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Depuis des années j’offre ici en lecture mes traductions originales de textes d’Horace et de Virgile. On trouvera aussi un peu de grec ancien, Pindare, grâce à mon invitée. [Traductions – Textes]. L’œuvre complète d’Horace a fait l’objet d’une publication en deux volumes chez Publie.net [Publications], dans encore d’autres traductions que celles que vous pouvez lire ici. C’est maintenant l’Énéide qui est chantier. Le besoin de mettre ma longue pratique en perspective s’est accru ces dernières années [Traduire]. La rubrique est nouvelle. Elle va s’enrichir peu à peu. Il y a aussi de belles surprises, des échanges contemporains et des haïku en latin sous le titre austère des [Archives]. Danielle Carlès

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Virgile, Énéide V, 450-484 | Fin du combat

mardi 30 août 2022, par Danielle Carlès

D’émotion tous se lèvent d’un bloc, Teucriens et peuple de Trinacrie.450

Une clameur monte vers le ciel. Aceste est le premier qui accourt

et en le plaignant il relève du sol son ami, son compagnon d’âge.

Mais le héros n’est pas ralenti par sa chute ni découragé,

il revient plus ardent au combat et la colère ravive son énergie.

Maintenant la honte attise ses forces, et la conscience de sa valeur.455

Il pousse Darès devant lui et lui fait violemment traverser toute l’arène,

tantôt du droit redoublant ses coups, tantôt du gauche.

Ni trêve ni repos. Aussi drus que crépitent les nuages de grêle

sur les toits, ainsi le héros sous ses coups répétés

sans relâche de l’un et l’autre poing repousse et bouscule Darès.460

Mais Énée Père ne souffrit pas que la colère aille plus loin

et qu’Entelle se laisse emporter par sa fureur impitoyable.

Il décida la fin du combat et en arracha Darès à bout de force

avec des propos apaisants, et voici ses mots :

"Infortuné, quelle grande folie s’est emparée de toi !465

Cette force est différente et la faveur divine a changé de camp, ne le sens-tu pas ?

Incline-toi devant un dieu !" Il dit, et sa parole sépara les combattants.

Et l’un, ses fidèles camarades, traînant ses genoux mal en point,

la tête ballotant d’un côté et de l’autre, crachant des caillots

par la bouche et des dents mêlées dans le sang,470

le ramènent aux navires. On les appelle pour recevoir

le casque et l’épée et ils laissent à Entelle la palme et le taureau.

L’autre, le vainqueur, triomphe, et du taureau se montre fier.

"Né d’une déesse, et vous, dit-il, connaissez maintenant, ô Teucriens,

cette force que j’ai eue quand mon corps était jeune475

et ce dont vous avez sauvé Darès, la mort d’où il a été ramené."

Il dit, et se planta face à face avec le taureau

qui se tenait là, récompense du combat, et du poing droit ramené en arrière

il lui balança entre les cornes juste au milieu les cestes cruels

de toute sa hauteur et enfonça les os, pulvérisant la cervelle.480

Le boeuf terrassé avec des soubresauts sans vie tombe à terre.

Mais lui épanche son coeur avec ces paroles qu’il ajoute :

"Envers toi, Éryx, par cette vie préférable, en échange de la mort de Darès,

je m’acquitte. Ici, vainqueur, je dépose mes cestes et mon art."

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