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Virgile, Énéide III v. 492-505 | Les adieux d’Énée

mardi 12 novembre 2013, par Danielle Carlès

Je leur disais, moi, en partant, avec des larmes qui me venaient,

« Vivez heureux, vous qui avez déjà votre fortune faite,

nous, nous sommes invités à aller d’un oracle à un autre.

[495] À vous la paix est acquise. Il ne vous faut pas labourer la plaine marine,

et les champs d’Ausonie qui toujours reculent devant nous, il ne vous faut pas

les chercher. Vous avez sous les yeux une copie du Xanthe et une Troie

que vos propres mains ont construite, et, je le souhaite, sous de meilleurs

auspices, et qu’elle sera moins en butte aux Grecs.

[500] Si un jour dans le Thybre et dans les champs voisins du Thybre

je pénètre, et que je vois les remparts destinés à mon nom,

alors de nos villes liées par le sang et de nos peuples proches parents,

en Épire, en Hespérie, qui eurent même auteur, Dardanus,

et même sort, de l’une et l’autre nous ne ferons qu’une seule

[505] Troie par le cœur. Que persiste un tel soin en nos arrières petits-enfants ! »


Lecture avec le texte latin

Je leur disais, moi, en partant, avec des larmes qui me venaient,

Hos ego digrediens lacrimis adfabar obortis :

« Vivez heureux, vous qui avez déjà votre fortune faite,

’Viuite felices, quibus est fortuna peracta

nous, nous sommes invités à aller d’un oracle à un autre. [1]

iam sua ; nos alia ex aliis in fata uocamur.

[495] À vous la paix est acquise. Il ne vous faut pas labourer la plaine marine,

495 Vobis parta quies ; nullum maris aequor arandum,

et les champs d’Ausonie qui toujours reculent devant nous, il ne vous faut pas

arua neque Ausoniae semper cedentia retro

les chercher. Vous avez sous les yeux une copie du Xanthe et une Troie

quaerenda. Effigiem Xanthi Troiamque uidetis

que vos propres mains ont construite, et, je le souhaite, sous de meilleurs

quam uestrae fecere manus, melioribus, opto,

auspices, et qu’elle sera moins en butte aux Grecs.

auspiciis, et quae fuerit minus obuia Graiis.

[500] Si un jour dans le Thybre et dans les champs voisins du Thybre

500 Si quando Thybrim uicinaque Thybridis arua

je pénètre, et que je vois les remparts destinés à mon nom,

intraro, gentique meae data moenia cernam,

alors de nos villes liées par le sang et de nos peuples proches parents,

cognatas urbes olim populosque propinquos,

en Épire, en Hespérie, qui eurent même auteur, Dardanus,

Epiro, Hesperia [2], quibus idem Dardanus auctor

et même sort, de l’une et l’autre nous ne ferons qu’une seule

atque idem casus, unam faciemus utramque

[505] Troie par le cœur. Que persiste un tel soin en nos arrières petits-enfants ! »

505 Troiam animis ; maneat nostros ea cura nepotes.’


[1Le terme fata désigne également un « oracle », sens qui paraît ici bien plus approprié que celui de « destin ».

[2J’adopte la leçon Hesperia vs Hesperiam (C.U.F.), dans la mesure où l’accusatif me semble impossible à justifier syntaxiquement.

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