Accueil > Traductions > Latin > Virgile > Enéide > Énéide Livre IV > Virgile, Énéide IV v. 450-473 | Folle

Virgile, Énéide IV v. 450-473 | Folle

jeudi 25 septembre 2014, par Danielle Carlès

Alors, épouvantée par le destin, l’infortunée Didon450

implore la mort. Contempler la voûte du ciel lui fait horreur.

Pour l’inciter davantage à exécuter son projet et abandonner la lumière,

elle a vu, parmi la fumée d’encens, comme elle déposait ses offrandes aux autels,

horreur indicible ! noircir les eaux sacrées

et le vin répandu se changer en un sang immonde.455

Cela, personne ne l’a vu. Même à sa sœur elle n’a rien dit.

En outre, il y avait au sein du palais un temple de marbre

de son époux ancien, qu’elle entourait d’une incroyable dévotion,

sous des toisons neigeuses et des feuillages de fête étroitement serré :

de là monta un bruit de voix et des paroles, il l’appelait,460

elle crut entendre son mari, au milieu de l’obscure nuit qui tenait la terre,

et, solitaire en haut du toit, le chant lugubre du hibou

souvent se plaindre et étirer jusqu’aux sanglots ses longues notes.

Et maintes prédictions en outre des prophètes anciens

par leurs terribles avertissements la plongent dans l’effroi. Et lui, lui, il la chasse, éperdue,465

dans ses rêves, farouche, Énée, et toujours elle y est abandonnée,

seule, toujours sur un long chemin sans personne qui l’accompagne elle se voit

marcher et chercher les Tyriens dans un désert,

comme Penthée voit, délirant, les bataillons des Euménides

et un soleil jumeau, et se dédoubler Thèbes,470

comme le fils d’Agamemnon, poursuivi sur la scène, Oreste,

sa mère armée de torches et de serpents noirs,

quand il la fuit et que les Vengeresses sont assises sur le seuil, les Sinistres.


Lecture avec le texte latin

Alors, épouvantée par le destin,l’infortunée Didon450

450 Tum uero infelix fatis exterrita Dido

implore la mort. Contempler la voûtedu ciel lui fait horreur.

mortem orat ; taedet caeli conuexa tueri.

Pour l’inciter davantage à exécuterson projet et abandonner la lumière,

Quo magis inceptum peragat lucemque relinquat,

elle a vu, parmi la fumée d’encens,comme elle déposait ses offrandes aux autels,

uidit, turicremis cum dona imponeret aris,

horreur indicible ! noircir les eaux sacrées

horrendum dictu, latices nigrescere sacros,

et le vin répanduse changer en un sang immonde.455

455 fusaque in obscenum se uertere uina cruorem.

Cela, personne ne l’a vu.Même à sa sœur elle n’a rien dit.

Hoc uisum nulli, non ipsi effata sorori.

En outre, il y avait au seindu palais un temple de marbre

Praeterea fuit in tectis de marmore templum

de son époux ancien,qu’elle entourait d’une incroyable dévotion,

coniugis antiqui, miro quod honore colebat,

sous des toisons neigeuses et des feuillagesde fête étroitement serré :

uelleribus niueis et festa fronde reuinctum :

de là monta un bruit de voixet des paroles, il l’appelait,460

460 hinc exaudiri uoces et uerba uocantis

elle crut entendre son mari, au milieude l’obscure nuit qui tenait la terre,

uisa uiri, nox cum terras obscura teneret ;

et, solitaire en haut du toit,le chant lugubre du hibou

solaque culminibus ferali carmine bubo

souvent se plaindre et étirerjusqu’aux sanglots ses longues notes.

saepe queri et longas in fletum ducere uoces ;

Et maintes prédictions en outredes prophètes anciens

multaque praeterea uatum praedicta priorum

par leurs terribles avertissements la plongentdans l’effroi. Et lui, lui, il la chasse, éperdue,465

465 terribili monitu horrificant. Agit ipse furentem

dans ses rêves, farouche, Énée,et toujours elle y est abandonnée,

in somnis ferus Aeneas ; semperque relinqui

seule, toujours sur un long chemin sans personnequi l’accompagne elle se voit

sola sibi, semper longam incomitata uidetur

marcher et chercher les Tyriens dans un désert,

ire uiam, et Tyrios deserta quaerere terra.

comme Penthée voit, délirant,les bataillons des Euménides

Eumenidum ueluti demens uidet agmina Pentheus,

et un soleil jumeau, et se dédoubler Thèbes,470

470 et solem geminum et duplicis se ostendere Thebas ;

comme le fils d’Agamemnon,poursuivi sur la scène, Oreste,

aut Agamemnonius scaenis agitatus Orestes

sa mère armée de torches et de serpents noirs,

armatam facibus matrem et serpentibus atris

quand il la fuit et que les Vengeressessont assises sur le seuil, les Sinistres.

cum fugit, ultricesque sedent in limine Dirae.

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.