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Virgile, Énéide I v. 124-141 | Neptune, frère de Junon
mardi 11 décembre 2012, par
Cependant Neptune perçut le grondement puissant de la mer bouleversée
Et la tempête déchaînée, et que les nappes des grands fonds [125]
Refluaient vers la surface, en fut gravement irrité. Et depuis le large
Portant au loin son regard, il sortit son front calme au-dessus des eaux.
Il voit la flotte d’Énée dispersée sur toute l’étendue des eaux,
Les Troyens en butte à la violence des flots et à la débâcle du ciel.
Et le frère de Junon ne manqua pas d’y reconnaître sa ruse et sa colère. [130]
Il fait venir à lui l’Eurus et le Zéphyr, puis il leur parle ainsi :
« Quelle confiance démesurée en votre espèce vous a pris ?
Maintenant vous osez bouleverser le ciel et la terre
Sans mon accord, vents, et soulever des masses aussi énormes ?
Je vous… mais plus important est de ramener la paix sur les flots agités. [135]
Ensuite vous me paierez le prix de vos actes, et ce ne sera pas pareil.
Vite, disparaissez, et dites ceci à votre roi :
Ce n’est pas à lui que l’empire sur la mer et le trident impitoyable
Sont échus par le sort, mais à moi. Lui, il a ces rochers sauvages
Où sont vos demeures, Eurus. Qu’Éole parade là-bas dans sa cour [140]
et qu’il y règne en roi, gardant la prison des vents bien fermée. »
Lecture avec le texte latin
Cependant Neptune perçut le grondement puissant de la mer bouleversée
Interea magno misceri murmure pontum,
Et la tempête déchaînée, et que les nappes des grands fonds [125]
125 emissamque hiemem sensit Neptunus, et imis
Refluaient vers la surface, en fut gravement irrité. Et depuis le large
stagna refusa uadis, grauiter commotus ; et alto
Portant au loin son regard, il sortit son front calme au-dessus des eaux.
prospiciens, summa placidum caput extulit unda.
Il voit la flotte d’Énée dispersée sur toute l’étendue des eaux,
Disiectam Aeneae, toto uidet aequore classem,
Les Troyens en butte à la violence des flots et à la débâcle du ciel
fluctibus oppressos Troas caelique ruina,
Et le frère de Junon ne manqua pas d’y reconnaître sa ruse et de sa colère. [130]
130 nec latuere doli fratrem Iunonis et irae.
Il fait venir à lui l’Eurus et le Zéphyr, puis il leur parle ainsi :
Eurum ad se Zephyrumque uocat, dehinc talia fatur :
« Quelle confiance démesurée en votre espèce vous a pris ?
’Tantane uos generis tenuit fiducia uestri ?
Maintenant vous osez bouleverser le ciel et la terre sans mon accord,
Iam caelum terramque meo sine numine, uenti,
Vents, et soulever des masses aussi énormes ?
miscere, et tantas audetis tollere moles ?
Ah je vous… mais plus important est de ramener la paix sur les flots agités. [135]
135 Quos ego — sed motos praestat componere fluctus.
Ensuite vous me paierez le prix de vos actes, et ce ne sera pas pareil.
Post mihi non simili poena commissa luetis.
Vite, disparaissez, et dites ceci à votre roi :
Maturate fugam, regique haec dicite uestro :
Ce n’est pas à lui que l’empire sur la mer et le trident impitoyable
non illi imperium pelagi saeuumque tridentem,
Sont échus par le sort, mais à moi. Lui, il a ces rochers sauvages
sed mihi sorte datum. Tenet ille immania saxa,
Où sont vos demeures, Eurus. Qu’Éole parade là-bas dans sa cour [140]
140 uestras, Eure, domos ; illa se iactet in aula
et qu’il y règne en roi, gardant la prison des vents bien fermée. »
Aeolus, et clauso uentorum carcere regnet.’