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Virgile, Énéide II v. 469-478 | Pyrrhus

lundi 13 mai 2013, par Danielle Carlès

Juste devant l’entrée, à la première porte, Pyrrhus

[470] exulte à la lueur scintillante des armes et de l’airain,

tel un serpent au grand jour ayant fait pâture d’herbes mauvaises,

que la froidure de l’hiver tenait gonflé sous la terre à l’abri,

mais il a quitté sa dépouille et le voilà neuf et brillant de jeunesse,

et il enroule son corps luisant, relève la poitrine,

[475] dressé vers le soleil, et fait vibrer hors de sa gueule une langue triplement divisée.

Avec lui le géant Périphas et l’écuyer d’Achille, conducteur de ses chevaux,

porteur de ses armes, Automédon, avec lui tous les guerriers de Scyros

sont au pied du palais et tirent vers le toit des rafales de traits enflammés.


Lecture avec le texte latin

Juste devant l’entrée, à la première porte, Pyrrhus

Vestibulum ante ipsum primoque in limine Pyrrhus

[470] exulte à la lueur scintillante des armes et de l’airain,

470 exsultat, telis et luce coruscus aena ;

tel un serpent au grand jour ayant fait pâture d’herbes mauvaises [1],

qualis ubi in lucem coluber mala gramina pastus

la froidure de l’hiver le tenait gonflé sous la terre à l’abri,

frigida sub terra tumidum quem bruma tegebat,

mais il a quitté sa dépouille et le voilà neuf et brillant de jeunesse,

nunc, positis nouus exuuiis nitidusque iuuenta,

et il enroule son corps luisant, relève la poitrine,

lubrica conuoluit sublato pectore terga

[475] dressé vers le soleil, et fait vibrer hors de sa gueule une langue triplement divisée [2].

475 arduus ad solem, et linguis micat ore trisulcis.

Avec lui le géant Périphas et l’écuyer d’Achille, conducteur de ses chevaux,

Una ingens Periphas et equorum agitator Achillis,

porteur de ses armes, Automédon, avec lui tous les guerriers de Scyros

armiger Automedon, una omnis Scyria pubes

sont au pied du palais et tirent vers le toit des rafales de traits enflammés.

succedunt tecto, et flammas ad culmina iactant.


[1mala gramina pastus v. 471 : Honte à moi qui ne voulais pas admettre que les serpents mangeaient des herbes, quand c’est une croyance avérée de l’antiquité, reprise ici par Virgile. Voici un lien vers un article récent concernant le sujet, pour lequel je remercie vivement Lionel-Édouard Martin sans qui cette traduction et la note seraient restées inexactes.

[2linguis trisulcis v. 475 : En dépit du Gaffiot la langue du serpent n’est pas "à trois pointes", pas plus qu’il ne s’agit d’une langue "au triple dard" (J. Perret - CUF) ou d’une langue "triplement fourchue" (Itinera electronica). Mot à mot trisulcus signifie "qui comporte trois sillons", je comprends : "trois "segments". De fait, la langue du serpent "bifide" comporte DEUX pointes, mais TROIS segments, comme la lettre Y, d’où "tripartite". La traduction s’arrête finalement à "triplement divisée", mais je cherche mieux.

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