ceux qui sont partis de Troie,
Et que nos enfants en gardent le souvenir.
Que nous assiste Bacchus, dispensateur de la joie, et la bonne Junon !
[735] Et vous, ô Tyriens, célébrez avec cœur cette fête qui nous rassemble ! »
Ayant parlé, elle versa sur la table quelques gouttes en offrande
Et la première, après la libation, effleura le vin de ses lèvres,
Puis elle le donna à Bitias, l’encourageant à boire. Celui-ci vaillamment épuisa
La coupe mousseuse, il se gorgea de la pleine coupe en or,
[740] Et tous les autres princes après lui. Iopas aux longs cheveux
Fait entendre sa cithare dorée. Le très puissant Atlas était son maître.
Il chante la lune vagabonde et les travaux du soleil,
L’origine des hommes et du bétail, celle de l’orage et des éclairs,
Arcture, les Hyades pluvieuses et les deux Chariots,
[745] Pourquoi les soleils d’hiver avec tant de hâte plongent
Dans l’Océan ou ce qui s’oppose à la nuit, quand elle tarde à venir.
Les Tyriens redoublent d’applaudissements et les Troyens les suivent.
Elle n’était pas en reste, faisant durer la nuit à parler de mille choses,
L’infortunée Didon, mais elle buvait l’amour et il était sans fin,
[750] Multipliant les questions à propos de Priam, à propos d’Hector,
Et les armes du fils de l’Aurore quand il était venu,
Et les chevaux de Diomède, et la force d’Achille.
« Ou plutôt, allons, raconte-nous, notre hôte, depuis le début
Les pièges, dit-elle, des Danaens et le sort des tiens,
[755] Et tes propres aventures. Car voici la septième année qui te porte
Errant sur toutes les terres et toutes les eaux. »
Lecture avec le texte latin
Après la première pause du banquet, quand les tables sont desservies,
Postquam prima quies epulis, mensaeque remotae,
On installe de grands cratères et on couronne le vin.
crateras magnos statuunt et uina coronant.
[725] Le palais se remplit de bruit, les voix roulent à travers les vastes
725 Fit strepitus tectis, uocemque per ampla uolutant
Salles. Les lampes suspendues aux plafonds à caissons dorés
atria ; dependent lychni laquearibus aureis
Sont allumées, et les flammes des torches l’emportent sur la nuit.
incensi, et noctem flammis funalia uincunt.
À ce moment la reine réclama une coupe en or chargée de pierres précieuses
Hic regina grauem gemmis auroque poposcit
Et la remplit de vin pur – c’était la coupe ordinaire de Bélus et de tous ceux
impleuitque mero pateram, quam Belus et omnes
[730] Après Bélus. À l’instant le silence se fit dans le palais :
730 a Belo soliti ; tum facta silentia tectis :
« Jupiter – car c’est toi, dit-on, qui dictes les lois de l’hospitalité –
’Iuppiter, hospitibus nam te dare iura loquuntur,
Veuille que ce jour soit heureux pour les Tyriens et ceux qui sont partis de Troie,
hunc laetum Tyriisque diem Troiaque profectis
Et que nos enfants en gardent le souvenir.
esse uelis, nostrosque huius meminisse minores.
Que nous assiste Bacchus, dispensateur de la joie, et la bonne Junon !
Adsit laetitiae Bacchus dator, et bona Iuno ;
[735] Et vous, ô Tyriens, célébrez avec cœur cette fête qui nous rassemble ! »
735 et uos, O, coetum, Tyrii, celebrate fauentes.’
Ayant parlé, elle versa sur la table quelques gouttes en offrande
Dixit, et in mensam laticum libauit honorem,
Et la première, après la libation, effleura le vin de ses lèvres,
primaque, libato, summo tenus attigit ore,
Puis elle le donna à Bitias, l’encourageant à boire. Celui-ci vaillamment épuisa
tum Bitiae dedit increpitans ; ille impiger hausit
La coupe mousseuse, il se gorgea de la pleine coupe en or,
spumantem pateram, et pleno se proluit auro
[740] Et tous les autres princes après lui. Iopas aux longs cheveux
740 post alii proceres. Cithara crinitus Iopas
Fait entendre sa cithare dorée. Le très puissant Atlas était son maître.
personat aurata, docuit quem maximus Atlas.
Il chante la lune vagabonde et les travaux du soleil,
Hic canit errantem lunam solisque labores ;
L’origine des hommes et du bétail, celle de l’orage et des éclairs,
unde hominum genus et pecudes ; unde imber et ignes ;
Arcture, les Hyades pluvieuses et les deux Chariots,
Arcturum pluuiasque Hyadas geminosque Triones ;
[745] Pourquoi les soleils d’hiver avec tant de hâte plongent
745 quid tantum Oceano properent se tinguere soles
Dans l’Océan ou ce qui s’oppose à la nuit, quand elle tarde à venir.
hiberni, uel quae tardis mora noctibus obstet.
Les Tyriens redoublent d’applaudissement et les Troyens les suivent.
Ingeminant plausu Tyrii, Troesque sequuntur.
Elle n’était pas en reste, faisant durer la nuit à parler de mille choses,
Nec non et uario noctem sermone trahebat
L’infortunée Didon, mais elle buvait l’amour et il était sans fin,
infelix Dido, longumque bibebat amorem,
[750] Multipliant les questions à propos de Priam, à propos d’Hector,
750 multa super Priamo rogitans, super Hectore multa ;
Et les armes du fils de l’Aurore quand il était venu,
nunc quibus Aurorae uenisset filius armis,
Et les chevaux de Diomède, et la force d’Achille.
nunc quales Diomedis equi, nunc quantus Achilles.
« Ou plutôt, allons, raconte-nous, notre hôte, depuis le début
’Immo age, et a prima dic, hospes, origine nobis
Les pièges, dit-elle, des Danéens et le sort des tiens,
insidias,’ inquit, ’Danaum, casusque tuorum,
[755] Et tes propres aventures. Car voici la septième année qui te porte
755 erroresque tuos ; nam te iam septima portat
Errant sur toutes les terres et toutes les eaux. »
omnibus errantem terris et fluctibus aestas.’