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Virgile, Énéide I v. 695-722 | Le banquet
jeudi 28 février 2013, par
[695] Et déjà Cupidon, obéissant aux ordres, était sur le chemin et portait
Les présents royaux à Tyr, gaiment, sous la conduite d’Achate.
Lorsqu’il arrive, sous de magnifiques tentures la reine déjà
Est installée sur un lit d’or, à la place du milieu,
Voici que déjà Énée, père des Troyens, déjà la jeunesse de Troie
[700] Arrivent, et l’on s’étend pour manger sur des jetés de pourpre.
Des domestiques donnent de l’eau pour les mains, retirent Cérès
Des corbeilles et apportent des serviettes de toile fine,
Cinquante femmes sont à l’intérieur, occupées à dresser dans l’ordre
Les victuailles pour un long repas et à nourrir de flammes les Pénates,
[705] Cent autres et autant de serviteurs du même âge,
Pour charger les tables de mets et y poser les coupes.
Les Tyriens eux aussi, passant nombreux le seuil en fête,
Sont arrivés, invités à s’étendre sur des lits aux coussins brodés.
Ils s’émerveillent des présents d’Énée, ils s’émerveillent de Iule,
[710] Son visage porté par le dieu ardent et ses paroles feintes,
Et le manteau, et le voile décoré de l’acanthe safranée.
Elle surtout, l’infortunée, vouée au malheur qui se prépare,
Ne peut en rassasier son âme et elle s’enflamme à les regarder,
La Phénicienne, troublée tout autant par l’enfant et par les cadeaux.
[715] Lui, quand il s’est livré aux embrassades d’Énée, pendu à son cou,
Et qu’il a satisfait toute la tendresse d’un père trompé,
Il va vers la reine. Et elle, de tous ses yeux, de tout son cœur
Ne peut s’en détacher, et l’attire parfois contre son sein, ignorante Didon, qui ne sait pas
Quel puissant dieu prend possession d’elle, la malheureuse. Mais lui pense à
[720] Sa mère l’Acidalienne et se met tout doucement à effacer Sychée
Et s’applique à prévenir d’un amour vivant
Cette âme si longtemps inoccupée, ce cœur déshabitué.
Lecture avec le texte latin
[695] Et déjà Cupidon, obéissant aux ordres, était sur le chemin et portait
695 Iamque ibat dicto parens et dona Cupido
Les présents royaux à Tyr, gaiment, sous la conduite d’Achate.
regia portabat Tyriis, duce laetus Achate.
Lorsqu’il arrive, entourée de magnifiques tentures la reine déjà
Cum uenit, aulaeis iam se regina superbis
Est installée sur un lit d’or, à la place du milieu,
aurea composuit sponda mediamque locauit.
Voici que déjà Énée, père des Troyens, déjà la jeunesse de Troie
Iam pater Aeneas et iam Troiana iuuentus
[700] Arrivent, et l’on s’étend pour manger sur des jetés de pourpre.
700 conueniunt, stratoque super discumbitur ostro.
Des domestiques donnent de l’eau pour les mains, retirent Cérès
Dant famuli manibus lymphas, Cereremque canistris
Des corbeilles et apportent des serviettes de toile fine,
expediunt, tonsisque ferunt mantelia uillis.
Cinquante femmes sont à l’intérieur, occupées à dresser dans l’ordre
Quinquaginta intus famulae, quibus ordine longam
Les victuailles pour un long repas et à nourrir de flammes les Pénates,
cura penum struere, et flammis adolere Penatis ;
[705] Cent autres et autant de serviteurs du même âge,
705 centum aliae totidemque pares aetate ministri,
Pour charger les tables de mets et y poser les coupes.
qui dapibus mensas onerent et pocula ponant.
Les Tyriens eux aussi, passant nombreux le seuil en fête,
Nec non et Tyrii per limina laeta frequentes
Sont arrivés, invités à s’étendre sur des lits aux coussins brodés.
conuenere, toris iussi discumbere pictis.
Ils admirent les présents d’Énée, ils admirent Iule,
Mirantur dona Aeneae, mirantur Iulum
[710] Son visage porté par le dieu ardent et ses paroles feintes,
710 flagrantisque dei uoltus simulataque uerba,
Et le manteau, et le voile décoré de l’acanthe safranée.
pallamque et pictum croceo uelamen acantho.
Elle surtout, l’infortunée, vouée au malheur qui se prépare,
Praecipue infelix, pesti deuota futurae,
Ne peut en rassasier son âme et elle s’enflamme à les regarder,
expleri mentem nequit ardescitque tuendo
La Phénicienne, troublée tout autant par l’enfant et par les cadeaux.
Phoenissa, et pariter puero donisque mouetur.
[715] Lui, quand il s’est livré aux embrassades d’Énée, pendu à son cou,
715 Ille ubi complexu Aeneae colloque pependit
Et qu’il a satisfait toute la tendresse d’un père trompé,
et magnum falsi impleuit genitoris amorem,
Il va vers la reine. Et elle, de tous ses yeux, de tout son cœur
reginam petit. Haec oculis, haec pectore toto
Ne peut s’en détacher, et l’attire parfois contre son sein, ignorante Didon, qui ne sait pas
haeret et interdum gremio fouet, inscia Dido,
Quel puissant dieu prend possession d’elle, la malheureuse. Mais lui pense à
insidat quantus miserae deus ; at memor ille
[720] Sa mère l’Acidalienne et se met tout doucement à effacer Sychée
720 matris Acidaliae paulatim abolere Sychaeum
Et s’applique à prévenir d’un amour vivant
incipit, et uiuo temptat praeuertere amore
Cette âme si longtemps inoccupée, ce cœur déshabitué.
iam pridem resides animos desuetaque corda.