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Virgile, Enéide III v. 102-131 | Navigation dans les Cyclades

vendredi 4 octobre 2013, par Danielle Carlès

Alors mon père, déroulant les souvenirs laissés par les Anciens :

« Écoutez, ô chefs, dit-il, et apprenez de quoi espérer :

la Crète, l’île du grand Jupiter, s’étend au milieu de la mer.

[105] Là se trouve le mont Ida et le berceau de notre peuple.

On y habite cent villes, c’est un royaume de grande abondance.

De là partit notre premier ancêtre, si je me rappelle bien la tradition,

Teucer en premier lieu avant de débarquer sur les rivages de Rhétée

et de choisir l’endroit pour son royaume. Ilion et la citadelle

[110] de Pergame ne se dressaient pas encore, on habitait le fond des vallées.

Puis vint la Mère qui est sur le Cybèle, les instruments d’airain des Corybantes

et les bois de l’Ida, puis le silence religieux observé pour les mystères,

et les lions attelés se soumirent au char de leur maîtresse.

Donc allons-y, les dieux nous guident sur la route, suivons leurs ordres,

[115] concilions nous les vents et gagnons le royaume de Cnossos.

Ce n’est pas une longue traversée. Pourvu que Jupiter soit avec nous,

le troisième jour verra notre flotte arrêtée sur le rivage de la Crète. »

Ainsi dit-il et il immola sur les autels, en juste marque d’honneur,

un taureau à Neptune, un taureau à toi, bel Apollon,

[120] une brebis noire à la Tempête, une blanche aux Zéphyrs favorables.

Le bruit vole qu’après avoir été chassé, le guerrier Idoménée a abandonné

le royaume de son père, que les rivages de Crète, désertés

par notre ennemi, sont vides d’habitants et qu’il reste leurs maisons abandonnées.

Nous quittons le port d’Ortygie, nous volons vers le large et voyons défiler

[125] Naxos, ses sommets livrés aux délires bacchiques, Donusa verdoyante,

Oliaros, Paros à la blancheur de neige, les Cyclades parsemées

à la surface de l’eau et les passes agitées par le resserrement des terres.

Une clameur jaillit des navires qui font la course entre eux,

l’équipage s’encourage : « Gagnons la Crète de nos aïeux ! »

[130] Le vent levé en poupe nous suit tout le voyage

et enfin nous abordons les antiques rivages des Courètes.


Lecture avec le texte latin

Alors mon père, déroulant les souvenirs laissés par les Anciens :

Tum genitor, ueterum uoluens monumenta uirorum,

« Écoutez, ô chefs, dit-il, et apprenez de quoi espérer :

’Audite, O proceres’ ait ’et spes discite uestras :

la Crète, l’île du grand Jupiter, s’étend au milieu de la mer.

Creta Iouis magni medio iacet insula ponto ;

[105] Là se trouve le mont Ida et le berceau de notre peuple.

105 mons Idaeus ubi, et gentis cunabula nostrae.

On y habite cent villes, c’est un royaume de grande abondance.

Centum urbes habitant magnas, uberrima regna ;

De là partit notre premier ancêtre, si je me rappelle bien la tradition,

maximus unde pater, si rite audita recordor,

Teucer en premier lieu avant de débarquer sur les rivages de Rhétée

Teucrus Rhoeteas primum est aduectus in oras,

et de choisir l’endroit pour son royaume. Ilion et la citadelle

optauitque locum regno. Nondum Ilium et arces

[110] de Pergame ne se dressaient pas encore, on habitait le fond des vallées.

110 Pergameae steterant ; habitabant uallibus imis.

Puis vint la Mère qui est sur le Cybèle, les instruments d’airain des corybantes

hinc mater cultrix Cybeli Corybantiaque aera

et les bois de l’Ida, puis le silence religieux observé pour les mystères,

Idaeumque nemus ; hinc fida silentia sacris,

et les lions attelés se soumirent au char de leur maîtresse.

et iuncti currum dominae subiere leones.

Donc allons-y, les dieux nous guident sur la route, suivons leurs ordres,

Ergo agite, et, diuom ducunt qua iussa, sequamur ;

[115] concilions-nous les vents et gagnons le royaume de Cnossos.

115 placemus uentos et Gnosia regna petamus.

Ce n’est pas une longue traversée. Pourvu que Jupiter soit avec nous,

Nec longo distant cursu ; modo Iuppiter adsit,

le troisième jour verra notre flotte arrêtée sur le rivage de la Crète. »

tertia lux classem Cretaeis sistet in oris.’

Ainsi dit-il et il immola sur les autels, en juste marque d’honneur,

Sic fatus, meritos aris mactauit honores,

un taureau à Neptune, un taureau à toi, bel Apollon,

taurum Neptuno, taurum tibi, pulcher Apollo

[120] une brebis noire à la Tempête, une blanche aux Zéphyrs favorables.

120 nigram Hiemi pecudem, Zephyris felicibus albam.

Le bruit vole qu’après avoir été chassé, le guerrier Idoménée a abandonné

Fama uolat pulsum regnis cessisse paternis

le royaume de son père, que les rivages de Crète, désertés

Idomenea ducem, desertaque litora Cretae

par notre ennemi, sont vides d’habitants et qu’il reste leurs maisons abandonnées.

hoste uacare domos, sedesque adstare relictas.

Nous quittons le port d’Ortygie, nous volons vers le large et voyons défiler

Linquimus Ortygiae portus, pelagoque uolamus :

[125] Naxos, ses sommets livrés aux délires bacchiques, Donusa verdoyante,

125 bacchatamque iugis Naxon uiridemque Donysam,

Oliaros, Paros à la blancheur de neige, les Cyclades parsemées

Olearon, niueamque Paron, sparsasque per aequor

à la surface de l’eau et les passes agitées par le resserrement des terres.

Cycladas, et crebris legimus freta concita terris.

Une clameur jaillit des navires qui font la course entre eux,

Nauticus exoritur uario certamine clamor ;

l’équipage s’encourage : « Gagnons la Crète de nos aïeux ! »

hortantur socii : ’’Cretam proauosque petamus !’’

[130] Le vent levé en poupe nous suit tout le voyage

130 Prosequitur surgens a puppi uentus euntis

et enfin nous abordons les antiques rivages des Courètes.

et tandem antiquis Curetum adlabimur oris.

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