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Virgile, Énéide IV v. 129-159 | Chasse royale
vendredi 21 février 2014, par
Cependant l’Aurore surgie a quitté l’Océan.
[130] Il passe par les portes, dans la clarté naissante, une élite de jeunes gens,
amples filets, pièges, épieux au large fer.
Des cavaliers Massyles s’élancent, et la meute flaireuse des chiens.
La reine s’attarde dans sa chambre, sur le seuil les princes
puniques patientent et, brillant de pourpre et d’or
[135] l’attend un coursier au pied sonore, fier, mâchonnant son frein écumeux.
Enfin elle se présente, entourée d’une grande escorte,
chlamyde sidonienne au pourtour de broderie,
et son carquois est d’or, les cheveux noués dans une tresse d’or,
d’or la fibule qui tient son vêtement de pourpre.
[140] Voici également la suite phrygienne et Iule joyeux
qui s’avancent. Le plus beau de tous, loin devant les autres,
Énée vient se joindre à la partie et réunit les escadrons.
Tel, quand la Lycie sous l’hiver et le fleuve Xanthe
il délaisse pour venir en sa Délos maternelle, Apollon
[145] reforme les rondes, et mêlés autour des autels,
Crétois et Dryopes font grand bruit, et Agathyrses bariolés,
lui sur les crêtes du Cynthe va, et d’un souple feuillage
enserre et sculpte son ondulante chevelure, et l’entrelace d’or,
les flèches tintent sur ses épaules, de la moindre faiblesse plus que lui dépourvu allait
[150] Énée, la même immense noblesse brille sur son beau visage.
Après être parvenu sur la hauteur des montagnes, à des repaires impraticables,
voici les chèvres sauvages, délogées de la pointe d’un rocher,
qui se mirent à dévaler les crêtes. De l’autre côté à découvert
des cerfs traversent en courant la vallée, regroupés
[155] dans la fuite en une harde poudreuse, et laissent derrière eux les montagnes.
Et c’est l’enfant Ascagne parmi ces vallons avec sa fougueuse
monture qui est heureux. Il fait la course et dépasse l’un et puis un autre,
et qu’on lui donne, écumant au milieu de ce bétail mou, de ses vœux
il l’appelle, un sanglier, ou qu’un lion fauve descende de la montagne.
Lecture avec le texte latin
Cependant l’Aurore surgie a quitté l’Océan.
Oceanum interea surgens Aurora reliquit.
[130] Il passe par les portes, dans la clarté naissante, une élite de jeunes gens,
130 It portis iubare exorto delecta iuuentus ;
amples filets, pièges, épieux au large fer.
retia rara, plagae, lato uenabula ferro,
Des cavaliers Massyles s’élancent, et la meute flaireuse des chiens.
Massylique ruunt equites et odora canum uis.
La reine s’attarde dans sa chambre, sur le seuil les princes
Reginam thalamo cunctantem ad limina primi
puniques patientent et, brillant de pourpre et d’or
Poenorum exspectant, ostroque insignis et auro
[135] l’attend un coursier au pied sonore, fier, mâchonnant son frein écumeux.
135 stat sonipes, ac frena ferox spumantia mandit.
Enfin elle se présente, entourée d’une grande escorte,
Tandem progreditur, magna stipante caterua,
chlamyde sidonienne au pourtour de broderie,
Sidoniam picto chlamydem circumdata limbo.
et son carquois est d’or, les cheveux noués dans une tresse d’or,
Cui pharetra ex auro, crines nodantur in aurum,
d’or la fibule qui tient son vêtement de pourpre.
aurea purpuream subnectit fibula uestem.
[140] Voici également la suite phrygienne et Iule joyeux
140 Nec non et Phrygii comites et laetus Iulus .
qui s’avancent. Le plus beau de tous, loin devant les autres,
incedunt. Ipse ante alios pulcherrimus omnis
Énée vient se joindre à la partie et réunit les escadrons.
infert se socium Aeneas atque agmina iungit.
Tel, quand la Lycie sous l’hiver et le fleuve Xanthe
Qualis ubi hibernam Lyciam Xanthique fluenta
il délaisse pour venir en sa Délos maternelle, Apollon
deserit ac Delum maternam inuisit Apollo,
[145] reforme les rondes, et mêlés autour des autels,
145 instauratque choros, mixtique altaria circum
Crétois et Dryopes font grand bruit, et Agathyrses bariolés,
Cretesque Dryopesque fremunt pictique Agathyrsi ;
lui sur les crêtes du Cynthe va, et d’un souple feuillage
ipse iugis Cynthi graditur, mollique fluentem
enserre et sculpte son ondulante chevelure, et l’entrelace d’or,
fronde premit crinem fingens atque implicat auro ;
les flèches tintent sur ses épaules, de la moindre faiblesse plus que lui dépourvu allait
tela sonant umeris : haud illo segnior ibat
[150] Énée, la même immense noblesse brille sur son beau visage.
150 Aeneas ; tantum egregio decus enitet ore.
Après être parvenu sur la hauteur des montagnes, à des repaires impraticables,
Postquam altos uentum in montis atque inuia lustra,
voici les chèvres sauvages, délogées de la pointe d’un rocher,
ecce ferae, saxi deiectae uertice, caprae
qui se mirent à dévaler les crêtes. De l’autre côté à découvert
decurrere iugis ; alia de parte patentis
des cerfs traversent en courant la vallée, regroupés
transmittunt cursu campos atque agmina cerui
[155] dans la fuite en une harde poudreuse, et laissent derrière eux les montagnes.
155 puluerulenta fuga glomerant montisque relinquunt.
Et c’est l’enfant Ascagne parmi ces vallons avec sa fougueuse
At puer Ascanius mediis in uallibus acri
monture qui est heureux. Il fait la course et dépasse l’un et puis un autre,
gaudet equo, iamque hos cursu, iam praeterit illos,
et qu’on lui donne, écumant au milieu de ce bétail mou, de ses vœux
spumantemque dari pecora inter inertia uotis
il l’appelle, un sanglier, ou qu’un lion fauve descende de la montagne.
optat aprum, aut fuluum descendere monte leonem.
Messages
1. Virgile, Énéide IV v. 129-159 | Chasse royale, 21 février 2014, 22:22, par Dominique Hasselmann
On n’aimerait pas y perdre sa place.
1. Virgile, Énéide IV v. 129-159 | Chasse royale, 21 février 2014, 22:45, par Danielle Carlès
Il y a ce contraste - évident - avec l’image de la biche blessée, plus haut : ici l’apparat du cortège, le déploiement de richesses et de force, là-bas le désarroi, et dans les deux rôles, simultanément, Didon.
Merci du passage, Dominique.