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Horace, Odes II 4 | Celui qui aime une servante

mardi 22 janvier 2013, par Danielle Carlès

Tu n’as pas à rougir d’aimer une servante,
Xanthias de Phocide. Jadis, si fier qu’il fût,
l’esclave Briséis avec son teint de neige
émut le cœur d’Achille,
 
émut celui d’Ajax fils de Télamon la
beauté de Tecmesse, captive et lui son maître.
L’Atride s’enflamma au milieu du triomphe
pour la vierge enlevée
 
après la défaite des escadrons barbares
sous le vainqueur Thessalien, quand la fin d’Hector
facilita la chute et malgré leur fatigue
aux Grecs livra Pergame.
 
Et qu’en sais-tu si elle n’aurait pas de riches
parents, ta blonde Phyllis, qui t’honorent comme
gendre. Elle pleure une famille royale, oui,
et d’injustes Pénates.
 
Sois sûr que si tu l’as choisie ce n’est pas une
coquine des bas-fonds ! Tant de fidélité,
si peu d’esprit de lucre n’auraient pas pu naître
d’une mère sordide.
 
Je loue ses bras, son visage et ses mollets ronds
comme un juge impartial : ne va pas soupçonner
un homme pour qui le temps trépidant vient de
clore un huitième lustre !

Lecture avec le texte latin

Tu n’as pas à rougir d’aimer une servante,

[2,04,1] Ne sit ancillae tibi amor pudori,

Xanthias de Phocide. Jadis, si fier qu’il fût,

Xanthia Phoceu : prius insolentem

l’esclave Briséis avec son teint de neige

serua Briseis niueo colore

émut le cœur d’Achille,

mouit Anchillem ;

émut celui d’Ajax fils de Télamon la

[2,04,5] mouit Aiacem Telamone natum

beauté de Tecmesse, captive et lui son maître.

forma captiuae dominum Tecmessae ;

L’Atride s’enflamma au milieu du triomphe

arsit Atrides medio in triumpho

pour la vierge enlevée [1]

uirgine rapta,

après la défaite des escadrons barbares

barbarae postquam cecidere turmae

sous le vainqueur Thessalien, quand la fin d’Hector

[2,04,10] Thessalo uictore et ademptus Hector

facilita la chute et malgré leur fatigue

tradidit fessis leuiora tolli

aux Grecs livra Pergame.

Pergama Grais.

Et qu’en sais-tu si elle n’aurait pas de riches

Nescias an te generum beati

parents, ta blonde Phyllis, qui t’honorent comme

Phyllidis flauae decorent parentes ;

gendre. Elle pleure une famille royale, oui,

[2,04,15] regium certe genus et penatis

et d’injustes Pénates [2].

maeret iniquos.

Sois sûr que si tu l’as choisie ce n’est pas une

Crede non illam tibi de scelesta

coquine des bas-fonds ! Tant de fidélité,

plebe delectam, neque sic fidelem,

si peu d’esprit de lucre n’auraient pas pu naître

sic lucro auersam potuisse nasci

d’une mère sordide.

[2,04,20] matre pudenda.

Je loue ses bras, son visage et ses mollets ronds

Bracchia et uoltum teretisque suras

comme un juge impartial : ne va pas soupçonner

integer laudo : fuge suspicari

un homme pour qui le temps trépidant vient de

cuius octauum trepidauit aetas

clore un huitième lustre [3] !

claudere lustrum.


L’ode est composée en strophes sapphiques : trois vers de onze syllabes et un adonique de cinq syllabes. La strophe est transposée en trois alexandrins et un vers de six syllabes. On a beau préférer l’impair, c’est le pair qui s’est imposé.


[1Il s’agit de Cassandre et d’Agamemnon (l’Atride).

[2Un scénario typique de la comédie.

[3Un lustre est une période de cinq ans : Horace vient d’avoir 40 ans.

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