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Virgile, Énéide I v. 64-83 | Junon corrompt Éole
lundi 3 décembre 2012, par
Junon suppliante s’adressa à lui en ces mots :
« Éole, c’est à toi, oui, que le Père des dieux et Roi des hommes [65]
A donné le pouvoir d’apaiser les flots et de les soulever par le vent.
Un peuple qui m’est ennemi navigue sur la mer Tyrrhénienne,
Il transporte Ilion en Italie et les Pénates des vaincus.
Déclenche la violence des vents et fais sombrer les pouppes submergées
Ou bien disperse-les et parsème la mer de cadavres. [70]
Je possède deux fois sept nymphes au corps parfait
Dont une l’emporte par son extrême beauté, Déiopéia.
Je vous unirai dans un mariage durable, je la ferai tienne,
Pour qu’elle passe toutes les années de sa vie avec toi, en récompense
D’un tel service, et qu’elle te rende père d’une belle descendance. » [75]
Éole lui répondit : « À toi, ô Reine, la charge de savoir exactement
Ce que tu veux ; quant à moi, il est juste que je prenne tes ordres.
C’est toi qui me procures tous les avantages de mon trône, toi, mon sceptre
Et la faveur de Jupiter, toi qui m’offres une place aux banquets des dieux
Et me fais le seigneur des orages et des tempêtes. » [80]
Quand il eut fini de parler, de la pointe d’un épieu retourné il frappa le flanc
De la montagne creuse : les vents, comme une armée en rangs serrés,
Par la porte qui s’est ouverte, se ruent et soufflent en tourbillon sur toute la terre.
Lecture avec le texte latin
Junon suppliante s’adressa à lui en ces mots :
Ad quem tum Iuno supplex his uocibus usa est :
« Éole, c’est à toi, oui, que le Père des dieux et Roi des hommes [65]
65 ’Aeole, namque tibi diuom pater atque hominum rex
A donné le pouvoir d’apaiser les flots et de les soulever par le vent.
et mulcere dedit fluctus et tollere uento,
Un peuple qui m’est ennemi navigue sur la mer Tyrrhénienne,
gens inimica mihi Tyrrhenum nauigat aequor,
Il transporte Ilion en Italie et les Pénates des vaincus.
Ilium in Italiam portans uictosque Penates :
Déclenche la violence des vents et fais sombrer les poupes submergées
incute uim uentis submersasque obrue puppes,
Ou disperse-les et parsème la mer de cadavres. [70]
70 aut age diuersos et disiice corpora ponto.
Je possède deux fois sept nymphes au corps parfait
Sunt mihi bis septem praestanti corpore nymphae,
Dont une l’emporte par son extrême beauté, Déiopéia.
quarum quae forma pulcherrima Deiopea,
Je vous unirai dans un mariage durable, je la ferai tienne,
conubio iungam stabili propriamque dicabo,
Pour qu’elle passe toutes les années de sa vie avec toi, en récompense
omnis ut tecum meritis pro talibus annos
D’un tel service, et qu’elle te rende père d’une belle descendance. » [75]
75 exigat, et pulchra faciat te prole parentem.’
Éole lui répondit : « À toi, ô Reine, la charge de savoir exactement
Aeolus haec contra : ’Tuus, O regina, quid optes
Ce que tu veux ; quant à moi, il est juste que je prenne tes ordres.
explorare labor ; mihi iussa capessere fas est.
C’est toi qui me procures tous les avantages de mon trône, toi, mon sceptre
Tu mihi, quodcumque hoc regni, tu sceptra Iouemque
Et la faveur de Jupiter, toi qui m’offres une place aux banquets des dieux
concilias, tu das epulis accumbere diuom,
Et me fais le seigneur des orages et des tempêtes. » [80]
80 nimborumque facis tempestatumque potentem.’
Quand il eut fini de parler, de la pointe d’un épieu retourné il frappa le flanc
Haec ubi dicta, cauum conuersa cuspide montem
De la montagne creuse : les vents, comme une armée en rangs serrés,
impulit in latus : ac uenti, uelut agmine facto,
par la porte qui s’est ouverte, se ruent et soufflent en tourbillon sur toute la terre.
qua data porta, ruunt et terras turbine perflant.