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Horace, Odes III 4 | Calliope

mardi 17 septembre 2013, par Danielle Carlès

Descends du ciel et chante, allons, chante au son de la flûte,
reine, chante, Calliope, un long poème,
si tu préfères maintenant, de ta voix aiguë,
ou sur la lyre, sur la cithare de Phébus.
 
Entendez-vous ? Ou suis-je le jouet d’une adorable
folie ? Je l’entends et je crois me promener
parmi un bois sacré, délicieusement
traversé d’eaux courantes et de souffles légers.
 
Moi, comme dans la légende, sur le Vultur apulien,
mais hors des limites de mon Apulie, ma nourrice,
un jour que j’étais épuisé de jeu et de sommeil,
de feuillages nouveaux des colombes ont couvert
 
l’enfant que j’étais, merveille pour tous ceux
qui habitaient le nid de la haute Acherontie,
les gorges de Bantia et les grasses
terres de labour de l’humble Forente
 
de me voir dormir, toute ma personne protégée des noires vipères
et des ours, de voir sur moi une couverture sacrée
de laurier et de myrte emmêlés,
petit enfant sans parole, sans force sinon grâce aux dieux.
 
Vôtre, Camènes, je suis vôtre, quand sur les monts abrupts
de Sabine je m’élève, à moins que ne me plaisent
la fraîcheur de Préneste, Tibur en pente douce
ou la limpidité de Baïes.
 
Ami de vos sources et de vos danses,
ni la déroute de l’armée à Philippes,
ni l’arbre de mauvais sort ne m’ont détruit
ni la vague sicilienne devant Palinure.
 
Du moment que vous serez avec moi, je veux bien
être marin, affronter la colère du Bosphore,
ou les sables brûlants
du rivage assyrien, devenu explorateur,
 
j’irai voir les Bretons farouches et inhospitaliers,
les Concaniens engraissés au sang de cheval,
j’irai voir les Gélons armés du carquois,
et le fleuve scythique, inviolable.
 
Vous offrez au grand César, dès qu’il a renvoyé ses cohortes
fatiguées du service dans leurs quartiers d’hiver
et veut en finir avec les soucis,
une récréation sous la grotte du Piéros.
 
Vous êtes conseillères de la douceur et heureuses
de le faire, Bienveillantes. Nous savons comment les impies,
les Titans, cette horde monstrueuse,
de sa foudre prête à tomber les frappa
 
celui qui gouverne la terre engourdie, gouverne la mer
grosse de vent, qui tient les villes et le triste royaume,
les foules divines et mortelles
en son unique et juste pouvoir.
 
Elle avait inspiré une grande frayeur à Jupiter,
cette jeunesse téméraire hérissée de bras,
ces frères qui cherchaient à mettre
le Pélion par-dessus l’Olympe mystérieux.
 
Mais que pouvait Typhée et la violence de Mimas,
que pouvait Porphyrion et son allure menaçante,
ou Rhétus ou, lançant des troncs arrachés
comme on fait d’un javelot, l’audacieux Encélade,
 
face à l’égide retentissante de Pallas
contre qui ils se précipitaient ? D’un côté se tenait le dévorant
Vulcain, de l’autre notre Dame, Junon et
celui qui jamais ne dépose l’arc de ses épaules,
 
qui lave à l’eau pure de Castalie
ses cheveux défaits, qui habite les futaies
de Lycie et sa forêt natale,
 
La puissance privée de réflexion s’écroule de son propre poids,
la puissance raisonnée, les dieux eux-mêmes aident à son progrès
toujours plus grand, mais ils haïssent la force
qui ne sait que pousser l’âme aux actes interdits.
 
Témoin de mes affirmations, le Géant aux cent bras,
et l’on connaît aussi l’histoire d’Orion,
agresseur de Diane, la déesse pure,
et terrassé par une flèche de la vierge.
 
La Terre avec douleur recouvre ses propres monstres,
elle pleure ses enfants précipités par la foudre
chez Orcus le blafard, et nulle flamme vive
ne vient à bout de l’Etna qui pèse sur eux,
 
et jamais ne délaisse le foie de Tityos le débauché
l’oiseau commis à la garde de sa scélératesse.
L’adultère Pirithoüs, trois cent
chaînes le retiennent prisonnier.

Lecture avec le texte latin

Descends du ciel et chante, allons, chante au son de la flûte,

[3,04,1] Descende caelo et dic age tibia

reine, chante, Calliope, un long poème,

regina longum Calliope melos,

si tu préfères maintenant, de ta voix aiguë,

seu uoce nunc mauis acuta

ou sur la lyre, sur la cithare de Phébus.

seu fidibus citharaue Phoebi.

Entendez-vous ? Ou suis-je le jouet d’une adorable

[3,04,5] Auditis ? An me ludit amabilis

folie ? Je l’entends et je crois me promener

insania ? Audire et uideor pios

parmi un bois sacré, délicieusement

errare per lucos, amoenae

traversé d’eaux courantes et de souffles légers.

quos et aquae subeunt et aurae.

Moi, comme dans la légende, sur le Vultur apulien,

Me fabulosae Volture in Apulo

mais hors des limites de mon Apulie [1], ma nourrice,

[3,04,10] nutricis extra limina Apuliae

un jour que j’étais épuisé de jeu et de sommeil,

ludo fatigatumque somno

de feuillages nouveaux des colombes ont couvert

fronde noua puerum palumbes

l’enfant que j’étais, merveille pour tous ceux

texere, mirum quod foret omnibus

qui habitaient le nid de la haute Acherontie,

quicumque celsae nidum Aceruntiae

les gorges de Bantia et les grasses

[3,04,15] saltusque Bantinos et aruum

terre de labour de l’humble Forente

pingue tenent humilis Forenti,

de me voir dormir, toute ma personne protégée des noires vipères

ut tuto ab atris corpore uiperis

et des ours, de voir sur moi une couverture sacrée

dormirem et ursis, ut premerer sacra

de laurier et de myrte emmêlés,

lauroque conlataque myrto,

petit enfant sans parole, sans force sinon grâce aux dieux.

[3,04,20] non sine dis animosus infans.

Vôtre, Camènes, je suis vôtre, quand sur les monts abrupts

Vester, Camenae, uester in arduos

de Sabine je m’élève, à moins que ne me plaise

tollor Sabinos, seu mihi frigidum

la fraîcheur de Préneste, Tibur en pente douce

Praeneste seu Tibur supinum

ou la limpidité de Baïes.

seu liquidae placuere Baiae ;

Ami de vos sources et de vos danses

[3,04,25] uestris amicum fontibus et choris

ni la déroute de l’armée à Philippes,

non me Philippis uersa acies retro,

ni l’arbre de mauvais sort ne m’ont détruit

deuota non extinxit arbor

ni la vague sicilienne devant Palinure.

nec Sicula Palinurus unda.

Du moment que vous serez avec moi, je veux bien

Vtcumque mecum uos eritis, libens

être marin, affronter la colère du Bosphore,

[3,04,30] insanientem nauita Bosphorum

ou les sables brûlants

temptabo et urentis harenas

du rivage assyrien, devenu explorateur,

litoris Assyrii uiator,

j’irai voir les Bretons farouches et inhospitaliers,

uisam Britannos hospitibus feros

les Concaniens engraissés au sang de cheval,

et laetum equino sanguine Concanum,

j’irai voir les Gélons armés du carquois,

[3,04,35] uisam pharetratos Gelonos

et voir le fleuve scythique, inviolable.

et Scythicum inuiolatus amnem.

Vous offrez au grand César, dès qu’il a renvoyé ses cohortes

Vos Caesarem altum, militia simul

fatiguées du service dans leurs quartiers d’hiver

fessas cohortes abdidit oppidis,

et veut en finir avec les soucis,

finire quaerentem labores

une récréation sous la grotte du Piéros.

[3,04,40] Pierio recreatis antro ;

Vous êtes conseillères de la douceur et heureuses

uos lene consilium et datis et dato

de le faire, Bienveillantes. Nous savons comment les impies,

gaudetis, almae. Scimus ut impios

les Titans, cette horde monstrueuse,

Titanas imnanemque turbam

de sa foudre prête à tomber les frappa

fulmine sustulerit caduco,

celui qui gouverne la terre engourdie, gouverne la mer

[3,04,45] qui terram inertem, qui mare temperat

grosse de vent, qui tient les villes et le triste royaume,

uentosum et urbes regnaque tristia

les foules divines et mortelles

diuosque mortalisque turmas

en son unique et juste pouvoir.

imperio regit unus aequo.

Elle avait inspiré une grande frayeur à Jupiter,

Magnum illa terrorem intulerat Ioui

cette jeunesse téméraire hérissée de bras,

[3,04,50] fidens iuuentus horrida bracchiis

ces frères qui cherchaient à mettre

fratresque tendentes opaco

le Pélion par-dessus l’Olympe mystérieux.

Pelion imposuisse Olympo.

Mais que pouvait Typhée et la violence de Mimas,

Sed quid Typhoeus et ualidus Mimas

que pouvait Porphyrion et son allure menaçante,

aut quid minaci Porphyrion statu,

ou Rhétus ou, lançant des troncs arrachés

[3,04,55] quid Rhoetus euolsisque truncis

comme on fait d’un javelot, l’audacieux Encélade,

Enceladus iaculator audax

face à l’égide retentissante de Pallas

contra sonantem Palladis aegida

contre qui ils se précipitaient ? D’un côté se tenait le dévorant

possent ruentes ? Hinc auidus stetit

Vulcain, de l’autre notre Dame Junon et

Volcanus, hinc matrona Iuno et

celui qui jamais ne dépose l’arc de ses épaules,

[3,04,60] nunquam umeris positurus arcum,

qui lave à l’eau pure de Castalie

qui rore puro Castaliae lauit

ses cheveux défaits, qui habite les futaies

crinis solutos, qui Lyciae tenet

de Lycie et sa forêt natale,

dumeta natalemque siluam,

Apollon de Délos et de Patara.

Delius et Patareus Apollo.

La puissance privée de réflexion s’écroule de son propre poids,

[3,04,65] Vis consili expers mole ruit sua ;

la puissance raisonnée, les dieux eux-mêmes aident à son progrès

uim temperatam di quoque prouehunt

toujours plus grand, mais ils haïssent la force

in maius ; idem odere uires

qui ne sait que pousser l’âme aux actes interdits.

omne nefas animo mouentis.

Témoin de mes affirmations, le Géant aux cent bras,

Testis mearum centimanus gigas

et l’on connaît aussi l’histoire d’Orion,

[3,04,70] sententiarum, notus et integrae

agresseur de Diane, la déesse pure,

temptator Orion Dianae,

et terrassé par une flèche de la vierge.

uirginea domitus sagitta.

La Terre avec douleur recouvre ses propres monstres,

Iniecta monstris Terra dolet suis

elle pleure ses enfants précipités par la foudre

maeretque partus fulmine luridum

chez Orcus le blafard, et nulle flamme vive

[3,04,75] missos ad Orcum ; nec peredit

ne vient à bout de l’Etna qui pèse sur eux,

impositam celer ignis Aetnen,

et jamais ne délaisse le foie de Tityos le débauché

incontinentis nec Tityi iecur

l’oiseau commis à la garde de sa scélératesse.

reliquit ales, nequitiae additus

L’adultère Pirithoüs, trois cent

custos ; amatorem trecentae

chaînes le retiennent prisonnier.

[3,04,80] Pirithoum cohibent catenae.


[1Je retiens ici la leçon Apuliae et non Pulliae, que l’on suppose alors être le nom de la nourrice réelle d’Horace. Comment Horace peut-il dire à la fois qu’il est et qu’il n’est pas en Apulie ? Selon moi il faut rapprocher avec la satire II 1. Horace aime à dire qu’il est un homme sur la frontière.

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