Accueil > Traductions > Latin > Horace > Odes > Odes II > Horace, Odes II 18 | Ni l’ivoire ni l’or

Horace, Odes II 18 | Ni l’ivoire ni l’or

samedi 16 mars 2013, par Danielle Carlès


ni l’ivoire ni l’or d’un
plafond à caissons ne brillent dans ma maison
des poutres de l’Hymette
ne couvrent pas des colonnes taillées au fond
de l’Afrique et d’Attale
héritier ignoré je ne vis pas dans son palais
et de nobles clientes ne
tissent pas pour moi des pourpres laconiennes
mais fidèle et du talent
en moi à veines généreuses pauvre le riche me
brigue pour rien de plus
je ne harcèle les dieux ni à mon puissant ami
ne réclame d’autres dons
heureux tout à fait de mon seul domaine sabin
un jour bouscule l’autre
les lunes nouvelles une à une vont s’éteindre
toi tu payes des marbres
à tailler au bord de mourir oubliant la tombe
tu construis des maisons
et la mer trop bruyante à Baïes tu te presses
d’en repousser le rivage
trop peu riche avec la terre touchant au bord
et que dire tu ôtes sans
arrêt les bornes des champs attenants oui ton
avarice enjambe même les
limites de tes clients on les expulse portant
les dieux familiaux dans
un pli de toge femme mari et enfants crasseux
or aucun palais n’attend
plus sûrement un riche seigneur que le palais
du rapace Orcus à la fin
déjà décidée pourquoi toujours plus à égalité
la terre s’ouvre pour le
pauvre et les fils de roi et le garde d’Orcus
ne remmena pas Prométhée
le rusé par attrait de l’or il tient enfermés
l’orgueilleux Tantale et
la postérité de Tantale il soulage les peines
du pauvre arrivé au bout
invoqué ou non invoqué il en exauce la prière

Lecture avec le texte latin

ni l’ivoire ni l’or d’un

[2,18,1] Non ebur neque aureum

plafond à caissons ne brillent dans ma maison

mea renidet in domo lacunar ;

des poutres de l’Hymette

non trabes Hymettiae

ne couvrent pas des colonnes taillées au fond

premunt columnas ultima recisas

de l’Afrique et d’Attale

[2,18,5] Africa, neque Attali

héritier ignoré je ne vis pas dans son palais

ignotus heres regiam occupaui,

et de nobles clientes ne

nec Laconicas mihi

tissent pas pour moi des pourpres laconiennes

trahunt honestae purpuras clientae.

mais fidèle et du talent

At fides et ingeni

en moi à veines généreuses pauvre le riche me

[2,18,10] benigna uena est pauperemque diues

brigue pour rien de plus

me petit ; nihil supra

je ne harcèle les dieux ni à mon puissant ami

deos lacesso nec potentem amicum

ne réclame d’autres dons

largiora flagito,

heureux tout à fait de mon seul domaine sabin

satis beatus unicis Sabinis.

un jour bouscule l’autre

[2,18,15] Truditur dies die

les lunes nouvelles une à une vont s’éteindre

nouaeque pergunt interire lunae ;

toi tu payes des marbres

tu secanda marmora

à tailler au bord de mourir oubliant la tombe

locas sub ipsum funus et sepulcri

tu construis des maisons

inmemor struis domos

et la mer trop bruyante à Baïes tu te presses

[2,18,20] marisque Bais obstrepentis urges

d’en repousser le rivage

summouere litora,

trop peu riche avec la terre touchant au bord

parum locuples continente ripa.

et que dire tu ôtes sans

Quid quod usque proximos

arrêt les bornes des champs attenants oui ton

reuellis agri terminos et ultra

avarice enjambe même les

[2,18,25] limites clientium

limites de tes clients on les expulse portant

salis auarus ? Pellitur paternos

les dieux familiaux dans

in sinu ferens deos

un pli de toge femme mari et enfants crasseux

et uxor et uir sordidosque natos.

or aucun palais n’attend

Nulla certior tamen

plus sûrement un riche seigneur que le palais

[2,18,30] rapacis Orci fine destinata

du rapace Orcus à la fin

aula diuitem manet

déjà décidée pourquoi toujours plus à égalité

erum. Quid ultra tendis ? Aequa tellus

la terre s’ouvre pour le

pauperi recluditur

pauvre et les fils de roi et le garde d’Orcus

regumque pueris, nec satelles Orci

ne remmena pas Prométhée

[2,18,35] callidum Promethea

le rusé par attrait de l’or il tient enfermés

reuexit auro captus. Hic superbum

l’orgueilleux Tantale et

Tantalum atque Tantali

la postérité de Tantale il soulage les peines

genus coercet, hic leuare functum

du pauvre arrivé au bout

pauperem laboribus

invoqué ou non invoqué il en exauce la prière

[2,18,40] uocatus atque non uocatus audit.


Distiques utilisés uniquement pour cette ode :

aristophanien ou petit sapphique

sapphique de quinze syllabes ou sapphique majeur

— ∪ ∪ — ∪ — ∪

— ∪ — — — || ∪ ∪ — — ∪ ∪ — ∪ — ∪

Transposés en vers justifiés 24 + 45 caractères espaces comprises.

Messages

  • Très belle traduction, merci !
    J’avoue ne pas comprendre les indications métriques... A bientôt, ici ou sur FB.

    • J’avoue qu’elles sont là surtout pour moi, pour le jour où je vais reprendre tout ça et mettre de l’ordre dans mes choix :) Là j’étais dans une période d’expérimentation en "vers justifiés" et il n’y a aucun rapport précis entre le nombre de caractères et les mètres utilisés par Horace, si ce n’est de respecter un vers plus long et un autre court pour le distique.
      Le "petit sapphique", le vers le plus court comporte sept syllabes avec une succession réglée de syllabes longues et brèves (en gros un dactyle et deux trochées, avec substitution possible d’un spondée à la dernière mesure). C’est le même vers qui conclue les strophes "sapphiques", ici augmenté d’un trochée.
      Le "grand sapphique" est de quinze syllabes, avec une césure entre la cinquième syllabe (longue) et la sixième (brève). Jusqu’à la césure le vers est identique au sapphique des strophes du même nom, tandis que la deuxième partie est augmentée de quatre syllabes (deux longues suivies de deux brèves).
      Et un grand merci pour la lecture et le commentaire.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.