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Virgile, Énéide II v. 145-161 | Troie vaincue par des larmes

jeudi 4 avril 2013, par Danielle Carlès

[145] Ces larmes font que nous lui accordons la vie sauve, et notre pitié par surcroît.

Priam le premier ordonne de libérer l’homme de ses menottes et des liens

qui le serrent, et il lui adresse ces paroles d’amitié :

« Qui que tu sois, à partir de maintenant, puisque tu as laissé les Grecs, oublie-les,

tu seras des nôtres. Et réponds en détail à mes questions, dis toute la vérité.

[150] Dans quel but ont-ils érigé un cheval d’une telle stature démesurée ? Qui en a eu l’idée ?

Qu’en attendent-ils ? Qu’est-ce que cette offrande ? ou bien cette machine de guerre ? »

Il avait fini de parler. L’autre, pénétré des ruses et de l’artifice des Pélasges,

leva vers les astres ses mains libres de liens :

« Vous, feux éternels, vous, dont la puissance est inviolable,

je vous prends à témoin, dit-il, et vous, autels et épées abominables

que j’ai fui, vous, bandelettes des dieux que j’ai portées comme victime :

oui, il m’est permis de rompre le serment juré qui me lie aux Grecs,

oui, il m’est permis de haïr ces hommes, et de confier au souffle du vent

tout ce qu’ils pourraient cacher. Je ne suis plus tenu par aucune loi de ma patrie.

[160] Puisses-tu, toi du moins, tenir tes promesses, et une fois sauvée, conserver,

Troie, ta parole, car je vais dire la vérité, mettre dans la balance une chose de grande valeur.


Lecture avec le texte latin

[145] Ces larmes font que nous lui accordons la vie sauve, et notre pitié par surcroît.

145 His lacrimis uitam damus, et miserescimus ultro.

Priam le premier ordonne de libérer l’homme de ses menottes et des liens

Ipse uiro primus manicas atque arta leuari

qui le serrent, et il lui adresse ces paroles d’amitié :

uincla iubet Priamus, dictisque ita fatur amicis :

« Qui que tu sois, à partir de maintenant, puisque tu as laissé les Grecs, oublie-les,

’Quisquis es, amissos hinc iam obliuiscere Graios ;

tu seras des nôtres. Et réponds en détail à mes questions, dis toute la vérité.

noster eris, mihique haec edissere uera roganti :

[150] Dans quel but ont-ils érigé un cheval d’une telle stature démesurée ? Qui en a eu l’idée ?

150 Quo molem hanc immanis equi statuere ? Quis auctor ?

Qu’en attendent-ils ? Qu’est-ce que cette offrande ? ou bien cette machine de guerre ? »

Quidue petunt ? Quae religio, aut quae machina belli ?’

Il avait fini de parler. L’autre, pénétré des ruses et de l’artifice des Pélasges,

Dixerat. Ille, dolis instructus et arte Pelasga,

leva vers les astres ses mains libres de liens :

sustulit exutas uinclis ad sidera palmas :

« Vous, feux éternels, vous, dont la puissance est inviolable,

’Vos, aeterni ignes, et non uiolabile uestrum

je vous prends à témoin, dit-il, et vous, autels et épées abominables

155 testor numen’ ait ’uos arae ensesque nefandi,

que j’ai fui, vous, bandelettes des dieux que j’ai portées comme victime :

quos fugi, uittaeque deum, quas hostia gessi :

oui, il m’est permis de rompre le serment juré qui me lie aux Grecs,

fas mihi Graiorum sacrata resoluere iura,

oui, il m’est permis de haïr ces hommes, et de confier au souffle du vent

fas odisse uiros, atque omnia ferre sub auras,

tout ce qu’ils pourraient cacher. Je ne suis plus tenu par aucune loi de ma patrie.

si qua tegunt ; teneor patriae nec legibus ullis.

[160] Puisses-tu, toi du moins, tenir tes promesses, et une fois sauvée, conserver,

160 Tu modo promissis maneas, seruataque serues

Troie, ta parole, car je vais dire la vérité, mettre dans la balance une chose de grande valeur.

Troia fidem, si uera feram, si magna rependam.

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