Accueil > Traductions > Latin > Virgile > Enéide > Enéide Livre III > Virgile, Énéide III v. 521-550 | L’Italie !

Virgile, Énéide III v. 521-550 | L’Italie !

mardi 19 novembre 2013, par Danielle Carlès

Et déjà les étoiles dans le rougeoiement de l’Aurore fuyaient,

quand loin devant nous voyons les collines obscures et la faible élévation

de l’Italie. « L’Italie ! » est le premier à s’exclamer Achate,

« L’Italie ! » saluent les compagnons, dans une clameur joyeuse.

[525] Alors mon père Anchise habilla un grand cratère

d’une couronne, il le remplit de vin pur et invoqua les dieux,

debout sur la haute poupe :

« Dieux de la mer et de la terre, ayant pouvoir sur l’état du temps,

faites que le vent nous facilite la route et soufflez favorablement ! »

[530] Les brises désirées se lèvent et un port se découvre,

de plus en plus proche, tandis qu’apparaît sur une hauteur un temple de Minerve.

Les équipages ramènent les voiles et tournent les proues vers le rivage.

Le port incurvé en arc est à l’abri de la houle de l’Eurus,

les roches qui font obstacle moussent, arrosées d’eau salée.

[535] le port lui-même est caché. Un double mur descend, deux bras prolongeant

des rochers en forme de tour et le temple loin du rivage trouve refuge.

Là je vis, premier signe de rencontre, quatre chevaux dans l’herbe,

broutant au large la campagne, d’une blancheur de neige.

Et mon père Anchise : « C’est la guerre, ô terre hôte, que tu portes,

[540] pour la guerre on arme les chevaux, de la guerre nous menacent ces animaux.

Mais par ailleurs depuis longtemps ils ont pris l’habitude d’aller sous l’attelage,

ces coureurs de galop, et d’accepter sous le joug le frein en bonne entente,

espoir de paix aussi », dit-il. Alors nous prions l’inviolable divinité

de Pallas aux armes sonores, qui la première reçut nos cris de triomphe,

[545] et devant les autels nous couvrons nos têtes d’un voile phrygien,

puis selon la prescription d’Hélénus, donnée comme la plus importante, en bonne forme

nous faisons brûler pour Junon Argienne les marques d’honneur recommandées.

Sans retard, aussitôt nos vœux accomplis en règle,

nous orientons les antennes de nos voiles enverguées

[550] et nous abandonnons les maisons et les champs des Grecs où le danger se pressent.


Lecture avec le texte latin

Et déjà les étoiles dans le rougeoiement de l’Aurore fuyaient,

Iamque rubescebat stellis Aurora fugatis,

quand loin devant nous voyons les collines obscures et la faible élévation

cum procul obscuros collis humilemque uidemus

de l’Italie. « L’Italie ! » est le premier à s’exclamer Achate,

Italiam. ’’Italiam’’ primus conclamat Achates,

« L’Italie ! » saluent les compagnons, dans une clameur joyeuse.

’’Italiam’’ laeto socii clamore salutant.

[525] Alors mon père Anchise habilla un grand cratère

525 Tum pater Anchises magnum cratera corona

d’une couronne, il le remplit de vin pur et invoqua les dieux,

induit, impleuitque mero, diuosque uocauit

debout sur la haute poupe :

stans celsa in puppi :

« Dieux de la mer et de la terre, ayant pouvoir sur l’état du temps,

’Di maris et terrae tempestatumque potentes,

faites que le vent nous facilite la route et soufflez favorablement ! »

ferte uiam uento facilem et spirate secundi.’

[530] Les brises désirées se lèvent et un port se découvre,

530 Crebrescunt optatae aurae portusque patescit

de plus en plus proche, tandis qu’apparaît sur une hauteur un temple de Minerve.

iam propior, templumque adparet in arce Mineruae.

Les équipages ramènent les voiles et tournent les proues vers le rivage.

Vela legunt socii et proras ad litora torquent.

Le port incurvé en arc est à l’abri de la houle de l’Eurus,

Portus ab Euroo fluctu curuatus in arcum,

les roches qui font obstacle moussent, arrosées d’eau salée.

obiectae salsa spumant aspargine cautes ;

[535] le port lui-même est caché. Un double mur descend, deux bras prolongeant

535 ipse latet ; gemino demittunt bracchia muro

des rochers en forme de tour et le temple loin du rivage trouve refuge.

turriti scopuli, refugitque ab litore templum.

Là je vis, premier signe de rencontre, quatre chevaux dans l’herbe,

Quattuor hic, primum omen, equos in gramine uidi

broutant au large la campagne, d’une blancheur de neige.

tondentis campum late, candore niuali.

Et mon père Anchise : « C’est la guerre, ô terre hôte, que tu portes,

Et pater Anchises : ’Bellum, O terra hospita, portas

[540] pour la guerre on arme les chevaux, de la guerre nous menacent ces animaux.

540 bello armantur equi, bellum haec armenta minantur.

Mais par ailleurs depuis longtemps ils ont pris l’habitude d’aller sous l’attelage,

Sed tamen idem olim curru succedere sueti

ces coureurs de galop, et d’accepter sous le joug le frein en bonne entente,

quadrupedes, et frena iugo concordia ferre ;

espoir de paix aussi », dit-il. Alors nous prions l’inviolable divinité

spes et pacis’ ait. Tum numina sancta precamur

de Pallas aux armes sonores, qui la première reçut nos cris de triomphe,

Palladis armisonae, quae prima accepit ouantis,

[545] et devant les autels nous couvrons nos têtes d’un voile phrygien,

545 et capita ante aras Phrygio uelamur amictu ;

puis selon la prescription d’Hélénus, donnée comme la plus importante, en bonne forme

praeceptisque Heleni, dederat quae maxima, rite

nous faisons brûler pour Junon Argienne les marques d’honneur recommandées.

Iunoni Argiuae iussos adolemus honores.

Sans retard, aussitôt nos vœux accomplis en règle,

Haud mora, continuo perfectis ordine uotis,

nous orientons les antennes de nos voiles enverguées

cornua uelatarum obuertimus antemnarum,

[550] et nous abandonnons les maisons et les champs des Grecs où le danger se pressent.

550 Graiugenumque domos suspectaque linquimus arua.

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.