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Horace, Épodes 3 | Ça brûle !

lundi 16 juillet 2012, par Danielle Carlès

Si quelqu’un quelque jour d’une main impie brise
le cou de son vieillard de père,
qu’il mange de l’ail, plus funeste que la ciguë !
Ô ventres durs des moissonneurs !
Quel est ce poison qui sévit dans mes entrailles ?
Du sang de vipère a-t-il cuit
dans ces herbes à mon insu ? Canidia a-t-elle
mis la main à ce mets infâme ?
Radieux, le chef éclipsait tous les Argonautes.
Médée éblouie, quand il dut
mettre aux taureaux le joug inconnu, avec ça,
oui, frotta Jason, imprégna
de ça les dons pour sa rivale avant de fuir,
vengée, sur les serpents ailés.
Jamais des astres une telle chaleur ne vint
saisir l’Apulie assoiffée,
le cadeau sur les épaules du fort Hercule
n’alluma pas si grandes flammes.
Ah, si un jour pareil désir te prend, voici,
Mécène, ô farceur, ma prière :
que ta maîtresse oppose sa main au baiser
et dorme à l’autre bord du lit.

Lecture avec le texte latin

Si quelqu’un quelque jour d’une main impie brise

Parentis olim siquis impia manu

le cou de son vieillard de père,

senile guttur fregerit,

qu’il mange de l’ail, plus funeste que la ciguë !

edit cicutis alium nocentius !

Ô ventres durs des moissonneurs !

O dura messorum ilia !

Quel est ce poison qui sévit dans mes entrailles ?

Quid hoc ueneni sæuit in præcordiis ? 5

Du sang de vipère a-t-il cuit

num uiperinus his cruor

dans ces herbes à mon insu ? Canidia a-t-elle

incoctus herbis me fefellit ? an malas

mis la main à ce mets infâme ?

Canidia tractauit dapes ?

Radieux, le chef éclipsait tous les Argonautes.

Vt Argonautas præter omnis candidum

Médée éblouie, quand il dut

Medea mirata est ducem, 10

mettre aux taureaux le joug inconnu, avec ça,

ignota tauris illigaturum iuga

oui, frotta Jason, imprégna

perunxit hoc Iasonem,

de ça les dons pour sa rivale avant de fuir,

hoc delibutis ulta donis pælicem

vengée, sur les serpents ailés.

serpente fugit alite.

Jamais des astres une telle chaleur ne vint

Nec tantus unquam siderum insedit uapor 15

saisir l’Apulie assoiffée,

siticulosæ Apuliæ,

le cadeau sur les épaules du fort Hercule

nec munus umeris efficacis Herculis

n’alluma pas si grandes flammes.

inarsit æstuosius.

Ah, si un jour pareil désir te prend, voici,

At siquid umquam tale concupiueris,

Mécène, ô farceur, ma prière :

iocose Mæcenas, precor 20

que ta maîtresse oppose sa main au baiser

manum puella sauio opponat tuo

et dorme à l’autre bord du lit.

extrema et in sponda cubet.


Donc, oui, vous avez bien lu (si vous avez lu) d’Horace, en sénaires ïambiques et quaternaires ïambiques, un poème sur l’ail et ses désagréments, qui plus est apparemment lié à une farce que Mécène lui aurait faite. On approche de près l’intimité des grands.

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