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Horace, Odes II 4 | Celui qui aime une servante
mardi 22 janvier 2013, par
Tu n’as pas à rougir d’aimer une servante,Xanthias de Phocide. Jadis, si fier qu’il fût,l’esclave Briséis avec son teint de neigeémut le cœur d’Achille,émut celui d’Ajax fils de Télamon labeauté de Tecmesse, captive et lui son maître.L’Atride s’enflamma au milieu du triomphepour la vierge enlevéeaprès la défaite des escadrons barbaressous le vainqueur Thessalien, quand la fin d’Hectorfacilita la chute et malgré leur fatigueaux Grecs livra Pergame.Et qu’en sais-tu si elle n’aurait pas de richesparents, ta blonde Phyllis, qui t’honorent commegendre. Elle pleure une famille royale, oui,et d’injustes Pénates.Sois sûr que si tu l’as choisie ce n’est pas unecoquine des bas-fonds ! Tant de fidélité,si peu d’esprit de lucre n’auraient pas pu naîtred’une mère sordide.Je loue ses bras, son visage et ses mollets rondscomme un juge impartial : ne va pas soupçonnerun homme pour qui le temps trépidant vient declore un huitième lustre !
Lecture avec le texte latin
Tu n’as pas à rougir d’aimer une servante,
[2,04,1] Ne sit ancillae tibi amor pudori,
Xanthias de Phocide. Jadis, si fier qu’il fût,
Xanthia Phoceu : prius insolentem
l’esclave Briséis avec son teint de neige
serua Briseis niueo colore
émut le cœur d’Achille,
mouit Anchillem ;
émut celui d’Ajax fils de Télamon la
[2,04,5] mouit Aiacem Telamone natum
beauté de Tecmesse, captive et lui son maître.
forma captiuae dominum Tecmessae ;
L’Atride s’enflamma au milieu du triomphe
arsit Atrides medio in triumpho
pour la vierge enlevée [1]
uirgine rapta,
après la défaite des escadrons barbares
barbarae postquam cecidere turmae
sous le vainqueur Thessalien, quand la fin d’Hector
[2,04,10] Thessalo uictore et ademptus Hector
facilita la chute et malgré leur fatigue
tradidit fessis leuiora tolli
aux Grecs livra Pergame.
Pergama Grais.
Et qu’en sais-tu si elle n’aurait pas de riches
Nescias an te generum beati
parents, ta blonde Phyllis, qui t’honorent comme
Phyllidis flauae decorent parentes ;
gendre. Elle pleure une famille royale, oui,
[2,04,15] regium certe genus et penatis
et d’injustes Pénates [2].
maeret iniquos.
Sois sûr que si tu l’as choisie ce n’est pas une
Crede non illam tibi de scelesta
coquine des bas-fonds ! Tant de fidélité,
plebe delectam, neque sic fidelem,
si peu d’esprit de lucre n’auraient pas pu naître
sic lucro auersam potuisse nasci
d’une mère sordide.
[2,04,20] matre pudenda.
Je loue ses bras, son visage et ses mollets ronds
Bracchia et uoltum teretisque suras
comme un juge impartial : ne va pas soupçonner
integer laudo : fuge suspicari
un homme pour qui le temps trépidant vient de
cuius octauum trepidauit aetas
clore un huitième lustre [3] !
claudere lustrum.
L’ode est composée en strophes sapphiques : trois vers de onze syllabes et un adonique de cinq syllabes. La strophe est transposée en trois alexandrins et un vers de six syllabes. On a beau préférer l’impair, c’est le pair qui s’est imposé.
[1] Il s’agit de Cassandre et d’Agamemnon (l’Atride).
[2] Un scénario typique de la comédie.
[3] Un lustre est une période de cinq ans : Horace vient d’avoir 40 ans.