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Virgile, Énéide I v. 314-334 | Vénus en jeune fille
jeudi 17 janvier 2013, par
Or sa mère vint à sa rencontre au milieu de la forêt,
[315] Avec le visage et l’allure d’une jeune fille, portant les armes d’une jeune fille
De Sparte ou de Thrace, comme celle qui éperonne ses chevaux,
Harpalycé, pour gagner la course devant l’Hèbre rapide.
Elle avait en effet selon leur habitude suspendu à ses épaules un arc fait à sa mesure,
Chasseresse, et laissé sa chevelure se répandre aux vents,
[320] Nue aux genoux et tunique fluide troussée d’un nœud.
Et c’est elle la première : « Hé, dit-elle, jeunes gens, montrez-moi,
Si par hasard vous avez vu ici une de mes sœurs marchant à l’aventure,
Ceinte d’un carquois et sous la peau d’un lynx tacheté
Ou en train de courir derrière un sanglier écumant avec de grands cris. »
[325] Ainsi Vénus et le fils de Vénus lui répondit ainsi :
« Non, aucune de tes sœurs ne s’est laissé entendre ou voir de moi,
Ô… mais comment t’appeler, jeune fille ? car tu n’as pas la figure
D’une mortelle et ta voix ne sonne pas comme une voix humaine, ô déesse, oui c’est sûr,
Peut-être la sœur de Phébus, ou bien es-tu du sang des nymphes ?
[330] Sois notre chance ! Allège, qui que tu sois, notre peine
Et apprends-nous sous quel ciel enfin, en quel coin du monde
Nous sommes rejetés. Ne connaissant ni les hommes ni les lieux
Nous allons à l’aventure, poussés ici par le vent et les vastes flots.
De nombreuses victimes pour toi devant l’autel tomberont sous notre propre main. »
Lecture avec le texte latin
Or sa mère vint à sa rencontre au milieu de la forêt,
Cui mater media sese tulit obuia silua,
[315] Avec le visage et l’allure d’une jeune fille, portant les armes d’une jeune fille
315 uirginis os habitumque gerens, et uirginis arma
De Sparte ou de Thrace, comme celle qui éperonne ses chevaux,
Spartanae, uel qualis equos Threissa fatigat
Harpalycé, pour gagner la course devant l’Hèbre rapide.
Harpalyce, uolucremque fuga praeuertitur Hebrum.
Elle avait en effet selon leur habitude suspendu à ses épaules un arc fait à sa mesure,
Namque umeris de more habilem suspenderat arcum
Chasseresse, et laissé sa chevelure se répandre dans le vent,
uenatrix, dederatque comam diffundere uentis,
[320] Nue aux genoux et tunique fluide troussée d’un nœud.
320 nuda genu, nodoque sinus collecta fluentis.
Et c’est elle la première : « Hé, dit-elle, jeunes gens, montrez-moi où,
Ac prior, ’Heus’ inquit ’iuuenes, monstrate mearum
Si par hasard vous avez vu ici une de mes sœurs marchant à l’aventure,
uidistis si quam hic errantem forte sororum,
Ceinte d’un carquois et sous la peau d’un lynx tacheté
succinctam pharetra et maculosae tegmine lyncis,
Ou en train de courir derrière un sanglier écumant avec de grands cris. »
aut spumantis apri cursum clamore prementem.’
[325] Ainsi parla Vénus et le fils de Vénus lui répondit ainsi :
325 Sic Venus ; et Veneris contra sic filius orsus :
« Non, aucune de tes sœurs ne s’est laissé entendre ou voir de moi,
’Nulla tuarum audita mihi neque uisa sororum —
Ô… mais comment t’appeler, jeune fille ? car tu n’as pas la figure
O quam te memorem, uirgo ? Namque haud tibi uoltus
D’une mortelle et ta voix ne sonne pas comme une voix humaine, ô déesse, oui c’est sûr,
mortalis, nec uox hominem sonat : O, dea certe —
Peut-être la sœur de Phébus, ou bien es-tu du sang des nymphes ?
an Phoebi soror ? an nympharum sanguinis una ? —
[330] Sois notre chance ! Allège, qui que tu sois, notre peine
330 sis felix, nostrumque leues, quaecumque, laborem,
Et apprends-nous sous quel ciel enfin, en quel coin du monde
et, quo sub caelo tandem, quibus orbis in oris
Nous sommes rejetés. Ne connaissant ni les hommes ni les lieux
iactemur, doceas. Ignari hominumque locorumque
Nous allons à l’aventure, poussés ici par le vent et les vastes flots.
erramus, uento huc uastis et fluctibus acti :
De nombreuses victimes pour toi devant l’autel tomberont sous notre propre main. »
multa tibi ante aras nostra cadet hostia dextra.’